Le temps des hélices, que dire de cette édition 2018, sinon qu’elle est la plus aboutie, la plus somptueuse dans son contenu, une des plus radieuses que nous ayons eue depuis 4 ans avec une météo estivale, tout juste quelques petits nœuds de vent pour secouer gentiment ces vieilles machines volantes et de petits moutons blancs pour parsemer un ciel bleu d’azur. Cette 46e édition restera donc dans nos mémoires de passionnés, la parfaite illustration de ce que nous attendions et que nous avons vécu durant ce weekend de la Pentecôte.
En disant cela, je ne peux pas ne pas évoquer les difficultés que les organisateurs de tels spectacles rencontrent au fil des années. Pour assurer la pleine réussite d’un meeting aérien, il ne suffit pas de présenter un beau plateau et de bénéficier de conditions météorologiques idéales, il faut aussi permettre que le déroulé de cette fête aérienne se fasse dans des conditions de sécurité optimales. Les attentats survenus en France ont eu pour conséquence d’augmenter le niveau de vigilance et par conséquent, les budgets inhérents aux conditions de sécurité, ont explosé. La réglementation aérienne, elle aussi en perpétuelle évolution, impacte significativement les coûts de fonctionnement des associations et autres aéro-clubs, obligeant les organisateurs de nombreux meetings en France, à jeter l’éponge.
Le temps des hélices 2018, dont le thème cette année est le centenaire de la fin de la 1ère guerre mondiale, aura lui aussi traversé des moments difficiles pour mener à bien le travail colossal que représente l’organisation d’un tel meeting. Ce défi a été relevé, et de quelle manière !!! Les quelques 40.000 spectateurs présents pendant ce weekend de la Pentecôte vous le diront, “On en a pris plein les yeux …” Chapeau bas messieurs les organisateurs !
Le programme annoncé avait de quoi ravir un public de passionnés, le tout savamment orchestré et commenté par Monsieur Bernard Chabbert.
La journée débute par les traditionnels baptêmes de l’air, qui en Junkers Ju 52, qui en North American T-6 ou T-28 Trojan et la visite du parking statique.
12H40 : ouverture du bal avec le générique musical que l’on connait bien maintenant et première sur le plateau de Cerny pour une petite machine bien véloce, le CJ-01 MiniJet équipé d’un turboréacteur.
Viennent ensuite, ceux que nous appellerons les “Pionniers” pour avoir été les précurseurs de notre aviation moderne, à une époque pas si lointaine, celle de nos grands-parents ou arrière-grands-parents, où la France était à la pointe de la science et de la technique….Commençons par le Deperdussin Type T, cet avion destiné à l’observation est une réplique équipée d’un moteur très différent du Gnome de 100ch dont il était pourvu à l’origine.
Puis le Blériot XI-2, lui aussi initialement construit pour l’observation et équipé d’un moteur rotatif Le Rhône de 80ch, est le digne successeur du célèbre Blériot XI qui fit la 1ère traversée de la Manche le 25 juillet 1909.
Le Morane H, lui aussi pourvu d’un moteur rotatif, dont la particularité des gouvernes consiste à “tordre ou vriller” l’aile pour virer, ou gauchissement. C’est à bord d’un Morane H que Roland Garros traversa la Méditerranée sans escale en 1913.
Enfin, un hommage est rendu à l’aviatrice Adrienne Bolland qui traversa la cordillère des Andes à bord de son Caudron G.III. Rappelons que le plafond de vol de cet aéronef n’était que de 4.000 mètres, alors que le point culminant de la chaîne des Andes est à plus de 6.900 mètres d’altitude, d’où ce que nous considérons encore aujourd’hui, comme un très bel exploit. C’est donc une femme qui sera aussi aux commandes de cette réplique appartenant à l’AJBS pour quelques évolutions dans le ciel de la Ferté.
Dans une parfaite chronologie viendront ensuite prendre leur envol pour un “Dog Fight“, quelques biplans et triplans de la 1ère Guerre Mondiale. Le ciel de Cerny est sur le point de devenir un nouveau champ de bataille… En vue de conquérir les airs, il est nécessaire de priver l’ennemi de tout moyen de vol en le frappant dans les airs, c’est ce que ces pilotes ont tenté de démontrer en simulant un combat aérien au dessus de nos têtes.
Au décollage, un Bristol Fighter F-2B, un RAF SE-5A, en vol un Fokker DR.1, un Sopwith Triplane évoluant au son des mitrailleuses et au roulage, un Junkers CL.1.
Pour que le public se rende compte des pas de géants accomplis par l’aviation de chasse en un peu plus d’un siècle, se présentent par la droite du terrain, un SPAD S XIII et un Dassault Rafale, un siècle et quelques innovations technologiques les séparent. Le 1er, le plus rapide de l’époque avec ses ailes fines qui lui permettaient d’atteindre une vitesse très élevée en piqué (plus de 350km/h), et un plafond opérationnel de 6.600 mètres, le second, un “pointu” comme on les surnomme est un avion de combat omnirôle à ailes delta et plans canard, équipé de commandes de vol électriques, bien différentes de celles qui équipaient le SPAD S XIII, de l’époque. En bombardement stratégique, le Rafale peut emporter un missile nucléaire. Sa vitesse maximale est de 2.203 km/h, soit Mach 1,8 en altitude, son plafond opérationnel est de plus de 15.000 mètres, nous sommes loin des performances des chasseurs de la Grande Guerre.
