Malgré une météo très capricieuse, ce qui, depuis le début de la saison des meetings en France, est quasiment notre lot quotidien, nous étions présents au dernier des 3 meetings de l’Air édition 2016 organisés par la Fondation des Œuvres Sociales de l’Air (FOSA) les 8 et 19 juin 2016 à Avord. Une montée en puissance au niveau du plateau présenté, après les meetings de Creil et d’Istres.
Un peu d’histoire pour commencer….
La BA 702 – Avord – “Capitaine Georges Madon”
Située à une vingtaine de kilomètres de Bourges, la Base s’étend sur un peu plus de 1.100 hectares. On estime à 2.400 civils et militaires, le nombre de personnes œuvrant chaque jour sur le site. Elle est considérée aujourd’hui comme le 1er employeur du département (Cher). Le commandement de la base est assuré par le colonel Kuzniak.
Sa situation au centre de l’hexagone en fait une des Bases les plus importantes de l’Armée de l’Air. Elle assure aujourd’hui trois missions, essentielles pour la sécurité du territoire national ainsi que celui des alliés de la France.
- La rapidité d’intervention dans le monde entier, en projetant des unités de combat et de soutien,
- La dissuasion de tout ennemi voulant s’en prendre aux intérêts vitaux de la France, grâce à à une posture de dissuasion nucléaire. Il faut rappeler que dans les années 60, le Mirage IV A équipé d’une bombe nucléaire assurait cette force de dissuasion. Ce sont les Rafale et Mirage 2000 N qui l’assurent aujourd’hui.
- La surveillance et la protection de l’espace aérien grâce aux 4 avions radar E-3F (AWACS) modernisés au standard Block 40/45, c’est à dire au même niveau que ceux équipant l’US Air Force, que l’on peut considérer comme la “police du ciel”. L’actuel championnat d’Europe de football en France, ou d’autres manifestations sensibles peuvent bénéficier de ce dispositif de protection. Notons également que la base est dotée du système de missiles Sol-Air Mamba, système permettant de déployer et mettre en place une bulle de sécurité d’un rayon d’environ 100 km autour d’un point sensible.
Enfin, il faut retenir que la 1ère école d’aviation au monde fut installée à Avord sur la proposition dès 1910 du Prince Charles-Louis-Pierre d’Arenberg, alors Conseiller Général. C’est entre 1916 et 1917 que le centre de formation au pilotage d’Avord devient la 1ère école d’aviation au monde.
Le meeting, le plateau…
Ce n’est pas moins de 7 patrouilles qui ont évolué dans le ciel avarais au cours du meeting… quant on parle de montée en puissance …
• La Patrouille de France
• Les Frecce Tricolori (Italie)
• Les Red Devils (Belgique)
• Les Royal Jordanian Falcons (Jordanie)
• Les Ramex Delta (France)
• La patrouille Kamomil (France)
• La patrouille REVA (France)
Soit environ près de 104 avions français et internationaux présents sur le plateau aérien pour les 104 ans du camp d’aviation d’Avord.
Parmi eux, et pour l’aviation de chasse moderne, nous retiendrons la présence du Rafale et de l’EuroFighter Typhoon, celle des hélicoptères militaires Caracal et Tigre. Les débuts de l’aviation étaient également représentés par le Blériot XI et le Stampe, et pour les locaux, les avions radar AWACS et les Embraer EMB-121 Xingu.
Enfin, différents spectacles dynamiques aéroterrestres retraçant la vie de la base d’Avord étaient proposés :
• Le plateau 1916 : centenaire de la 1ère école d’aviation du monde
• Le plateau 1966 : 50 ans de dissuasion nucléaire (du Flamant au Mirage IV)
• Le plateau 2016 : une base internationale fortement engagée en opérations.
La journée de vendredi a vu l’arrivée des pilotes et leurs appareils, malgré les très importantes averses de pluie et de grêle, surtout en milieu d’après midi. Cette première journée est habituellement dédiée aux spotters, (passionnés d’avions et de photos). On les retrouve sur la plupart des meetings de l’hexagone et d’ailleurs (Europe, USA etc…). N’étant nullement avares de leurs trophées (photos et vidéos…) ils ont pour habitude de les publier et les partager sur les différents réseaux sociaux.
Les journées de samedi et dimanche sont dédiées au public, fervent amateur de circonvolutions et autres prouesses acrobatiques des pilotes et leurs machines.
Le programme des évolutions en vol débutait donc à 10h avec l’entrée en lisse du Pilatus PC-7 suivi de la patrouille Kamomil constituée de 5 Embraer EMB-121 Xingu. Ce petit bi-moteur de fabrication brésilienne très économique en terme de consommation, reste néanmoins un appareil très rapide, son équipage peut comporter jusqu’à 5 personnes munies de leurs bagages. Il sert également d’avion d’instruction pour la qualification multimoteurs.
