Patrick notre globe-trotter/photographe, nous emmène cette fois à Cracovie pour visiter le musée des Forces aériennes polonaises. La ville de Cracovie est la 2ème ville de Pologne avant Lodz (prononcez wudje), ou Katowice (katovitcé), selon le décompte fait des habitants vivant en périphérie de ces communes. Elle date du VIIème siècle, et possède un patrimoine architectural admirablement bien conservé. La cité historique se situe au pied de la colline du Wawel, et fut, avant Varsovie, la capitale polonaise.
Le musée quant lui est situé en proche périphérie de la ville, c’est le plus important musée aéronautique de Pologne.Il occupe une partie des terrains et des bâtiments de l’aéroport militaire de Rakowice – Czyżyny, son accès est facilité par un réseau de transports en commun très dense. Au départ du centre-ville, les lignes 4, 5, 9, 10, 52, 64, 72 et Z64 vous y conduiront. Si vous avez néanmoins décidé de vous y rendre en voiture, sachez qu’il est très facile de se garer sur le parking du musée. L’entrée se fait moyennant la modique somme de 15 Zlotys (environ 4 euros). Attention le musée est fermé les jours de fêtes religieuses, la Pologne reste un pays majoritairement catholique et pratiquant. Le site Internet du musée (www.muzeumlotnictwa.pl) met régulièrement à jour les dates de fermeture.
La richesse et la diversité des aéronefs présentés sont exceptionnels. Que ce soient les avions, les hélicoptères, les planeurs, motoplaneurs, ou moteurs exposés, tout a été soigneusement restauré. La collection d’aéronefs de l’ex Pacte de Varsovie est somptueuse. Vous serez surpris par des pièces uniques, voire quasiment inconnues dans nos contrées occidentales.
Dès l’entrée du Musée et face à un bâtiment très moderne, un TS-11 Iskra nous attend. Cet avion d’entraînement à réaction a été développé en 1958 par l’équipe Tadeusz Sołtyk. Le prototype a été piloté en 1960. La production en série a été réalisée par la WSK PZL Mielec en 1963, quatre records de vitesse ont été battus en 1964.
Pénétrons à présent dans le musée. Face à nous, une première série d’avions exceptionnellement restaurés, dont le légendaire Spitfire du 303ème Squadron de la RAF, escadrille uniquement composée de pilotes polonais. L’escadrille de Kosciuszko est celle qui a abattu le plus grand nombre d’avions allemands durant la bataille d’Angleterre (septembre-octobre 1940). La “303” est la plus célèbre des 15 escadrilles polonaises opérant au sein de la RAF (dont huit de chasse, quatre de bombardement, deux de reconnaissance de chasse, etc.). Elle sera dissoute en décembre 1946.
Autre avion légendaire de la Seconde Guerre mondiale, rangé tout près du “Spit”, le Messerschmitt Bf 109G-6 de la LuftWaffe. Cette version du chasseur monoplace en métal à aile basse et train rétractable a été la version la plus produite du Bf 109G. Sa production a débuté au printemps 1943 et s’est achevée à l’automne de l’année suivante. En plus de la Luftwaffe allemande, des chasseurs Messerschmitt Bf 109G ont également volé dans les forces aériennes bulgares, croates, hongroises, finlandaises, italiennes, roumaines, slovaques et suisses. Le Bf 109G appartient au groupe d’avions les plus célèbres de l’histoire de l’aviation.
A quelques mètres de ces deux machines mythiques, nous découvrons deux aéronefs issus des usines de l’ex URSS, comme le Yak-23, premier chasseur à réaction utilisé par l’aviation militaire polonaise, et le très rare Yak 17.
Le Yakovlev Yak-23 a été considéré comme l’aboutissement du développement du Yak-15. L’appareil était équipé d’un train tricycle entièrement escamotable, contrairement à ses prédécesseurs. La propulsion était assurée par un RD-500 de 1.590 kgp, il affichait une vitesse maximale de 923 km/h.
Le Yak-17, bien que se présentant également comme un dérivé du Yak-15, était également doté d’un train tricycle escamotable, et a bénéficié de nombreux aménagements intérieurs plus récents par rapport à son prédécesseur.
