Cette seconde journée de meeting a été, sans nul doute, plus agréable que celle de samedi. La météo étant au beau fixe, un public plus nombreux est venu s’installer sur l’herbe encore un peu détrempée, pour passer quelques heures sur le plateau, et assister dans de bien meilleures conditions que la veille, au spectacle aérien qui lui était offert.
Parmi les spectateurs, des connaisseurs, des habitués, des curieux, et des nouveaux venus. C’est le cas de Florent que nous avons rencontré, qui venait pour la toute première fois à la Ferté-Alais, et qui a bien voulu partager ses impressions avec nous.
LPPA: Bonjour Florent, c’est aujourd’hui une première pour toi, tu viens de passer la journée sur le plateau de Cerny pour assister à ce meeting, peux-tu nous faire partager tes impressions, ce que tu as vécu aujourd’hui, et ce que tu retiendras ?
Florent : Bonjour, en effet, c’est une première pour moi. Après en avoir entendu parler pendant une bonne dizaine d’années, je suis venu cette fois pour découvrir, en total observateur, plutôt habitué aux semaines pro du Bourget et d’autres salons internationaux.
La météo du samedi, annoncée très tôt comme plutôt mauvaise, a sans doute découragé du monde, on a pourtant décidé de venir quand même, avec une affluence raisonnable (même si les puristes râleront pour certains vols annulés, etc., râler semblant être une spécialité de certains aficionados : “les avions passent trop loin, cet avion, on le voit trop souvent, c’était mieux la dernière fois, lui, il est grand et il va me gêner pour mes photos…).
J’ai été très surpris devant cette “population” présente que je ne connaissais pas trop. Les grands fous de photos avec plus de 10 000€ de matos, les glacières, les mini-tentes, les pieds à appareils de compétition, etc., les “mythos de la guerre” qui se baladaient en combi de vol et lunettes de soleil Ray-Ban, les anciens du gaz, hyper ouverts, qui racontaient leurs campagnes (un ancien pilote français de DC-3) avec lui, tu ne dis rien, et tu le laisses parler, les nénettes en talons qui accompagnaient leurs mecs et se demandaient un peu ce qu’elles faisaient là (surtout quand il y a eu de l’orage…), les passionnés qui connaissent le programme par cœur et qui en sont à leur 20e “La Ferté”… au moins. Pour ceux-là, il faut que leurs voisins autour d’eux, sachent qu’ils sont là un peu chez eux…, les techniciens, plus discrets, dont il faut se rapprocher pour écouter leurs conversations hyper intéressantes, ceux qui sont là, car c’est leur bol d’air loin des soucis etc…
Accompagné de mon père et beau-père, je n’ai pas trop pris le temps de parler avec les pilotes, au-delà de ceux croisés près de leurs machines, juste profiter d’un plateau vraiment rare en termes de nombre et de diversité de machines. S’en mettre plein les yeux (les oreilles et le nez avec le carburant cramé…) autant sur le statique que durant les vols, où tu es comme un enfant à regarder des appareils que tu n’as vu que dans des BDs ou dans les films qui ont fait ta culture (modeste) depuis ton enfance.
Être à chaque fois impressionné par les pilotes de plus de 80 piges et qui continuent à monter sur leurs machines, les jeunes prodiges de la voltige que tu revois régulièrement avec toujours autant de respect, l’esthétisme artistique de certaines trajectoires, et puis une ambiance meeting à la bonne franquette, qui tient grâce à une sacrée organisation (je ne les connais pas, mais je les remercie vraiment) et une sacrée dose de passion.
On essayera de revenir. Qu’importe si on se fait autant rincer que cette fois ci, juste voir du monde, des avions, et profiter.
Et le spectacle continue…
Les faucons de Staline
Mes faucons… c’était comme ça que Joseph Staline appelait ses aviateurs. On aurait pu croire que ce surnom donné à ces hommes et ces femmes, était une marque d’affection, pour celles et ceux qui ont donné leur vie pour l’Union Soviétique durant la Seconde Guerre mondiale, mais cela ne l’empêcha pas de les sacrifier sans aucun remord. C’est par milliers, qu’ils seront envoyés à la mort en près de 4 ans de guerre.
Deux avions de légende ont marqué l’histoire, le Yak 3 et le Yak 11, qui font partie des avions présents à la Ferté.
Le Yak 3, développé dans les bureaux d’Alexander Yakovlev, était destiné au combat aérien à basse et moyenne altitude, ses performances étaient supérieures à celles des chasseurs allemands et alliés. Sa vitesse et sa manœuvrabilité lui ont valu le surnom de “Moustique”. Vers la fin de la guerre, des exemplaires furent dotés de moteurs Klimov VK-107A (M-107A) de 1 650 CV, obligeant à revoir le bâti moteur, rallonger légèrement l’avant et reculer l’habitacle de l’appareil. Le GMP ayant continué à poser de nombreux problèmes jamais réellement réglés, les autorités militaires estimèrent que la cellule du Yak 9U conviendrait mieux à l’emploi du VK-107A et optèrent pour cette nouvelle motorisation.
