C’est à l’occasion du weekend des 13 et 14 juillet derniers, que la 27e édition des Flying Legends de Duxford nous a offert un spectacle des plus enivrants. Je vous ai très largement commenté et documenté cette célèbre fête aérienne dans mon précédent article du 24 juillet dernier. La densité d’un tel spectacle aérien est si grande qu’il est impossible d’être exhaustif dans le rédactionnel que je vous en avais fait cet été. Le passionné que je suis ne pouvant se résoudre à la seule transcription de l’événement, je vais tenter ici de compléter mon article en abordant un aspect important, voire primordial du meeting, l’histoire des acteurs qui en ont fait son succès.
Présentation générale des warbirds
Comme je l’écrivais dans mon article du 24 juillet dernier, « …Ces avions de collection ont tous une histoire particulière, qu’elle soit triste, rocambolesque ou pleine de gloire. Il faut se rappeler que ces avions sont anciens (…), et qu’à l’échelle du temps humain, ils auraient bien des choses à nous raconter. ».
Les informations les concernant sont parfois parcellaires, mais il faut se rappeler que lors de leur démobilisation, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et dans les années qui suivirent, les progrès aéronautiques furent tels que pour beaucoup, ces avions tombèrent vite dans les oubliettes de l’histoire. Nous étions pris au piège des avancées technologiques, « plus haut, plus vite, plus puissant »… Il faudra quelques dizaines d’années, et surtout la passion de quelques irréductibles, pour nous rappeler l’extraordinaire histoire de ces mécaniques de précision, ces œuvres d’art d’avant l’époque des réacteurs et de l’électronique.
L’article qui va suivre n’a pas la prétention d’apporter des éléments nouveaux sur ces avions, mais de vous présenter pour chacun d’eux un rapide descriptif historique. Pour compléter ce travail, et de manière ludique, je vous inviterai à découvrir avec moi le goût du détail de ceux qui ont consacré ou consacrent encore leur vie à la restauration et l’entretien de ces avions. Un simple exemple suffit à étayer mon propos, l’immatriculation G-PRXI n’a pas été choisie par hasard par son propriétaire, il s’agit de celle d’un Spitfire PR Mk XI. Ce n’est qu’un détail me direz-vous, mais imaginez Mr Jean Dupont aller faire immatriculer sa dernière Citroën DS7 auprès des services de la Préfecture en demandant la plaque JD-DS7… on lui rirait au nez…
Les Supermarine Spitfire Mk I : présentation
Commençons notre tour d’horizon par le plus célèbre d’entre eux, le Supermarine Spitfire Mk I, le premier de cette légendaire famille… Créateur des hydravions vainqueurs de la Coupe Schneider au début des années 30 (les fameux Supermarine S.6), Sir Reginald Mitchell dessina le Spitfire tout en courbe autour d’une magnifique aile elliptique. Cette aile fut un gage de performances aérodynamiques avérées, mais nécessitait beaucoup plus de temps pour la produire que celles d’autres chasseurs. Équipé du tout niveau moteur Rolls Royce Merlin II de 1030 Cv, notre Spitfire fut armé de 8 mitrailleuses de 7.7mm entièrement intégrées dans les ailes. Cet armement se montra efficace contre les chasseurs, mais il montra rapidement ses limites face à des bombardiers, beaucoup réussirent à rentrer à leur base troués comme des passoires. Cependant, d’un point de vue esthétique, l’avion conservait toute la pureté de ses lignes, sans cassures sur les ailes.
Livrés progressivement à la RAF à partir de 1938 et préservés durant la Bataille de France, ils furent avec les Hurricane, les héros de la Bataille d’Angleterre. Plus performants que ces derniers, ils avaient en charge (dans la mesure du possible…), d’engager les chasseurs allemands de manière à laisser le champ libre aux Hurricanes face aux bombardiers de la Luftwaffe. Leur armement, identique mais concentré, était plus efficace. Comparables aux Messerschmitt Bf 109 E adverses, ils avaient une meilleure capacité manœuvrière dans le plan horizontal. Toutefois, l’alimentation de son moteur par carburateur a été un défaut souvent reproché, celui-ci pouvant amener le moteur à caler lors d’une manœuvre brusque en G négatifs. Les pilotes de Messerschmitt Bf 109 utilisèrent ainsi souvent l’avantage que leur procurait l’injection directe pour semer un Supermarine Spitfire à leurs trousses.