Nous poursuivons notre visite en accédant aux différentes salles, dont celle du non moins célèbre Lockheed F-104S Starfighter italien (dans sa version évoluée ASA/M). A la fin des années 1980, la plupart des F-104S italiens étaient inclus dans le programme de modernisation de l’avionique de l’ASA, adaptant l’avion au missile Aspide 1A, une mise à niveau par les italiens des missiles Sparrow et Sidewinder (version améliorée de l’AIM-9L). Dans les années 90, l’Aeroautica Militare Italiana (AMI, la force aérienne italienne) envisage de remplacer le Starfighter par l’avion multirôle Eurofighter Typhoon, mais le programme de construction de ce dernier prenant du retard, l’Armée de l’Air italienne est obligée de programmer une nouvelle modernisation de l’avionique de son Starfighter, ASA-M, consistant à intégrer de nouveaux équipements de navigation et de radio à partir de l’avion AMX.
Le numéro de série MM 6876 exposé au musée a été offert par l’Armée de l’Air italienne. Il a servi dans la 9ème escadre de chasse (tempête) “Francesco Baracca” dans la base de Grazzanise, près de Naples. Au cours de son service, il a subi deux modifications de son avionique.
Au fil de notre déambulation, nous arrivons dans une véritable caverne d’Ali baba où sont entreposés de très nombreux moteurs d’avions, chacun d’eux ayant équipé de fabuleuses machines dont la plupart ont été mises à une retraite bien méritée.
La troisième partie de l’exposition est consacrée aux très nombreux avions étrangers, nous en citerons quelques uns dont le SAAB AJSF 37 Viggen (Tonnerre, en suédois). Cet avion multirôle conçu et construit par la Suède dans les années 60 se caractérise par une aile delta, des plans canards, et un système d’inversion de poussée permettant des atterrissages courts.
Citons également le Republic F-105 Thunderchief, chasseur bombardier supersonique conçu par les États Unis vers la fin des années 50. Il a fait partie de la première génération de chasseurs connue sous le nom de Century Series Fighters. Il fut exclusivement utilisé par les américains, et mena la majorité des missions de bombardement du début de la guerre du Viêt Nam. Il fut le seul avion de chasse américain à être retiré du service en raison d’un taux d’usure trop élevé.
Les avions des pays nordiques sont également présents et soigneusement exposés dans la zone extérieure du musée, très boisée et agréable pour déambuler entre les trésors aéronautiques. Les parcs et jardins dont les polonais sont très friands sont des endroits fréquentés avec délectation. Vous l’aurez compris, les Polonais aiment la nature. C’est donc là que nous y avons croisé entre beaucoup d’autres avions, un Lockheed F-104S ASA-M Starfighter danois et un J 35J Draken suédois.
Le Lockheed F-104 Starfighter est un chasseur à réaction américain, mono-réacteur et supersonique construit à plus de 2.500 exemplaires à partir de 1954. Il fut utilisé par les États-Unis dans l’USAF (United States Air Force) de 1958 à 1969, puis par la garde nationale de Porto Rico jusqu’à ce qu’il soit abandonné en 1975.
Quant au Saab 35 Draken (Dragon), il s’agit d’un avion de chasse conçu et construit par la Suède. Il fut le successeur du Saab J 29 Tunnan, et se caractérise par une aile en double delta, pouvant atteindre la vitesse de Mach 2 à partir de la version J 35D. Environ 600 Draken ont été construits au total et mis en service dans 4 autres armées de l’Air différentes (Danemark Finlande, Autriche et États Unis) jusqu’au début des années 2000.
Toujours dans les parcs du musée, vous aurez le loisir de découvrir l’hélicoptère que le Pape Jean-Paul II (Mil Mi-8S) a utilisé durant son pontificat, un Mikoyan-Gurievsky MiG-21MF ‘9107’, et un très rare PZL I-22 Iryda M-93K, se dernier ressemblant d’ailleurs étrangement à notre AlphaJet. Enfin et sans pouvoir tous les nommer tant la richesse de ces collections est grande, un Aero L-29 Delfin (OTAN : Maya).
La dernière partie de la zone extérieure de notre visite est sans doute la plus impressionnante. Elle regroupe plusieurs avions de l’ex bloc de l’Est, dont la fameuse “Mig alley”.
Nous croiserons également 2 Iliouchine Il-28 et du même constructeur un Iliouchine Il-14. Comme vous pourrez le constater ces derniers mériteraient d’ailleurs un petit nettoyage extérieur.
