Un petit tour aujourd’hui sur l’aérodrome de Reims-Prunay en Champagne-Ardenne, pour vous parler d’un avion pas comme les autres. Pourquoi me demanderez-vous ? Simplement parce que le Cessna Reims ROCKET FR172 que j’ai pu découvrir au détour d’un des hangars de l’aérodrome, est un modèle purement “frenchie”, il a été conçu et réalisé par Reims Aviation France. En effet, ce modèle n’est pas sorti des usines du célèbre constructeur américain de Wichita (Kansas), mais, Cocorico !!!! des bureaux d’études de Reims Aviation France.
Depuis les premières heures de la matinée, les mécanos s’affairent autour de l’appareil. L’avion est en cours de révision. Son capot moteur déposé, il paraît moins “lisse”, plus “fragile”. Ainsi dépouillé, c’est un enchevêtrement de tuyaux, de câbles, de pièces numérotées qui saute aux yeux. L’odeur d’huile et de combustible me rappellent que nous sommes devant le cœur névralgique de la machine, son moyen de propulsion. L’équipe de “chirurgiens” opèrent sur l’appareil dans une parfaite chronologie. Chaque boulon est répertorié, chaque pièce de cette belle mécanique est scrutée sous tous les angles, manipulée avec une extrême précaution, étiquetée selon une nomenclature très précise. Ce travail est réalisé selon un cahier des charges savamment élaboré par le constructeur.
Rien n’est laissé au hasard, tout est réalisé selon des procédures très strictes. La raison de tant de minutie ? Il faut tout simplement savoir que pour recevoir son certificat de navigabilité, ou plus simplement, pour obtenir l’autorisation de prendre l’air, un avion doit subir un certain nombre de visites, de contrôles et parfois de remplacement d’éléments devenus défectueux avec le temps et l’utilisation. Presqu’un travail d’orfèvre.
L’entretien ou la maintenance d’un aéronef est une suite d’opérations techniques systématiques suivant des critères horaires ou calendaires qui sont définis par le constructeur dans un programme d’entretien conçu par ce dernier.
Le programme d’entretien définit également des opérations de contrôle des paramètres de fonctionnement avec une fiche de “point fixe” pour le moteur. En aéronautique, un point fixe consiste à effectuer des essais au sol. La procédure varie suivant le type d’avion, elle consiste en général à vérifier les équipements principaux, comme les freins, les magnétos, le moteur, la radio, …
Pour un avion à hélice, le point fixe correspond au moment où le pilote monte le régime des moteurs à pleine puissance juste avant le décollage.
Chaque aéronef possède un programme d’entretien spécifique.
Ces opérations de contrôle concernent les différents éléments d’un aéronef que sont :
- L’hélice.
- Le moteur.
- Les ailes.
- Le fuselage.
- Les empennages horizontal et vertical.
- Les atterrisseurs.
- La cabine, les instruments, l’installation radio.
Critère horaire :
Les visites périodiques sur un aéronef se font, selon les recommandations du constructeur, elles varient selon le modèle ou la famille de modèles. En moyenne, toutes les 25 heures, 50 heures, 100 heures, ou 500 heures de vol.
La Grande Visite (G.V.) se fait après 1.000 heures ou 2.000 heures de vol.
Approchons nous un peu plus de l’avion… En premier lieu on peut être surpris par la présence d’un logo qu’on a plutôt l’habitude de voir sur les véhicules de luxe qu’on croise sur de belles avenues ou quartiers huppés, voire, sur les capots de turboréacteurs d’avions de ligne. Les deux R gravés sur une plaque métallique dorée, ne sont autres que le sigle du célèbre motoriste Rolls Royce. Plutôt spécialisée dans les moteurs de bateaux ou d’avions, rappelons que la firme britannique a été à l’origine du célèbre moteur Merlin qui a équipé le Supermarine Spitfire. Elle a été choisi pour motoriser le Reims Rocket FR172.
L’intérieur de l’avion est un petit cocon de confort, sièges et garnitures de portes en cuir, un tableau de bord assez caractéristique des avions Cessna, où les instruments de bord sont bien en place pour faciliter la lecture des paramètres de vol. Des modifications ont été apportées à l’arrière de l’habitacle, en ajoutant 2 petites vitres pour permettre une vue à 360 degrés. Enfin, summum du confort, une climatisation très efficace équipe l’appareil, permettant au pilote et ses passagers de voyager dans un confort très appréciable.
Le 172 reprend le fuselage du 170, entièrement métallique et un empennage vertical en flèche. A partir de 1964, l’avion se voit équiper de volets électriques. Il est propulsé par un moteur Rolls Royce 6 cylindres, Continental IO-360D de 210 ch (160 kW) à injection qui justifie son nom de “fusée”. Il est équipé d’une hélice à vitesse constante. La production aura duré 10 ans, de 1967 à 1977.
Un peu d’histoire… Reims Aviation est une entreprise de construction aéronautique installée à Prunay depuis 1967, près de Reims, .
Le 15 février 1960, Cessna, le premier constructeur d’avions légers au monde, signe des accords pour la construction d’avions légers à Reims.
Après le relatif échec du Skylark/Powermatic, Cessna n’a pas abandonné l’idée d’un 172 plus musclé. De son côté, Reims Aviation a produit entre 1967 et 1977 en exclusivité sa propre version hautes performances du Cessna 172 sous la forme du Reims Rocket à 591 exemplaires. S’inspirant du Rocket, la maison-mère de Wichita proposa à sa clientèle dès 1977 le Hawk XP (eXtra Performance). Sur le XP, contrairement aux autres 172 de l’époque, c’est un Rolls Royce Continental 6 cylindres à injection IO-360 développant 195 cv qui est installé, couplé à une hélice à pas variable. Le XP eut un réel succès 1.452 exemplaires vendus. La division France produisit également 85 exemplaires, après l’arrêt de la production du Rocket.
A noter que le Reims Rocket a également servi de base à certains modèles du T41 Mescalero, la version militaire du Cessna 172. Les T41B, C et D sont également équipés d’un groupe motopropulseur de 210 ch comme sur le Rocket, il s’agit d’ailleurs des seuls 172 fabriqués de série aux États-Unis avec un moteur de 210 ch.
Enfin, il convient de signaler pour la forme, qu’il existe des kits de conversion du Cessna 172, notamment avec un moteur Franklin de 220 ch ou avec un moteur Porsche.
Cette petite balade sur l’aérodrome de Reims-Prunay m’a réservé bien d’autres surprises, j’aurai prochainement l’occasion de vous en parler.
Aéronautiquement vôtre.