Vient ensuite le célèbre Boeing Stearman A75N1 appartenant à Aéro Vintage Academy basée à la Ferté Alais. Ce biplan a été principalement utilisé comme avion d’entrainement militaire, mais aussi civil. Il a été fabriqué aux USA à environ 9.800 exemplaires. Aussi appelé Kaydet, il a été vendu sur le marché civil à l’issue de la 2ème guerre mondiale.
Dans la continuité du programme, un protagoniste de la guerre du Viêt Nam basé habituellement à Montélimard-Ancone décolle à son tour de l’imposante piste de 3.500 mètres. Cet appareil a été développé par la firme Rockwell dans les années 60 pour les besoins de l’US Marines Corps pour des missions de reconnaissance avec des possibilités d’armement léger. C’est le 16 juillet 1965 que le premier OV-10 à pris l’air. Avec son habitacle à grande visibilité et sa soute arrière, le Bronco a été produit à la fois pour l’Air Force, la Navy et le Marine Corps. Les 157 Ov-10 de l’USAF ont été opérationnels au Viêt Nam en 1968.
Pour beaucoup, le nom de Marcel Dassault évoque souvent les avions de combats à ailes delta ou pour d’autres les chasseurs monomoteurs construits par ce dernier dans les années 30 sous son véritable nom de Marcel Bloch.
C’est peu après la Seconde Guerre mondiale, en juillet 1947, que Dassault proposa au Ministère de l’Air un projet d’avion de transport léger bi-moteurs à ailes basses muni d’un train tricycle rétractable, d’un empennage bi-dérives, entièrement métallique, le MD 303. Les premiers essais de ce dernier se montrèrent peu satisfaisants, et l’avion fut plutôt considéré comme un échec. Cela ne découragea nullement le bureau d’études des avions Dassault, qui modifia profondément l’appareil, et proposa des versions plus élaborées : la famille des MD-311, 312 et 315 Flamant.
Juste avant la pause de midi, c’est au tour de la patrouille Belge des Red Devils d’évoluer sous un ciel de plus en plus menaçant.
Composés de quatre petits monomoteurs d’entraînement à hélice Siai Marchetti SF-260 porteurs d’une livrée rouge écarlate, les Red Devils ont été recréés en 2011, après 34 ans d’interruption, dans la lignée des patrouilles qui avaient volé sur des avions de chasse Hawker Hunter (1957-1963) et puis sur des appareils d’entraînement Fouga Magister (1965-1977)
Modifiant quelque peu la programmation des vols de la journée, le De Havilland DH.100 Vampire décolle immédiatement après, surprenant ainsi le public.
Cet avion développé durant la dernière guerre est un des premiers avions à réaction à être entré en service dans la Royal Air Force en 1945. La production du Vampire a commencé juste un peu trop tard pour qu’il participe aux opérations de la Seconde Guerre mondiale. Cet appareil fort réussi a été construit en plusieurs versions et a volé dans les forces aériennes de plus de 15 pays. Le Vampire a permis aux pilotes de chasse de se familiariser non seulement avec le vol à réaction, mais aussi avec la pressurisation de l’habitacle et le train tricycle.
Enfin et pour achever cette première matinée c’est au tour de la patrouille Reva de s’élancer dans le ciel d’Avord.
C’est en 1983 que le Lieutenant-colonel Weber qui totalise près de 4.000 h de vol sur Mirage, décide de construire sa propre machine. C’est en s’appuyant sur le modèle du Variez, qu’il conçoit l’Acroez en y apportant de multiples améliorations. La forme très particulière dite en “canard” en fait un avion de voltige très performant. C’est en 1992 sur le terrain de Colmar-Houssen que nait l’association Reva
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Les évolutions en vol reprennent vers 13 h après une pause bien méritée pour les pilotes et le public avec 3 machines toutes aussi différentes l’une que l’autre. le bal est ouvert avec un Bucker Bü 131B Jungmann, l’Eurofighter Typhoon et enfin le Colomban MC-15 “Cri-Cri”.
Destiné à assurer un rôle majeur dans la défense aérienne de l’Europe du 21ème siècle, l’Eurofighter 2000 dénommé Typhoon, est assurément l’un des chasseurs les plus compétitifs du monde. Comme son nom l’indique, l’EF 2000 est un appareil de fabrication européenne pour des missions de défense et de supériorité aérienne et pouvant effectuer des missions d’attaque. C’est en 1986 que la Grande-Bretagne, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne fondèrent le consortium Eurofighter GmbH chargé du développement de cet appareil. En 1986, la France, partenaire au départ en 1983, se retire du projet et décide de développer elle-même son propre avion : le Rafale.
Puis c’est au tour des avions représentant le plateau 1916 de faire leur apparition dans le ciel avarais, en commençant par le Blériot XI et poursuivant par le Stampe SV4.