En prolongeant notre petite balade extérieure, nous croisons un Yak 40. Cet avion a été créé en 1966 dans le bureau de construction de Yakovlev en tant qu’avion de transport de passagers pour des lignes locales. Il a été conçu pour fonctionner à partir d’aéroports courts et non durcis. La version passagers acceptait jusqu’à 32 passagers.
Puis un Antonov 26, avion créé dans les années 60 dérivé de la famille de l’AN-24 auquel il ressemble beaucoup. Il fut présenté pour la première fois au salon du Bourget en 1969. L’An-26 est entré en service en 1970. Au total, 1.410 appareils sont sortis des usines Antonov de Kiev entre 1968 et 1985, année de l’arrêt de la production. En outre, un certain nombre d’appareils ont été produits par la République Populaire de Chine sous la désignation Y7H-500. L’appareil a été exporté dans 31 pays.
Le PZL M-15 est un avion à réaction polonais de travail agricole, construit par WSK Mielec entre 1976 et 1981. Son nom officieux « Belphegor » se réfère au fantôme du Louvre, sans que l’on sache réellement pourquoi. Le PZL M-15 est l’un des deux seuls biplans à réaction à avoir existé, l’autre étant le Coandǎ 1910. Proche de lui nous découvrons un Sukhoi SU-22.
Un WSK Lim-6M. À la fin des années 50, une tentative a été faite en Pologne pour transformer le chasseur avant MiG-17F en avion de combat. Cette modification a été appelée Lim-5M (marqué en usine “F”). Le Lim-6 (nom de l’OTAN Fresco) était un avion d’attaque polonais utilisé entre 1961 et 1992. C’était une variante du Mikoyan-Gurevitch Mig-17/Lim-5.
Enfin, deux autres avions mythiques que sont le Mikoyan-Gurievsky MiG-19PM et le Mikojan-Guriewicz MiG-29GT (UB).
Bien sûr les hélicoptères ne sont pas oubliés dans ce magnifique musée, ainsi des Mil Mi-4A et Mil Mi 2 et bien d’autres encore…
Pour finir notre pérégrination dans le plus important musée aéronautique polonais, que nous vous conseillons vivement de venir visiter, nous arrivons finalement devant un Tupolev Tu-134. Cet avion, dont le nom de code OTAN est Crusty, est un avion civil biréacteur de l’ère soviétique, similaire au Douglas DC-9 américain. Il était l’un des avions les plus utilisés par les pays du Pacte de Varsovie. Le nombre de ces aéronefs actuellement en service est en diminution à cause des normes de limitation des nuisances sonores. Le modèle a été en service durant de nombreuses années dans quelques 42 pays. Certaines compagnies aériennes européennes prévoyant jusqu’à 12 décollages et atterrissages quotidiens par avion.
Nous n’avons évoqué ici qu’un petit nombre d’aéronefs présents dans ce musée (la liste complète est assez impressionnante), mais quoi de mieux pour vous mettre l’eau à la bouche, que de vous faire découvrir ces quelques photos, pour vous donner envie d’aller et vous faire une idée par vous-même. J’en ai pour ma part gardé un excellent souvenir, tant par la quantité que par la qualité des machines présentées.
L’avis de Patrick
Prévoir un minimum de 2 heures pour tout découvrir dans ce musée. Personnellement, j’en ai passé 4 et peut être plus encore. C’est certainement l’un des plus beaux musées Aéronautique d’Europe, et il promet de le rester encore longtemps tant le nombre de machines encore en cours de restauration est important.
Note globale : 4,5/5
Page web du musée
www.muzeumlotnictwa.pl
Horaires/saisons
Heures d’ouverture :
En été (1er mai – 31 octobre)
Lundi – ouverture uniquement de l’exposition en plein air
Mardi – vendredi: 9h00 – 17h00
Samedi: 10h00 – 16h00
Dimanche: 10h00 – 16h00
En hiver (2 novembre – 30 avril)
Lundi – vendredi : 9h00 – 15h00
Crédit photo : Patrick Bertaux
Rédactionnel co-écrit par Patrick Bertaux & Jacques Oziel.
One Comment
Gary
Bonjour,
De passage à Cracovie, j’ai visité ce musée aujourd’hui (après l’avoir découvert fortuitement). Impressionnante collection d’oiseaux, à voir absolument ! Par ailleurs on appreciera sur chacun des panneaux explicatifs une note indiquant la provenance de l’exemplaire décrit. Et le F-105 est vraiment énorme.