A la fin du conflit, sa cellule fut utilisée pour concevoir un avion d’entraînement, le Yak-11, puis pour le premier chasseur à réaction de l’air soviétique, le Yak-15.
Largement inspiré par le chasseur Yak-3 et équipé d’un moteur en étoile Shvestov ASh-21 de 570 CV, le Yak 11 a été souvent comparé au T-6 Texan, mais est très différent pourtant de ce dernier, mis à par peut être, son utilisation en période de guerre. Un total d’environ 3 900 unités ont été fabriquées entre 1947 et 1956. Une version a été produite plus tard en Tchécoslovaquie, sous la dénomination LET C-11.
Tora Tora Tora !!!
Tora signifie « tigre » en japonais. Il s’agit du signal lancé par le capitaine Mitsuo Fuchida, leader de la 1ère vague de pilotes japonais, à bord de son bombardier Nakajima B5N2 lors de l’attaque de Pearl Harbor. Il signalait ainsi à son commandement que l’effet de surprise escompté lors de l’attaque était complet.
Dans le ciel de Cerny, ce n’est pas moins de sept North American T-6G, un North American AT-6, un North American SNJ-5F, un North American NA-68, un Naval Aircraft Factory N3N-3, un Ryan PT-22A Recruit, un Boeing-Stearman PT-13D Kaydet, un P-40N-5-CU Warhawk et un AT-6M “Zéro” (il s’agit en fait d’un North American T-6 maquillé) qui fondent sur l’aérodrome, déclenchant des explosions accompagnées de grandes volutes de fumée. Une reconstitution de l’attaque de Pearl Harbor, savamment orchestrées par les artificiers.
Elle marche sur les ailes…
Du courage… elle n’en manque pas, des sensations fortes… elle en a l’habitude… C’est sur le Stearman PT-13 piloté par son mari, que cette charmante Wing Walker, comme on les surnomme, nous a offert quelques arabesques et sueurs froides, pour les plus émotifs, au cours de ses évolutions au dessus du terrain. Danielle et son mari sont présents sur de nombreux meetings en France et en Europe. Rien que pour cette année, pas moins de 11 présentations seront à leur programme, citons des meetings en Hollande, en république Tchèque, en Belgique, en Suisse, en Grèce et en France, entre ce mois de juin et le mois d’octobre 2017.
Le vol des Flamant…
Quand nous entendons le nom de Marcel Dassault, une grande majorité d’entre nous pensons à des avions de combats à aile delta conçus par ce dernier. Sous son véritable nom de Marcel Bloch, actionnaire de Bordeaux Aéronautique durant la guerre, dessinera le projet BA 30 avec son bureau d’études. Cette étude fut reprise et modifiée à la fin de la guerre par Dassault Aviation qui construisit le petit bimoteur de transport militaire qui permit à l’industrie aéronautique française de repartir : le Dassault MD.315 Flamant.
L’avion qui nous a été présenté est un des 2 appareils propriété de l’Amicale des Avions Anciens d’Albert (4A) située en Picardie. Habituellement, ce sont les 2 exemplaires de la 4A qui assurent les présentations en vol. Un petit ennui technique sur le train d’atterrissage d’un des 2 appareils ne lui a pas permis de faire le voyage jusqu’en Essonne.
Les forces spéciales…
C’est le Transall C-160, vénérable appareil développé par le consortium franco-allemand Transport Allianz pour remplacer les avions de transport conçus à l’issue de la Seconde Guerre Mondiale comme le Nord 2501 Noratlas ou le Breguet Br.765 Sahara plus connu sous le nom de Deux-Ponts et les vieux Douglas C-47 Skytrain ou Dakota, qui pointe son nez sur le plateau. Cet appareil de transport militaire à moyen rayon d’action, modernisé dans les années 70 (avionique, réservoirs supplémentaires et ravitaillement en vol) devait être mis à la retraite à compter de 2018. L’Armée de l’Air prévoit de ne le faire qu’en 2023. Environ 33 appareils sont encore en service, ils sont basés sur la BA 105 d’Evreux-Fauville.
Hawker H.75
Dénomination française du fameux P-36 américain, cet unique exemplaire au monde du Curtiss H.75 était l’avion le plus populaire auprès des pilotes français durant la période 1939-1940. Son « extrême manœuvrabilité » a été un avantage important dans les engagements aériens dans lesquels les chasseurs français se sont trouvés face à un adversaire en surnombre. Il fait partie aujourd’hui de la collection personnelle de Sir Stephen Grey. Cet homme d’affaires anglais, domicilié en Suisse et ancien pilote dans la RAF aimerait que cet unique exemplaire du Curtiss H.75 demeure en France. Pour ce faire, il souhaite ouvrir une souscription, afin de récolter les fonds nécessaires à l’aboutissement de ce projet.
Warbirds Legends
Le temps des hélices ne serait pas, si la présence de warbirds n’était pas un des points d’orgue du célèbre meeting de la Pentecôte.
