Tour de Melun-Villaroche
Paris Air Legend, on attendait l’événement avec intérêt et une certaine fébrilité, tant le défi annoncé était de taille. Pensez donc, réussir à présenter un plateau d’une telle richesse et d’une telle qualité pour une première, n’était pas un pari sans risques pour les organisateurs de l’événement.
La conférence de presse à laquelle nous avions assisté en juin dernier, annonçait un programme alléchant pour tous les passionnés et amoureux de ces machines qui ont marqué l’Histoire de la Seconde Guerre mondiale. A l’exception du Sabre F-86 qui devait être le clou du spectacle, et qui pour des raisons que nous évoquerons plus bas, n’a pas pu venir en France, tous les autres aéronefs étaient au rendez-vous durant les 2 jours de cette nouvelle fête aérienne.
Ce n’est pas moins de 60 avions dont une quarantaine de Warbirds, que nous avons pu admirer durant ce premier week-end de Septembre… du jamais vu en France.
Faire aussi bien et aussi beau que le mythique rendez-vous de la Ferté-Alais, en France, ou celui non moins célèbre de Duxford au Royaume-Uni, un projet ambitieux confié à deux hommes dont nous parlerons tout à l’heure, tâche oh combien délicate tant le défi était de taille, et…. ils l’ont fait !!! Près de 30.000 visiteurs, étaient présents durant la journée réservée aux professionnels et les 2 journées ouvertes au public.
“Ils”, ce sont d’abord Eric Jansonne et Thierry Marchand, les 2 co-fondateurs de la société JM Airshow, société spécialisée dans le conseil en événementiel aéronautique, et qui est à l’origine de l’organisation de meetings en France et à l’étranger. Citons Rixheim/Habsheim, les meetings de l’Air de Bordeaux et Saint-Dizier, et le Breitling Sion Airshow en Suisse. “Ils” c’est aussi France’s Flying Warbirds, cette association de propriétaires, pilotes, mécaniciens, et passionnés d’avions historiques, qui est basée sur l’aérodrome de Melun Villaroche, et qui a mis ses avions à la disposition des organisateurs du meeting. C’est également les nombreux autres avions et leurs pilotes invités à venir participer à cette grande première. C’est enfin, les représentants de l’Agence Ozelys, chargées de la communication autour de l’événement, sans oublier l’équipe de bénévoles qui a œuvré sans relâche pour que la fête soit réussie.
Commençons par le plateau proposé, il n’avait d’égal que celui du célèbre Battle of Britain Airshow de Duxford en Grande Bretagne, selon nombre de connaisseurs présents. Et tenez vous bien !!, j’ai même entendu dire au détour d’une conversation, que la flight line était comparable à celle d’Oshkosh, c’est vous dire !
Comme je l’évoquais plus haut, l’absence du Sabre F-86 pourtant annoncé comme la vedette de ce meeting a été remarquée. Cet avion militaire utilisé par l’US Air Force pendant la guerre de Corée, propriété actuelle de Monsieur Frédéric Akary, a probablement été victime de quelques tracasseries administratives des autorités américaines qui ont retardé son arrivée en France. Il devrait néanmoins faire son apparition lors des meetings de Francazal et Nîmes cet automne.
La journée de vendredi consacrée aux professionnels, a permis d’assister aux arrivées de ces précieuses machines, et aux quelques vols de reconnaissance du terrain et ses environs. La météo qui a été très clémente tout au long de la saison 2018, était là encore au beau fixe. Et c’est sous un ciel d’un bleu intense, dans des conditions de lumière exceptionnelle, que les arrivées et les évolutions se sont succédées.
La presse elle, a été dignement reçue et conviée à faire un petit vol à bord du PBY Consolidated Catalina appartenant à la collection de Monsieur Christian Amara, avec survol du château de Vaux-le-Vicomte, un petit voyage inoubliable pour celles et ceux qui y ont été invités.
PBY Consolidated Catalina (Collection Christian Amara – Crédit photo J.B. Blumenfeld)
Vue aérienne du château de Vaux-le-Vicomte
Les journées de samedi et dimanche ont permis de voir combien le public apprécie ces grandes fêtes aériennes. L’accès à la flight line (payant 5€) installée face aux hangars conçus par Gustave Eiffel, est ouvert dès 9 heures du matin. Un public très hétéroclite s’y bouscule. Se côtoient les Warbirds de la Seconde Guerre mondiale, des avions de l’ère soviétique, ceux de sa gracieuse Majesté, ceux de l’oncle Sam, de la Luftwaffe, un exemplaire de la Royal Australian Air Force, un autre de l’Armée Impériale Japonaise, en réalité, un T-6 maquillé en Mitsubishi A6M3 Zéro, et enfin ceux des Forces Aériennes Françaises Libres (FAFL). Se côtoient aussi les “pointus” de la Marine Nationale, ceux de l’Armée de l’Air, et enfin ceux de la Patrouille de France.
