Une bonne nouvelle dans le paysage du dirigeable français. Dans un communiqué de presse daté d’hier, la société française FLYING WHALES annonce en effet l’entrée du groupe marocain MARITA GROUP à son capital. Les accords finaux ont été signés entre les deux industriels à Paris le 25 Juillet 2016 au Ministère français de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique.
Pour rappel, FLYING WHALES développe avec un consortium industriel de premier plan un programme aéronautique dont l’objet est la conception et l’industrialisation du LCA60T, un dirigeable charges lourdes d’une capacité de 60 tonnes. Ce projet s’inscrit dans la Solution « Transports de Demain » de La Nouvelle France Industrielle portée par le Gouvernement français. Le LCA60T permettra de transporter à bas coût et sans besoin d’infrastructures de transport, des charges lourdes ou volumineuses depuis ou vers tout point difficile d’accès. Le LCA60T est une solution unique au monde et à très faible empreinte écologique qui doit répondre, en France, à un premier objectif stratégique pour l’Office National des Forêts : mobiliser davantage la ressource bois.
La Chine a elle aussi souhaité participer à ce programme pour ses propres besoins en logistique. A cet effet, un accord cadre capitalistique avait été signé en Juillet 2015 entre FLYING WHALES et le groupe national aéronautique chinois AVIC GENERAL, en présence des deux Premiers Ministres.
Le Maroc est aujourd’hui devenu le troisième pays du LCA60T, et accueillera sur son sol, comme en France et en Chine, l’intégralité de l’écosystème nécessaire à la production de LCA60Ts, ce qui fera du Maroc un constructeur aéronautique à part entière.
« Cette solution offre des perspectives très importantes pour le désenclavement économique des régions dont le développement est freiné par le déficit en infrastructures de transport. Le groupe MARITA et FLYING WHALES se sont rapprochés pour faire entrer le Maroc simultanément à la Chine dans ce programme aéronautique. FLYING WHALES devient une entreprise Franco-Sino-Marocaine et notre objectif est de produire les LCA60Ts en France pour couvrir les besoins en Europe, en Chine pour couvrir les besoins en Asie, et au Maroc pour couvrir les besoins du continent africain », déclare Sébastien BOUGON, Président de FLYING WHALES.
« Nous soutenons fortement ce programme qui s’inscrit dans l’une des missions prioritaires que le Royaume s’est donné, à savoir jouer un rôle de tout premier plan dans le développement du continent et notamment en matière de logistique. […] Cette solution peut beaucoup nous apporter, comme par exemple pour la montée en puissance de Dakhla, notre hub pour l’Afrique de demain », indique Tarik TALIBI, Directeur du Transport Aérien du Maroc et représentant Aziz RABBAH, Ministre de l’Equipement, du Transport et de la Logistique du Maroc, lors de cette signature.
« Les applications pour le Royaume comme pour l’Afrique sont innombrables. On retiendra par exemple la possibilité de mobiliser nos ressources depuis des zones difficiles d’accès, de renforcer et accélérer nos développements logistiques en s’affranchissant des ruptures de charges, ou encore de s’affranchir d’investissements considérables en infrastructures là ou l’activité mérite d’être développée mais ne justifie pas forcément à ce jour de tels investissements. Pour le continent et au-delà des besoins propres à chaque pays, une telle solution permettra de connecter à bas coût les grandes plateformes logistiques africaines », explique Rahhal BOULGOUTE, Président de MARITA GROUP.
« MARITA GROUP est un acteur national dans le développement d’éco-quartiers et la promotion des technologies d’efficacité énergétique et la production d’énergie propre. MARITA GROUP ambitionne aussi un rôle de leader régional dans le domaine de la mobilité électrique. Le projet FLYING WHALES est alors une diversification logique pour MARITA GROUP. Enfin ce programme s’inscrit dans l’une des missions prioritaires que le Royaume s’est donné, à savoir jouer un rôle de tout premier plan dans le développement économique et humain du continent africain et notamment en matière de logistique : la compétitivité des territoires devient alors un enjeu essentiel et discriminant pour crédibiliser les politiques de partenariat et de co-développement », commente Rachid SMIDI, Directeur Général de MARITA GROUP.