Le bal des cigognes est initié par trois Morane-Saulnier MS.317. Cheville ouvrière de l’armée de l’Air, le Morane-Saulnier MS 315, d’où il tire ses origines servit également dans l’aéronavale et dans diverses écoles de pilotage civiles. C’est au début des années 60 qu’une quarantaine d’appareils en état de vol ont été remotorisés avec le Continental W-670K de 220ch provenant des surplus de guerre et reçurent la dénomination de MS-317.
Die Luftwaffe … Le terme Luftwaffe désigne les différentes armées de l’air de l’Allemagne au cours de son histoire. A la veille du déclenchement de la Seconde Guerre Mondiale, la Luftwaffe est considérée comme l’armée de l’air la plus puissante du monde. Elle aligne environ 4.000 avions, dont le célèbre Junkers Ju 52/3m et le non moins célèbre Fieseler Fi-156C-3 Storch, surnommé “Cigogne” à cause de son train d’atterrissage qui lui donne un petit air d’échassier.
Le Junkers Ju 52 fut utilisé par la Luftwaffe de manière intensive au cours de la plus grande partie de la seconde guerre mondiale pour des missions de transport, mais aussi de bombardement. Près de 5.000 avions ont été assemblés, tant en France qu’en Allemagne. De son côté l’Espagne en produisit environ 170 unités sous l’appellation CASA 352.
Le Fieseler Fi 156 Storch, sans doute le plus connu des appareils réalisés par la firme Fieseler, est un remarquable avion à décollage et atterrissage courts. Ce monoplan à aile haute contreventée est équipé d’un dispositif hypersustentateur d’une très grande efficacité. Son habitacle largement vitré procurait à son équipage, un champ visuel exceptionnel.
Warbirds Legends: Changeons à présent de continent pour aller du côté de nos amis “yankees” et évoquer un peu l’histoire d’un des chasseurs le mieux réussi de la Seconde Guerre Mondiale, le North American P-51 Mustang. A sa conception, et en raison de ses piètres performances à une altitude supérieur à 3.500 mètres, dues aux déficiences de son moteur Allison V-1710 de 1.100ch, le P-51 fut d’abord réservé aux missions de reconnaissance tactique. Après de nombreuses mises au point des différents moteurs qui l’ont équipé, sa version définitive dénommée P-51D Mustang, le voit doté d’un moteur Packard-Merlin V-1650-7 de 1.695ch. La production totale de ce qu’on a appelé plus tard la “Cadillac du ciel” a été d’un peu plus de 15.300 unités.
Plus près de nous, nos amis anglais n’ont pas été en reste non plus. La firme britannique Hawker produisit 615 exemplaires du Sea Fury FB Mk11 équipé du moteur en étoile Bristol Centaurus de 18 cylindres. L’appareil fut employé dans des missions d’attaque au sol au début de la guerre de Corée depuis les porte-avions de la Royal Navy.
L’Allemagne ne peut songer à un débarquement pour conquérir la Grande-Bretagne, car elle n’a pas de marine assez puissante, selon certains stratèges allemands de l’époque. C’est son aviation qui se lancera à l’assaut de l’île. Commencera alors La Bataille d’Angleterre. La chasse anglaise est rapide et efficace, elle posera de nombreux problème à la Luftwaffe, Hitler ordonnera alors la destruction de Londres qui prit le nom de Blitz (éclair). La Luftwaffe perd près de 2.000 appareils et leurs équipages. Un des principaux acteurs de la victoire de cette célèbre bataille n’est autre que le Supermarine Spitfire, mais aussi tous ces jeunes pilotes qui, avec un courage sans limite, ont combattu l’ennemi jusqu’à la victoire. Conçu par l’ingénieur R.J. Mitchell, ce monoplan à aile basse cantilever et train escamotable est équipé d’un moteur Rolls-Royce V.12 Merlin, il est de construction entièrement métallique. La chasse française devait employer des Spitfire de manière intensive, pendant et après la guerre, et notamment au cours du conflit indochinois jusqu’en 1949-1950. Plus de 20.300 unités ont été fabriquées.
Enfin, pour clore cette 1ère partie, nous évoquerons le Curtiss Model 75 Hawk (P-36). Ce chasseur monoplan construit en 1934 était le contemporain du Hawker Hurricane et du Messerschmitt 109, mais aux performances bien inférieures. Il fut un des premiers chasseurs modernes de construction entièrement métallique. Largement dépassé au moment de l’entrée en guerre, il fut utilisé de manière très importante par l’Armée de l’Air française pendant la bataille de France et sous le régime de Vichy. Nous avons eu le privilège d’admirer l’unique exemplaire existant encore dans le monde dont l’opérateur n’est autre que The Fighter Collection. Il a été construit en 1939 et est motorisé par un Pratt and Whitney R-1830-925.
Dans la seconde partie de cet article, nous aborderons les autres présentations en vol de cette fête aérienne.
A très vite sur votre site…