Le Spitfire Mk I immatriculé G-CGUK
Le G-CGUK (opérateur : Comanche Warbirds Ltd / code fuselage « KL-A ») date de 1940. Il subit au sein du 54 Sqn. une collision en vol en décembre 1940. Rayé des listes en 1941, son épave fut redécouverte en 1976 sur les berges de la rivière Lever et sa restauration débuta en 1995. Il réalisa son 1er vol en 2012 et revêt depuis le camouflage de son squadron d’origine.
Le Spitfire Mk I immatriculé G-CFGJ
Le G-CFGJ (opérateur : Impérial War Museum / code de fuselage « QV ») date de 1939 et fut engagé depuis Duxford par le 19 Sqn. en 1940. Abattu au-dessus de Calais le 25 mai 1940 dans les prémices de l’évacuation de la poche de Dunkerque, son épave fut recouverte par la mer et le sable jusqu’en 1986. Sa restauration aboutit à un 1er vol en 2014, et il revêt maintenant le camouflage de son squadron d’origine, avec les surfaces inférieures mi blanches – mi noires, caractéristiques de la Bataille de France.
Le Spitfire Mk I immatriculé G-AIST
Le G-AIST (Spitfire The One Ltd / code fuselage « XR-D ») date de 1941 et fut directement versé dans les Unités de Maintenance (Maintenance Unit ou MU) pour les entraînements. Il y subit plusieurs accidents. Rayé des listes en 1945, il fut acheté en octobre 1946 puis remis en état de vol pour le film « La Bataille d’Angleterre ». Il eut ensuite plusieurs propriétaires successifs. Il porte maintenant les codes du 71 Sqn. des Eagles Squadron (volontaires américains engagés dans la RAF).
Les Supermarine Spitfire Mk V : présentation
La 1ère évolution majeure du vénérable Mk I, le Mk V avait une structure renforcée destinée à recevoir le nouveau et plus puissant moteur Merlin 45 de 1440 Cv. Son armement fut également plus versatile, et il fut le 1er des Spitfire à être équipé régulièrement de canons de 20mm. Des sous-types de MkV apparurent alors : Mk Va (8 mitrailleuses de 7.7mm), Mk Vb (2 canons de 20mm + 4 mitrailleuses de 7.7mm) ou Mk Vc (ailes universelles permettant toutes les combinaisons d’armement, et notamment 4 canons de 20mm). Il vit également ses ailes être adaptées en fonction des utilisations, notamment les ailes raccourcies optimisées pour la basse altitude.
Ce fut le 1er modèle de Spitfire à être engagé en dehors du territoire national, il combattit en Europe, en Afrique du Nord, en Asie et en URSS. Il équipa les VVS (forces aériennes soviétiques), l’USAF et de nombreuses autres armées de l’air, en 1ère ou 2e main, au fur et à mesure de l’arrivée de modèles plus récents. Il fut le modèle de Spitfire le plus construit (plus de 6.000 exemplaires, sur près de 20.000 au total) et le plus modifié (une version hydravion de chasse fut même construite !).
Le Spitfire Mk V immatriculé G-LFVB
Le G-LFVB est un Mk Vb (opérateur : The Fighter Collection / code fuselage « AE-A ») datant de 1942. Initialement versé dans une Maintenance Unit, il fut ensuite affecté au 51 Sqn. au sein duquel il acquit 6 victoires aériennes. Un accident le vit quitter son squadron pour être réparé, puis il revint au front au sein des 19 et 402 Sqn. où il enregistra une 7e victoire. Après la guerre, il servit de décoration statique et de figurant dans le film « La Bataille d’Angleterre ». Après restauration, il revola en 1995 aux couleurs du 402 Sqn.
Le Spitfire Mk V immatriculée G-MKVB
Le G-MKVB (opérateur : Historic Aircraft Collection Ltd / code fuselage « JH-C ») est un Mk Vb datant de 1942, vétéran des combats avec les 315 et 317 Sqn. Endommagé en 1943, il alla ensuite dans divers dépôts, unités de maintenance et unités d’instruction jusqu’en 1950. A partir de là, et jusqu’en 1989, il servit de décoration. Il eut un rapide aparté en 1967, où il fut détaché pour servir de modèle afin de créer des répliques de cockpits/verrières pour le film « La Bataille d’Angleterre ». Restauré à partir de 1993, il sera remis aux couleurs du 317 Sqn., dans un camouflage de début de guerre (marron/vert au lieu de gris/vert).