La flight line
Yak 9 (Crédit photo J.B Blumenfeld)
Hawker Hurricane Mk IIa (Crédit photo J.B. Blumenfeld)
Spitfire MK V (Crédit photo J.B. Blumenfeld)
Curtiss P-40N (Crédit photo J.B. Blumenfeld)
P-47 THUNDERBOLT (Crédit photo J.B. Blumenfeld)
P-51D MUSTANG (Crédit photo J.B. Blumenfeld)
Hispano HA-1112-M1L Buchon
Hispano HA-1112-M1L Buchon
EFW D-3801 descendant du Morane Saulnier MS406
North American T-6 Texan maquillé en Mitsubishi A6M3 “Zéro” (Crédit photo J.B. Blumenfeld)
Corsair F4U (Crédit photo J.B. Blumenfeld)
North American T-6 Texan (Crédit photo J.B. Blumenfeld)
Nord 2501 Noratlas – “La grise” (Crédit photo J.B. Blumenfeld)
Douglas DC-3 (Crédit photo J.B. Blumenfeld)
Alpha Jet de la Patrouille de France (Crédit photo J.B. Blumenfeld)
Le show aérien
Le programme des vols débute dès 13h, sous un ciel lumineux. Dans une chronologie digne d’un horloger suisse, les avions s’élanceront de la piste orientée Nord-Sud. Celle orientée Est-Ouest sera utilisée pour les avions dont la charge à l’atterrissage est de 60 tonnes et plus. Elle sera également utilisée par les Rafale Marine, les Alpha Jet de l’Armée de l’Air, la Patrouille de France et les Vampire, nécessitant une longueur de piste suffisante pour décoller et atterrir. Le balai aérien s’ouvre donc avec les célèbres Piper L-4A et L-4H
Piper L-4H
Suivis des Alpha Jet de l’Armée de l’Air, et du non moins célèbre Curtiss P-40 N.
Un avion que nous n’avons pas coutume de voir voler sous nos cieux, c’est le Vultee BT-13 Valiant. Quelques uns sont encore en état de vol. Parmi ceux-là, on peut citer neuf appareils modifiés en 1968 par la maison de production cinématographique Twentieth Century Fox pour les besoin de son film “Tora! Tora! Tora!”. Après le film, ils sont revendus avec les modifications qui ont été réalisées, à des privés. La plupart volent encore dans une escadrille de la Commemorative Air Force’s qui met en œuvre une flotte de plus de 140 appareils dénommée Ghost Squadron. Et enfin un jeune parmi les vieux le Bücker 131 Jungmann.
Alpha Jet de l’Armée de l’Air
Curtiss P-40N
Vultee BT-13 Valiant (Basic Trainer)
Bücker Bu-131 Jungmann
Un avion qui a permis de former de très nombreux futurs pilotes militaires pointe maintenant son nez dans le ciel de Melun. Ce biplan utilisé comme avion d’entraînement militaire, dont près de 9.800 modèles ont été construits aux États-Unis, c’est le Boeing Stearman PT-17 Kaydet. Largement utilisé dans les années 40 et durant la Seconde Guerre mondiale, il sera vendu à la fin du conflit sur le marché civil. Il est devenu populaire comme avion de sport et avion d’agriculture.
Boeing Stearman PT-14 Kaydet
Succédera ensuite le Morane-Saulnier MS 406, 1er avion de chasse moderne des années 30. Sans doute l’un des avions de combat français les plus connus de la Seconde Guerre mondiale avec une vitesse atteignant les 400 km/h. Il est présenté aujourd’hui par monsieur Daniel Koblet, pilote particulièrement connu dans le domaine aéronautique et l’industrie cinématographique. Il a joué, entre autres films, dans « Dien Bien Phu » de Pierre Schoendoerffer, sorti en 1992 et tourné au Viêt Nam.
EFW C-3801 descendant du Morane-Saulnier MS 406
Puis à intervalle régulier espacé d’environ 15 minutes, nous verrons apparaître successivement :
– 2 Hispano HA 1112 Buchon aux couleurs de la Luftwaffe,
– 4 Hawker Hurricane, 2 Supermarine Spitfire,
– 3 avions de l’ère soviétique, un Yak 11, un Yak 3, un Yak 9,
– un Boomerang CA-13.