Le Blériot type XI est un avion construit par Louis Blériot avec l’aide de Raymond Saulnier. Cet avion fut utilisé par l’Armée française durant la 1ère Guerre Mondiale. Sa conception date de 1908, et il resta en production jusqu’en 1931. C’est le 23 janvier 1909 qu’a lieu le premier vol d’essai du Blériot XI à Issy-les-Moulineaux, au cours duquel Louis Blériot va parcourir 200 mètres à la vitesse de 75 km/h.
Avec le retour des éclaircies sur la Base, se préparait la patrouille italienne haute en couleur des Frecce Tricoliri. Cette patrouille est constituée de neuf avions et d’un solo. C’est la patrouille acrobatique comportant le plus grand nombre d’avions. La livrée bleue des avions est soulignée par la bande tricolore qui parcourt les flancs du fuselage. La patrouille utilise aujourd’hui des Aermacchi MB-339 et ce depuis 1982.
La très attendue patrouille des Ramex Delta de l’escadron de chasse 2/4 “La Fayette” décolle dans un bruit assourdissant laissant deviner la puissance de ses réacteurs, post-combustion allumée.
Dignes ambassadeurs de l’aviation de chasse , les Ramex Delta présentent un programme dans lequel chaque figure démontre le haut niveau tactique des escadrons de chasse français. L’avion lui, n’est autre que le Mirage 2000 N de la firme Dassault. La livrée particulièrement élaborée à l’occasion des 100 ans de l’escadrille La Fayette, ornait un des 2 appareils à tête de Sioux. Avec la fin du Mirage 2000 dans l’Armée de l’Air, ces 2 avions exceptionnels devraient probablement être remplacés à court terme par le Rafale.
Le plateau 1966 a vu un de ses représentants prendre majestueusement l’air, le Boeing C-135 FR Stratotanker s’élance sur la piste avec la puissance des ses 4 réacteurs à double flux à pleine puissance.
Réalisé à partir du même prototype que l’avion de ligne Boeing 707, le Boeing KC-135A fut conçu en vue d’assurer des missions de ravitaillement en vol pour le compte des bombardiers stratégiques de l’USAF dans le monde entier. Caractérisé par une vitesse élevée et une importante capacité d’emport en carburant, cet appareil effectua son vol initial en août 1956. La version modernisée du KC-135A, le KC-135R vola pour la première fois en août 1972.
Et enfin l’avant dernière patrouille du programme de cette journée s’aligne parée tout de rouge et gris.
Créée le 7 novembre 1976 par le roi Hussein de Jordanie, les quatre pilotes qui la constituent sont issus de l’armée de l’air jordanienne. Les avions ne sont autre que les EA300S conçus par monsieur Walter Extra. Ce sont des avions monoplaces à hélices. Cette patrouille est basée sur l’aéroport d’Aquaba.
L’organisation de cette patrouille est atypique puisque si les pilotes sont des militaires, l’entretien des appareils est confié à la compagnie aérienne (civile) Royal Jordanian Airlines.
Autre grand moment dans le ciel d’Avord, le Rafale Solo Display avec aux commandes, le Capitaine perpignanais Jean Guillaume “Marty” Martinez. Il devrait être le pilote attitré pour les saisons 2016 et 2017.
Enfin, et pour clôturer une journée riche en émotions, tant le programme était varié, c’est le plateau 2016 qui prend le relais avec rien moins que le Caracal, le Transall C-160 et l’E-3F AWACS. (Airborne Warning And Control System) de la 36ème escadre de commandement et de conduite aéroportés (EC2A).
Un meeting national ne serait pas un meeting sans la présence de la patrouille de France que l’on ne présente plus. Elle évoluait sous le ciel bérrichon dans son programme de présentation 2016.
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Photos de l’auteur, sauf mention contraire.
6 Comments
Dominique BRESSON
“devraient probablement être remplacer”… Ça pique! (remplacés, merci).
Joël-Pol STEFF
Merci bien, cette faute nous avait échappé à la relecture ! 🙂
Dominique BRESSON
Ça arrive… C’est pas grave! Ce qui est inadmissible, ce sont les rédacteurs qui se fâchent devant ce genre de remarque… Si, si, ça existe…
Très amicalement.
Joël-Pol STEFF
Ce n’est pas du tout notre style sur Portail-Aviation, bien au contraire … 🙂
BERNARD PAPON
oui, malgré un temps couvert , nous avons eu droit à un excellent plateau d’aéronefs statiques et en vol . Une belle journée pour tous les passionnés et merci à la base 702 pour l’organisation de ce show aéronautique.
ALLOU
Sauriez-vous à quelle date se déroulera le prochain meeting sur la BA702, d’Avord ? Il me semble que ce sera en 2020, mais impossible de trouver sur internet… merci d’avance !!