Le Spitfire Mk V immatriculé le G-IBSY
Le G-IBSY (opérateur : Anglia Aircraft Restorations Ltd. / code fuselage « DV-V ») est un Mk Vc de 1942. Il équipa les 66, 129 puis 453 Sqn. Il réalisa 100 missions d‘escorte de B-17 (notamment le Memphis Belle pour sa célèbre mission reprise en film !). Un accident le vit rayé des listes. Une restauration de 3 ans fut nécessaire pour le présenter finalement aux couleurs du 129 Sqn. Cette décoration a ceci de particulier qu’elle mentionne sur le côté gauche, entre le cockpit et le moteur, le nom du généreux donateur de l’avion, à savoir « The Uruguayan Railways », qui collecta 5.000 livres sterling pour avoir droit à sa présentation le 31 mai 1943.
Le Spitfire Mk V immatriculé G-LFVC
Le G-LFVC (opérateur : Comanche Fighters LCC / code fuselage « T-B ») est également un Mk Vc de 1943. Il fut envoyé en Australie et combattit avec le 79 Sqn. de la RAAF, notamment en Nouvelle-Guinée. Accidenté en janvier 1944, il fut abandonné sur place puis redécouvert en 1973. Après plusieurs changements de propriétaires et un début de restauration engagé en 2003, il revint en Angleterre en 2009 et revêtit le camouflage d’un avion du 249 Sqn. basé à Malte en 1943. Ce camouflage « désert » tranche beaucoup avec les teintes gris/vert habituellement portées par les Spitfire et rend cet avion remarquable. De plus, il est armé de 4 canons de 20mm, ce qui lui donne un air martial et une ligne peut-être un peu moins épurée.
Les Supermarine Spitfire Mk IX : présentation
L’arrivée du Fw-190 A en 1941-1942 jeta le trouble dans la RAF car le Spitfire Mk V se trouva surpassé dans tous les domaines à l’exception du taux de virage horizontal. L’évolution programmée du Mk V devait être le Mk VIII, avec une structure revue et une nouvelle motorisation. Mais l’urgence de la situation donna naissance à un modèle “intérimaire”: le Mk IX. Basiquement, il s’agit d’un Mk V avec un nouveau moteur : le Merlin 61 de 1600 Cv. Bien que basé sur le Mk V, il se distingue de ce dernier par son hélice à 4 pales, ses 2 radiateurs rectangulaires en intrados, son nez plus long dû au nouveau moteur et ses pipes d’échappements (2×6 au lieu de 2×3). Ces différences étant peu visibles une fois en l’air, les pilotes de Fw-190 qui jouissaient jusque-là de la supériorité aérienne, furent contraints de prendre au sérieux tous les Spitfire, ne sachant pas contre quels modèles ils se battaient.
Presque autant fabriqué que le Mk V, il fut également engagé sur tous les fronts. Son succès fut tel qu’il éclipsa le modèle Mk VIII pourtant destiné à devenir LE Spitfire à moteur Merlin le plus abouti. Il permit de rétablir l’équilibre des forces face à la Luftwaffe, et fut largement utilisé en tant que chasseur-bombardier à partir du Jour J.
Le Spitfire Mk IX immatriculé G-LFIX
Le G-LFIX (opérateur : Air Leasing Ltd / code fuselage « DU-V ») datant de 1944 était à l’origine un monoplace engagé avec le 485 Sqn. Il a à son actif 176 missions et 319h de vol de combat, et 1 victoire aérienne obtenue le 6 juin 1944. Après la guerre, il arriva dans l’Irish Air Corps en 1950 et fut transformé en biplace pour l’entraînement avancé. Acquis en 1979 par un particulier, il fut remis en état durant 5 ans. Il arbore depuis les marquages de son squadron d’origine.
Le Spitfire Mk IX immatriculé G-ASJV
Le G-ASJV (opérateur : Old Flying Machine Company / code fuselage « ZD-B ») date de 1943 et fut piloté au sein du 222 Sqn. Piloté par l’as sud-africain Flt. Lt. Henry Lardner-Burke, il obtint plusieurs victoires aériennes au-dessus de la France occupée contre des Me 109 et Fw 190. Après guerre, il entra en service dans les armées de l’air belges et hollandaises renaissantes. Rendu à la vie civile en 1970, il arriva chez son actuel opérateur en 1983. Il porte à nouveau les marquages du 222 Sqn.