Hispano HA 1112 Buchon
Hawker Hurricane Mk XIIA
Supermarine Spitfire
Yak-11
Yak-3M
Yak 9 UM
Boomerang C-13
La guerre du Viêt Nam prend ensuite le pas sur les présentations, quand 4 North American T-6 Texan s’élancent dans le ciel. Cet appareil d’entraînement standard des pilotes de chasse des nations alliées pendant la Seconde Guerre mondiale, fut aussi abondamment utilisé par l’Armée de l’Air française comme avions de lutte contre la guérilla, pendant la guerre d’Algérie. L’Aéronavale française a aussi employé le T-6 comme avion école avancé. Au cinéma, des T-6 maquillés servent souvent à simuler des appareils ennemis, notamment les chasseurs japonais Mitsubishi A6M.
North American T-6G Texan
North American T-6G Texan
Toujours chez nos amis américains, 3 autres avions, dont un que l’on ne voyait plus dans l’hexagone depuis quelques années, le Grumman Avenger, sont prêts à mettre les gaz. Ses 2 autres accompagnants sont le Grumman F4F Wildcat et le Curtiss P-40 N.
Grumman TBM Avenger
Un autre avion mythique et non des moindres, venu d’un terrain bien connu des passionnés d’avions anciens, en l’occurrence, celui de la Ferté Alais, était présent à Melun. C’est grâce à une poignée de bénévoles de l’Association les Casques de cuir, que cet avion a pu, après 10 ans de travail acharné, reprendre les airs cette année. Cet avion connu du grand public, parce qu’il a été une des vedettes d’une célèbre série télévisée des années 70, les “Têtes brûlées” c’est le Chance Vought F4U Corsair.
La série a popularisé sa silhouette trapue et son aile en W qui rendent le Corsair presque immédiatement reconnaissable.
Chance Vought F4U Corsair
Deux autres vedettes aussi célèbres, mais dans le transports de matériel et de troupes cette fois, sont le Noratlas de Provence, classé monument historique, dernier au monde en état de vol, et le Douglas DC3, héros du Débarquement et icône de l’entre-deux guerres. Un autre avion très particulier dans la catégorie des “gros porteurs” est le Consolidated PBY Catalina, surnommé aussi « le bateau volant ». Utilisé tant par l’armée américaine que par celle d’autres pays alliés, cet avion a effectué des missions très diverses dans la lutte anti-sous-marine, l’escorte de convois et le sauvetage en mer. Enfin un avion cher aux cœur de nombreux passionnés, le MD 312 Flamant vient clôturer la présentation en vol de ces poids lourds .
Nord 2501 Noratlas “la grise”
Douglas DC3
Dassault MD 312 Flamant
Enfin, dans la série des “pointus”, terme qui a désigné à l’époque le Trident, puis le Mirage et par extension les avions à réaction, la Marine Nationale, l’Armée de l’Air et la Patrouille de France étaient présents avec respectivement ; 4 Rafale Marine de la Flotille 12F de Landivisiau, 2 Alpha Jet de l’Armée de l’Air et ceux de la Patrouille de France. Le show des “pointus” peut alors commencer.
Rafale Marine
Rafale Marine
Alpha Jet de l’Armée de l’Air
Patrouille de France
Pour finir cette présentation de la 1ère édition de ce Paris Air show 2018, un petit melting-pot des quelques autres avions de légende présents.
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Morane-Saulnier MS 760 Paris
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Consolidated PBY Catalina
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EFW C-3801 et Hispano HA 1112 Buchon
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Douglas DC3 de “Chalair”
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Nord 2501 Noratlas et Douglas DC3
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North American T-6 Texan
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Boeing Stearman PT-17 Kaydet
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De Havilland Vampire DH 100 FB.6
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Morane Saulnier MS 505 “Criquet”
Cette 1ère édition du Paris Air Legend restera marquée par l’absence du F-86 Sabre, mais a pleinement réussi son examen d’entrée dans la cour des grands meetings Européens. Une petite indiscrétion nous permet d’ores et déjà de vous annoncer que la prochaine édition sera elle aussi à la mesure de nos attentes, elle aura pour thème la guerre froide. Mais chaque chose en son temps, nous vous reparlerons dès que nous en saurons un peu plus…
Bonne lecture à toutes et à tous…
5 Comments
Iza
Merci pour ce bel article! Juste une toute petite correction pour puristes : le Piper L-4 en photo est le L-4H de l’association Ham and Jam , pas le L-4A, qui porte lui les marques “57-G”.
Jacques OZIEL
Bonjour, merci de cette précision que je me charge de mettre à jour dans l’article.
Bien à vous
Iza
Merci!
Rivier
Juste une petite correction c’est une tour et pas une tout sinon super article
Jacques OZIEL
Bonjour, merci de nous avoir signalé cette petite coquille que nous venons de corriger.
Nous sommes heureux que l’article vous ait plu.
Continuez à nous suivre.
Bien cordialement
La rédaction du Portail-Aviation.