« Ce projet incubé depuis trois ans, solide sur tous les aspects marchés, technologies, partenariats, cadre réglementaire et financement, est un projet exemplaire d’innovation industrielle respectueuse de l’environnement, au service du développement des territoires et qui va révolutionner l’accès aux ressources naturelles, la logistique dans les zones en déficit d’infrastructures ainsi que le transport lourd ou exceptionnel », se félicite André SOULAGE, Chef du projet Dirigeables au sein de la Solution « Transports de Demain » de La Nouvelle France Industrielle, Pôle SAFE.
MARITA GROUP : MARITA est un groupe industriel marocain diversifié, dont les activités principales résident dans l’industrie du bois (n°2 mondial du liège), l’immobilier, la mobilité électrique et désormais l’aéronautique.
FLYING WHALES : FLYING WHALES est une société française qui porte le programme LCA60T et qui s’inscrit dans la solution « Transports de Demain » de La Nouvelle France Industrielle portée par le Gouvernement français. L’objet de ce programme est la conception, l’industrialisation et la commercialisation de dirigeables charges lourdes d’une capacité de 60 tonnes.
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Thibault Proux
4 Comments
Garcia
Bonjour,
Quelques questions concernant l’utilisation du Flying Whales :
– Pouvez vous confirmer que le dirigeable devra être stocké, pendant la nuit, dans un hangar, pour être protégé des intempéries ? (du vent…). Si oui, on parle d’un bâtiment de plusieurs dizaines de mètre de longueur, de largeur et de haut, (pour un cout de construction de plusieurs dizaines de millions d’euros), pour chaque dirigeable. Peut on alors vraiment affirmer que Flying Whales permettra “de s’affranchir d’investissements considérables en infrastructures”…? Quel opérateur pourra aura les moyens de construire un tel hangar ? (qui au passage plombera définitivement son business model…)
– Avec quoi sera réalisé le ballastage ? Si, comme je l’imagine, il est réalisé avec de l’eau… cela signifiera que le dirigeable larguera 60 tonnes d’eau à chaque chargement ? Est-ce bien sérieux…?
– Vous parler de transport de bois. Le bois brut coute moins de 100euros la tonne. En admettant que vous fassiez un aller-retour en deux heures, votre cout d’opérations devra donc être significativement moins cher que 3000euros/heure… (carburant, équipage, amortissement du dirigeable, amortissement des installations, etc…)…. bonne chance pour vos finances…
Bref… il est dommage que votre article ne soit pas un peu plus objectif et n’aborde pas aussi les inconvénients de ce système de transport.
Mais c’est un bon début….
–
Thibault PROUX
Bonjour Garcia, les points que vous soulevez font partis des sujets absolument cruciaux qui doivent effectivement impérativement avoir leur solution avant de démarrer un tel projet. Et par conséquent votre curiosité est bien légitime. La société FLYING WHALES dévoilera en temps voulus les réponses à ces questions pertinentes. Je vous invite par ailleurs à lire les autres articles traitants de l’aéronef de FLYING WHALES dans lesquels vous trouverez quelques éléments de réponses.
Hervé
Suite à la lecture de l’article ci-dessus pourriez vous me dire svp quelle licence faut-il avoir pour devenir pilote de dirigeable?
Merci de me dire, dans la mesure du possible, quelles sont les écoles de pilotage en mesure de délivrer cette formation et éventuellement son coût.
Merci d’avance
Thibault PROUX
Bonjour Hervé, merci pour cette question pertinente (et complexe). Aujourd’hui, il n’existe pas de licence de pilote de dirigeable en France. Il doit être encore possible d’obtenir un brevet de pilote de dirigeable ULM Classe 5 (<900m3, Pmax<90kW pour un biplace et 75kW pour un monoplace), en France uniquement. Idem pour un dirigeable à air chaud. Pour un dirigeable de plus grande taille, les formations se font auprès des constructeurs (Zeppelin par ex.). Je n'ai pas idée des coûts, mais a priori ces pilotes obtiennent une qualification spécifique à un aéronef (comme en ULM Classe 5) et qui vient après une licence commerciale hélico ou avion + un certain nombre d'heures de vol. Tout ça n'est pas très précis, le fait est qu'il y a très peu de dirigeables et donc très peu de pilotes dans le monde. C'est du cas par cas. Cependant, l'autorité européenne (EASA) vient de publier une mise à jour de sa réglementation des licences pilotes qui inclue les pilotes de dirigeables, on tient le bon bout !