Le Spitfire Mk IX immatriculé G-CTIX
Le G-CTIX (opérateur : Aircraft Restoration Company / code fuselage « AS-W ») date de 1944 et a eu une vie très remplie. Engagé initialement avec 4 Sqn. SAAF sur la côte Adriatique de l’Italie, il fit ensuite parti des 73, 326 puis 253 Sqn. Après guerre, il fut stationné en Yougoslavie, Italie Autriche, puis de nouveau en Italie en 1947. Vendu en 1952 à Israël, il fut retiré du service en 1956 et servit de décoration dans un kibboutz ! Il revint abîmé et incomplet (sans ailes ni dérives…) en Angleterre en 1983 et fut reconstruit en biplace. Son 1er vol après restauration intervint en 1987. Il fut acquis en 1994 par un collectionneur basé en Floride, qui le vendit en 1998 à un collectionneur gallois. Il est basé depuis 2017 à Duxford.
Le Spitfire Mk IX immatriculé G-CCCA
Le G-CCCA (opérateur : Aircraft Restoration Co. / code fuselage « 5R-H »), datant de 1944, est initialement un monoplace LF IX du 33 Sqn. affecté à la 2e TAF en septembre 1944. Il y effectue 20 missions de support aérien avant d’en réaliser 76 autres au sein du 412 Sqn. Transformé en biplace en 1950, il est retiré du service en 1960. Après plusieurs changements de propriétaires, une restauration approfondie le remet d’aplomb en 2004. En commémoration de la Bataille d’Angleterre, il porte depuis 2010 une décoration du 19 Sqn. basé à Duxford en septembre 1940.
Le Spitfire PR.XI
Le G-PRXI (opérateur : Aircraft Restoration Co.) est un Mk XI PR (Photo Reconnaissance) datant de 1944. C’est un modèle extrapolé du Mk IX et aménagé pour sa nouvelle mission : armement retiré, fuselage adapté pour l’emport d’appareils de prise de vue, nez modifié pour emport d’un réservoir d’huile plus grande (proéminence sous la casserole d‘hélice) et camouflage adapté. Utilisé par le 4 Sqn. puis par le 2 Sqn. en Allemagne occupée, il changea plusieurs fois de propriétaires. Essentiellement conservé alors en statique, une restauration est engagée en 1983, avec un 1er vol en 1984. Accidentée en 2001 à Rouen, la décision de le restaurer à nouveau fut prise en 2003. Il a de nouveau été accidenté en septembre 2019 en atterrissant aux Pays-Bas.
Le Spitfire Mk XIV
Le G-SPIT (opérateur : Anglia Aircraft Restorations Ltd. / code fuselage « JE-J ») est un Mk XIV FR de 1944. Motorisé par le successeur du Merlin, le Griffon, ce type de Spitfire permit de redonner de la vigueur à une formule qui avait atteint son optimum avec les Mk VIII et Mk IX. Les performances de vitesse furent grandement améliorées et il tint la dragée haute aux avions de la Luftwaffe jusqu’aux dernières heures de la guerre. Il fut également parmi les 1ers Spitfire à adopter la verrière en goutte d’eau et l’armement type E (2 canons de 20mm + 2 mitrailleuses de 12.7mm). Cet avion en particulier fut affecté en Inde, où son histoire se perd. Nous le retrouvons ensuite dans les années 70 en Angleterre, avec une restauration qui aboutira en 1992. Il est repeint en hommage à Johnnie Johnson, as anglais aux 34 victoires aériennes.
Le Spitfire Mk XVI
Le G-OXVI (opérateur : Spitfire Ltd / code fuselage « CR-S ») est un Spitfire Mk XVI de 1945. Ce modèle était censé être un Mk IX construit autour d’une copie du moteur Merlin réalisé par Packard aux USA, mais les différences d’outillages, de côtes, etc. firent que ces moteurs ne purent être interchangeables. Les Mk XVI furent essentiellement utilisés pour du support aérien, beaucoup eurent les ailes rognées, plus adaptées aux basses altitudes, même si quelques pilotes devinrent des As à son bord. Ils furent parmi les 1ers modèles de Spitfire à avoir des verrières en goutte d’eau, à vision intégrale, ce qui engendrait une modification du fuselage arrière et de la dérive afin de compenser le couple du moteur. Cet avion vola au sein du 695 Sqn, mais fut accidenté en 1947. Rapidement réparé, il reprit du service en 1951 en tant qu’avion de calibration radar jusqu’en 1953. A partir de 1955, il servit de décoration statique pour le 610 Sqn. Racheté en 1988, il fut remis en état de vol et a réalisé son nouveau 1er vol en 1992. Il porte les marquages du 74 Sqn. de la 2e TAF en 1945.
