Le 12 juillet 2016, 42 ans après son premier vol et 38 ans après son introduction au service actif, le Super Étendard, dans sa version Modernisé, alias SEM, tire sa révérence. La B.A.N. de Landivisiau recevait ce jour approximativement 1.500 invités, militaires et civils, lors d’une cérémonie organisée pour l’Adieu aux Armes de cet appareil et le Portail des passionnés d’Aviation a assisté à l’événement.
Les évolutions successives du Super Étendard, du standard 1 à 5, ont permis à cet appareil mis en service à l’époque où les Mirage III étaient au milieu de leur gloire et de leur vie active, de rester parfaitement intégré au sein des opérations conduites par l’Aéronavale et des différentes coalitions, dont la dernière en date, celle de l’OTAN contre ISIS.
– Le standard 2 en 1986, avec le remplacement du radar Agave par le radar Anémone en 1992, permet au Super Étendard d’évoluer en Super Étendard Modernisé.
– Le standard 3 en 1997, avec l’arrivée de la nacelle ATLIS, permet au SEM de délivrer de l’armement guidé laser.
– Le standard 4 en 2000, augmente l’autoprotection de l’avion vis-à-vis des SAM/AAM ainsi que les capacités de reconnaissance de l’avion avec de nouveaux capteurs photos dans le conteneur CRM 280.
– Le standard 5, dernière évolution en 2006, apporte un nouveau PA, la capacité à délivrer des armements guidés GPS et surtout la capacité d’attaquer de nuit avec le pod Damoclès couplé à un FLIR pour la navigation et la désignation de cibles en mode nocturne, et la possibilité d’utiliser des lunettes de vision nocturne.
La Flottille 17F opère des SEM depuis 1994, soit un an après son arrivée sur la BAN de Landivisiau. Après un dernier détachement opérationnel avec 8 avions au Moyen-Orient dans le cadre des missions Arromanches 2 et Chammal fin 2015-début 2016, et un dernier appontage sur le porte avion Charles de Gaulle le 16 mars de cette année, quelques SEM, cinq, avaient été gardés en conditions opérationnelles jusqu’au 12 juillet.
Le Capitaine de Vaisseau Pascal Cassan, ancien pilote de SEM et commandant de la base de Landivisiau nous a accueilli dans les locaux de la flottille 17F pour une session de questions/réponses. Il nous a expliqué que, selon lui, c’était le bon moment pour retirer cet avion emblématique de l’Aéronavale. En effet cela permet de retirer l’avion alors qu’il est encore en « pleine forme » (rappelons que ses dernières missions opérationnelles remontent à quelques mois seulement) sans souffrir des problèmes liés à un vieillissement excessif de la structure et des systèmes.
De plus, cela amène de la cohérence au sein de l’aéronavale : le « tout Rafale » est maintenant une réalité puisque toutes les flottilles de combat, 11F, 12F en sont déjà équipées et que la 17F a entamé la transition depuis un peu moins d’un an. Elle sera totalement dotée du Rafale M d’ici fin 2016 pour être opérationnelle en 2017. Ce nouvel avion à commandes de vols électriques, bien plus moderne au niveau du système d’armes, permettra aux pilotes d’opérer plus loin du Porte Avion, avec plus d’emport et sur des missions plus longues (approximativement 5h max pour les SEM vs plus de 7h sur les Rafale M), tout en permettant aux pilotes d’avoir une liaison de données avec les autres aéronefs ou les stations sols et de se consacrer d’avantage à la mission, grâce aux différentes assistances offertes par l’appareil. La seule perte de capacité pour l’Aéronavale concerne l’emploi des munitions GBU49 et 58 (guidées laser+GPS), pas encore qualifiées sur Rafale M.
La cérémonie de retrait a duré toute l’après midi, avec la présence du Contre-Amiral Thouvenin, ALAVIA ou Commandant de la Force de l’Aéronautique Navale.
A l’issue d’une revue des troupes de la BAN et d’une remise de médailles, un défilé aérien a été réalisé avec plusieurs avions emblématiques de l’Aéronavale comme le Hawkeye, le Zéphyr, un MS Paris et le Rafale M. Deux SEM firent une démonstration Bravo de toute beauté avant qu’un SEM dans la livrée des années 80 fasse des évolutions en solo. Les trois derniers SEM se posèrent ensuite, marquant la fin des derniers vols opérationnels du SEM, puis ils revinrent au parking pour couper leurs réacteurs simultanément. « Paston », « Little » et « Tristan », pilotes de la 17F, reçurent ensuite la traditionnelle bouée !
« Adieu Papy SEM ! » comme aiment à le dire les marins de la 17F !
En suivant, quelques photos de la journée.
Texte et photos : PE Langenfeld et Vincent Massé, sauf mention contraire
5 Comments
Florent
Bonjour,
Pouvez-vous expliquer cette tradition de la bouée s’il vous plaît? 🙂
Adieu à cette merveille qui en effet, a eu le bonheur de ne pas trop se déchirer au vent au fil des années.
Joël-Pol STEFF
Dans l’Aéronautique Navale, rien ne peut être célébré sans une bouée décorée, bouée issue des traditions de la Royale, ou Marine Nationale.
Rémi
Quelle élégance… Les ingénieurs aéro français sont aussi des poètes.
On est loin de la force brute des crusaders et autres tomcats.
Lefrançois
L’Association nationale des amis du musée de l’aéronautique navale (ANAMAN) basé sur l’aéroport de Rochefort – Charente-Maritime conserve deux exemplaires du Super-Étendard : le no 2 et le SEM no 830 l’un des derniers catapultés depuis le Charles de Gaulle et arrivé le 3 mai 2016.
Sylvain PASSEMAR
Très belle et longue carrière pour cet appareil, d’une taille de cellule fort modeste, mais qui à vue son système de navigation et d’attaque régulièrement mis à niveau.