Qui n’a pas rêvé un jour de voir évoluer une légende, que dis-je, un monument, une cathédrale de l’histoire de l’aviation, Sa Majesté le Spitfire ? Le cracheur de feu est l’un des chasseurs monoplaces les plus utilisés par la RAF et par les Alliés durant la Seconde Guerre mondiale. Il donna lieu à une diversification et à une multiplicité de versions jamais atteinte auparavant dans l’histoire de l’aviation. Ses ailes elliptiques lui ont donné une apparence très reconnaissable. La section transversale mince de celles-ci lui a donné une vitesse impressionnante. La conception exceptionnelle de l’ingénieur Reginald Joseph Mitchell, décoré de l’Ordre de l’Empire Britannique en 1932, a fait du Spitfire un avion apprécié par les pilotes. Il a servi pendant toute la durée de la Seconde Guerre mondiale et, avec toutes ses variantes, a été de tous les combats.
Plus de 20 000 appareils furent construits.
D’autres célèbres warbirds et non des moindres ont évolué au dessus du plateau, citons le P51 Mustang surnommé par certains, la “Cadillac” du ciel, et le nom moins célèbre Hawker Hurricane MkII.
Duo Hawker Sea Fury & Hunter et passage de trois génération de chasseurs
Trois générations de chasseurs dans le ciel de Cerny !!
Le Hawker Hunter fut utilisé dans nombre de patrouilles aériennes; les Blacks Arrows et les Blue Diamonds en Angleterre, utilisaient de larges formations, jusqu’à 22 appareils. 1 932 exemplaires, prototypes compris, ont été construits, dont 102 biplaces, jusqu’en 1966. La Belgique et la Hollande en construisirent 445 sous licence, principalement des F.4 et F.6. Il semble toujours être en service au Liban, et chez nombre de contractants civils. Il fut un des premiers avions de combat à ailes en flèche de la Grande-Bretagne, capable de dépasser le mur du son en piqué.
Le Sea Fury développé pour la Royal Navy par la société Hawker Aircraft Limited durant la Seconde Guerre Mondiale fut le dernier appareil à hélice de la “Royal”, l’un des plus rapides monomoteurs à pistons jamais construit. C’est le dernier chasseur à hélice à avoir abattu un avion à réaction, un Mig 15 soviétique en 1952 durant la guerre de Corée. L’exemplaire évoluant sur le meeting de la Ferté-Alais est la propriété de Christophe Jacquard.
Fleuron du constructeur Dassault, le Rafale est un avion de combat multirôle. Il équipe aujourd’hui la Marine nationale et l’Armée de l’air Française ainsi que la force aérienne égyptienne. Les premières livraisons remontent à mai 2001.
L’avion est à ailes delta et plans canard. Il est équipé de commandes de vols électriques et d’éléments de furtivité passive et active. Sa propulsion est assurée par 2 moteurs SNECMA M88. Ses composantes de supériorité aérienne sont déclinées comme suit : missiles air-air et un canon. En mission air-surface tactique, il utilise des bombes guidées laser, des missiles de croisière et des missiles anti-navires. En bombardement stratégique, il est porteur d’un missile nucléaire.
Le Rafale a réalisé des missions de bombardement durant les guerres d’Afghanistan, les opérations Serval au Mali et Chammal contre l’EI en Irak. Il a également servi lors de missions d’interdiction et de bombardement lors de l’intervention en Libye. Le Rafale M est le seul avion de combat non américain autorisé à opérer à partir des porte-avions de l’US Navy.
Le retour…
Le point d’orgue de cette édition du Temps des Hélices est sans conteste, le retour d’un avion aux couleurs d’Air France. Le passage d’un Boeing “triple 7” de la compagnie nationale encadré par les Alpha Jet de la Patrouille de France, 30 ans après le dernier avion Air France présenté dans les mêmes conditions à ce meeting, le Concorde avec la PAF. Par une météo CAVOK et surgissant de derrière les nuages, le majestueux liner de chez Boeing aux couleurs nationales encadré par 8 Alpha Jet de la PAF illuminent le ciel en bleu, blanc et rouge, aboutissement de cette 45e édition du Temps des Hélices.
La patrouille de France venant clôturer les présentations en vol et augurant d’une 46e édition du même gabarit que cette année.
4 Comments
Pingback: DANS MON AÉROPLANE BLINDÉ | Sandro Agénor
Joël-Pol STEFF
Bonjour Sandro,
Un très joli reportage photo complémentaire à cet article. Nous invitons nos lecteurs à cliquer sur votre lien afin d’admirer ces merveilleuses machines vues au travers de votre objectif ! 🙂
Cordialement
Sylvain PASSEMAR
Merci pour ses magnifiques photos.
Je conseille a tous d’aller aux moins une fois voir un week end du spectacle l’Amicale Jean Baptiste Salis: AJBS http://www.ajbs.fr
Des monuments de l’aviation civile et militaire en vol pour le plus grand plaisir des yeux et des oreilles.
Jacques OZIEL
Binjour Sylvain,
Merci de votre commentaire. Nous nous efforçons d’illustrer nos articles pour rendre l’immersion du lecteur, la plus réaliste possible.
À bientôt sur notre site pour de prochains articles.
J.O