Le Spitfire Mk XVIII
Le G-BUOS (opérateur : Spitfire Ltd / code fuselage « R ») est un Spitfire Mk XVIII de 1945. Ce type de Spitfire reproduit avec le moteur Griffon ce qui s’est passé entre les Mk VIII et Mk IX : le Mk XIV devait être un rapide intermède avant LE Spitfire à moteur Griffon, et, finalement arrivé trop tard, le Mk XVIII fut assez peu présent. Il ne vit pas le combat durant la Seconde Guerre mondiale, mais contre les mouvements anti-colonialistes qui secouèrent l’Empire britannique au lendemain de la guerre. Ce modèle en particulier fut affecté au SEAAF (South East Asia Air Command) après être passé par Karachi (Pakistan). Il fit partie de l’Indian Air Force de 1947 jusqu’à la fin des années 50. Il revint en Angleterre en 1977 et sa restauration, entamée en Californie en 1978, fut achevée en 2000. Il fut accidenté à l’atterrissage en 2010 et recommença à voler en 2013. Il porte les couleurs du 28 Sqn.
Les Hispano HA-1112 « Buchon » : présentation
L’Espagne nationaliste du Généralissime Francisco Franco s’était rapprochée de l’Allemagne nazie au cours de la Guerre d’Espagne, notamment grâce à la Légion Condor allemande. Cette dernière fit la preuve des capacités des chasseurs Messerschmitt Bf 109, et l’Espagne en équipa son armée de l’air. Ce furent d’abord des modèles E, puis des modèles G à partir de 1943. Mais la fin de la Seconde Guerre mondiale entraîna une interruption des fournitures de pièces détachées, notamment pour l’entretien des moteurs Daimler-Benz allemands. Le réchauffement des relations avec l’Ouest permis d’acquérir à partir de 1952 des moteurs Merlin en Angleterre. Il fallut adapter la cellule des Messerschmitt, le Merlin étant un moteur en V alors que le Daimler-Benz en est V inversé, mais la greffe pris et fut un succès.
Sur les 5 Buchon présentés ce week-end, 4 sont mis en œuvre par Air Leasing, le dernier l’étant par Historic Flying Ltd. (le G-AWHH)
Tous les Buchon présentés ce weekend eurent dans les grandes lignes la même histoire. Arrivés en Espagne sous la forme de Me 109 G en 1943, ils furent transformés en Buchon entre 1954 (G-AWHC « 11 rouge »), 1958 (G-AWHM « 7 jaune » et G-AWHH « 9 blanc ») et 1959 (G-AWHR « double chevron noir » et G-AWHK « 10 jaune »). Ils servirent alors dans l’armée de l’air espagnole avant d’être stockés en 1965.
Les besoins du film « La Bataille d’Angleterre » tournée entre 1967 et 1968 firent que 27 avions furent expédiés en Angleterre, remis en état de vol ils participèrent au tournage jusqu’en décembre 1968. Après quoi ces 5 avions furent vendus au collectionneur Wilson « Connie » Edwards qui les entreposa au Texas.
Les G-AWHK et G-AWHR revinrent en Angleterre en 1996. Le 1er fut remis en état de vol dans les années 2000, tandis que le 2d a réalisé son nouveau 1er vol le 01/07/2019 dernier. A noter que le G-AWHR est le dernier Messerschmitt à avoir été piloté par l’as allemand «Adolf Galland», lors du tournage du film.
Les 3 autres Buchon revinrent eux en Angleterre en 2015 et furent alors restaurés. A noter que le G-AWHC est le seul biplace encore en état de vol dans le monde et qu’il fut la monture principale de ce même Adolf Galland pendant le tournage du film.
Flying Legends 2019 ne s’étant pas limité aux Spitfire et aux Buchon, un prochain article viendra compléter ce voyage temporel au cœur de l’univers des Warbirds.
Article réalisé par Benjamin Piquereau
2 Comments
R. Douville
Merci pour ce très bel article.
Jacques OZIEL
Merci de votre message d’encouragement. L’équipe Portai-Aviation