En cette fin d’hiver, le 1er Régiment d’Hélicoptère de Combat (1er RHC) prépare activement son futur déploiement au Mali, prévu pour mi-avril. Cette préparation passe notamment par des déploiements ponctuels en métropole, sur des zones d’entraînement dédiées voire des aéroclubs. Profitant d’une proximité géographique avec la base de Phalsbourg et d’un cadre adapté, l’aéroclub de St Dié – Remomeix (voir notre article du 05/07/2019) a ainsi accueilli les 9 et 10 mars derniers une dizaine d’hélicoptères de combat.
Présentation du 1er RHC
Reprenant les traditions du 1er puis 21e groupe aérien d’observation d’artillerie (distingué notamment en Indochine), le 1er Régiment d’Hélicoptères de Combat de l’ALAT (Aviation Légère de l’Armée de Terre) voit le jour le 1er août 1977. Basé sur le quartier “La Horie” à Phalsbourg (ancienne base aérienne de Phalsbourg-Boursheid utilisée par l’USAFE jusqu’en 1967), son rôle consiste en la projection de détachements héliportés, avec une capacité de feu élevée.
Il est en mesure de déployer des hélicoptères de combat de nouvelle génération sur le territoire national comme à l’étranger. Ses missions, générales ou d’aéro-combat, vont de la patrouille à celui du groupement tactique interarmes, et peuvent se traduire par les actions suivantes :
- appui-feu
- reconnaissance
- héliportage de troupes au contact
- évacuation médicale
- évacuation de ressortissants
Présent au Mali depuis 2013, le 1er RHC met en avant sa force principale : être capable de manœuvrer avec 10 appareils en même temps sur des distances plus ou moins longues.

Des Tigre et des Caïman, parqués comme sur une base projetée opérationnelle.
Actuellement, le 1er RHC dispose des équipements suivants :
- 18 hélicoptères Caïmans NH90
- 12 hélicoptères Tigre HAD
- 9 hélicoptères Gazelle
- 1 centre de simulation comprenant 4 simulateurs
- 1 radar mobile équipé du système polyvalent d’atterrissage de recueil de télécommunication et de l’identification de l’altitude (SPARTIATE)
- 1 peloton cynotechnique comprenant 16 chiens
- 1 tour de contrôle mise en oeuvre par le peloton contrôle (20 contrôleurs aériens)
- 1 peloton de sécurité incendie et sauvetage (PSIS) doté de 2 véhicules d’intervention polyvalent (VIP) et de 4 véhicules incendie mousse (VIM)
- des véhicules de protection de reconnaissance et d’aide au déploiement

Installation du 1er RHC sur le site de l’aéroclub “René Fonck” de St Dié – Remomeix
Présentation du contexte
Le 1er RHC doit repartir au Mali à partir de la mi-avril, pour une durée de 3 mois. Pour se faire, les équipages suivent un entraînement rigoureux afin d’être parfaitement opérationnels une fois sur place. Cet entraînement passe cette année par la réquisition de l’aéroclub de St Dié – Remomeix.
Certes, la configuration du terrain vosgien ne ressemble pas à celle de Gao, mais l’environnement permet des exercices grandeur nature. L’espace mis à disposition permet ainsi le déploiement de 10 hélicoptères (4 Caïman, 4 Tigre et 2 Gazelle), assistés de tous ceux sans qui un tel équipement ne saurait être opérationnel à 100%. Ainsi, un détachement d’une centaine de militaire est nécessaire pour un tel déploiement.
Sur place, un Pilatus PC-6 de l’ETCM (Escadrille de Transport et de Convoyage du Matériel) sert d’assistance. Ce dernier permet notamment le convoyage de pièces de rechange pour les hélicoptères. Mais il peut également réaliser des largages au profit d’unités parachutistes et du transport d’autorités.

Le Pilatus PC-6 de l’ETCM. Ses qualités de décollage court sont impressionnantes !
Bien que théoriquement fermé au public, le site a été exceptionnellement ouvert aux membres de l’aéroclub pour une visite guidée et une présentation au sol des hélicoptères. Ce faisant, nous étions en bonne place pour observer les rotations réalisées par les hélicoptères.

Retour de mission pour 2 Caïman NH 90…

… suivis de leur Tigre HAD d’escorte.

Après s’être aligné sur la piste 25, chacun se pose sur son emplacement délimité… par des bouteilles d’eau vide fichées dans le sol !
Ces derniers manœuvraient régulièrement pour aller déposer ou récupérer des commandos (provenant de Valdahon) disséminées dans les massifs environnants. Bien entendu, le détail des missions ne nous a pas été révélé. Mais nous pouvons facilement imaginer qu’il y avait des groupes ami et ennemi, avec mise en situation opérationnelle de dépose / récupération de soldats en infiltration ou en territoire hostile.

Embarquement des commandos dans les 4 NH90 Caïman, pour un départ en mission quelque part dans les massifs environnants.

Une fois l’embarquement achevé, tout s’accélère…

Paré au départ !

Les Caïman partent en mission.
Des échanges très intéressants
En dehors de la chance de pouvoir observer dans leur élément autant d’hélicoptères de combat, le grand intérêt de cette invitation a été de pouvoir échanger avec les personnels navigants. Pilotes, chefs de mission, etc. étaient à notre disposition pour la présentation des machines, de leurs capacités, de leur emploi. Tout cela change grandement des cadres formatés visibles en meeting ou salon.

Mise en place des protections des bouts de pales de rotor sur un Tigre HAD.
Selon la disponibilité des navigants, une présentation au sol était possible. Tout le monde y trouvait son compte, que la discussion aille sur la technique, les procédures d’emploi, voire même un échange de souvenirs avec des anciens ! Les équipements nous ont été décrits et localisés, avec explications sur leur fonctionnement. Nous avons même eu une démonstration de déploiement de la mitrailleuse de sabord du Caïman.

Gros plan sur l’avant du Caïman, avec sa caméra thermique, son radar, ses détecteurs départ-missiles, etc.
Quelques détails sont particulièrement intéressants à découvrir. Par exemple, un pilote de Caïman nous confiait que beaucoup d’entraînements se réalisaient dans les Pyrénées, au départ de la base de Pau (siège du 5e RHC). Ces missions en altitude permettent de simuler, de par la densité de l’air ambiant, une utilisation par temps chaud.

La Gazelle “Viviane” anti-char, vaillante malgré son âge !
Quelques membres et machines du 5e RHC étaient également présents. Cette présence s’expliquent par plusieurs points :
- les tensions générées par les OPEX sur la disponibilité des machines en métropole peuvent imposer de mixer les parcs aériens des différents régiments
- le partage / retour d’expérience. Ainsi, bien que chaque RHC puisse avoir sa propre spécialité, une inter-opérabilité poussée sera toujours disponible
Enfin, les échanges furent également intéressants pour comparer les domaines d’emploi respectifs selon les nations. Le Tigre vole par exemple dans d’autres pays, et dernièrement certaines rumeurs faisaient état de la volonté allemande de s’en séparer… Aucun risque en France, où la machine est reconnue et appréciée pour ses qualités !
Une belle opportunité
2 heures passent vite, avec autant de choses à voir qu’à écouter. Les Tigre ont été parqués pour la nuit tandis que les Caïman repartaient en groupe déposer leurs troupes. Encore une journée à entendre le vrombissement des turbines, puis ces hélicoptères iront rejoindre une autre zone d’entraînement. Objectif Barkhane en courte finale !