Une fois n’est pas coutume, le meeting aérien de la Pentecôte, plus connu sous le nom “Le temps des hélices” , dans sa 44ème édition, et qui se déroule le week-end de la Pentecôte, a tenu toutes ses promesses, tant par la qualité de l’organisation, que par le plateau proposé.
Cette année, un hommage particulier a été rendu à feu Monsieur Marc “Léon” Mathis, disparu accidentellement lors d’un vol d’essai sur un ULM expérimental privé, le HKW-01 de la société HKW Aéro. Ce pilote, hors du commun, était familier du MD-83, du DC-10 et d’autres machines encore, comme le FW-190, le P-51 “Mustang“, mais aussi de son propre Zlin 526 avec lequel il nous a régalé plus d’une fois par ses acrobaties aériennes, dont lui seul connaissait le secret. Léon était un habitué du meeting puisqu’il assurait lui même un certain nombre de présentations en vol.
Malgré une météo plus que capricieuse, le public n’a pas boudé le spectacle.
Dès vendredi, veille de la grande fête aérienne, les essais étaient interrompus en raison de violents orages sur le terrain, ce n’est que tard dans l’après midi que le Rafale Solo Display, avec aux commandes cette année et pour la 1ère fois, le successeur du Capitaine Benoit Planche alias “TAO“, le Capitaine Jean-Guillaume Martinez alias “Marty”, a pu être assuré sous un ciel parcouru par les éclairs. Spectacle assez exceptionnel, il faut le souligner.
Le meeting se déroule en deux temps, les matinées de samedi et dimanche sont consacrées à la présentation statique des avions qui évolueront durant ces deux jours. Les présentations en vol se déroulent l’après-midi avec les commentaires de l’incomparable Bernard Chabbert, dont les anecdotes régalent le public.
Le bal est ouvert par le traditionnel vol du Scheibe SF28 “Irène“, suivi par celui du BB Jodel D9 avec aux commandes, s’il vous plaît, Monsieur Jack Krine himself.
L’armée de l’Air, avec son Dassault Rafale présentation Alpha, prenait le relais dans une démonstration au millimètre.
L’appareil de présentation n’est pas encore revêtu d’une livrée particulière, comme celle qui ornait celui du Capitaine “TAO“
Les faucheurs de marguerites
Le bien nommé “temps des hélices” ne le serait pas, si des machines comme le Blériot XI ou le Caudron G3 n’étaient pas présentes sur le plateau de Cerny.
Un peu d’histoire pour nous rappeler que c’est en 1906 que Louis Blériot, alors âgé de 36 ans, se lance dans l’élaboration et la construction de son nouveau projet d’avion: le Blériot. L’appareil évolue durant les deux années suivant sa création, notamment avec l’ajout de nouveaux éléments techniques facilitant les conditions de vol. Le Blériot XI apparaît en 1908 et est présenté en 1909 à la première exposition internationale de la locomotion aérienne au Grand Palais à Paris où il fait sensation.
Il est resté célèbre pour avoir effectué le 25 juillet 1909 la première traversée de la Manche en parcourant les 38 km en 37 minutes à la vitesse moyenne de 61,6 km/h.
Autre ancêtre non moins célèbre, le Caudron GIII SA N° 33. Celui qui est présenté lors de la fête aérienne de la Ferté-Alais depuis 2 ans maintenant fut reconstruit à partir de plans d’origine, revus et adaptés par Roland PAYEN, l’inventeur de l’aile delta et des plans canards, aujourd’hui décédé, sous la direction de Jean Salis.
La menuiserie très complexe et toutes les cordes à piano qui servent à raidir les voilures furent exécutées par Marcel Bellecontre, et la chaudronnerie par un retraité d’UTA. La peinture et les enduits furent réalisés par les bénévoles de l’AJBS.
L’escadrille des biplans
Ce sera ensuite le tour de l’escadrille des biplans de faire leur présentation en vol avec respectivement les Stampe SV4, Bücker Bü.131 Jungmann , Bücker CASA Bü.131 E Jungmann et Bücker Bü.131 Jungmann Breitling.
Symbole du biplan français des années 30, le Stampe SV4 fut conçu en Belgique par la société Stampe et Vertongen. Il fut fabriqué en France par la SNCAN (Société Nationale de Construction Aéronautique du Nord) à 701 exemplaires et en Algérie par l’AIA (Ateliers Industriels de l’Air) de la Maison Blanche à Alger à 150 exemplaires.
La Bataille de Verdun 1916
Il serait faux d’affirmer que l’aviation fut utilisée pour la première fois à des fins militaires durant la Première Guerre mondiale, mais c’est pendant ce conflit qu’elle s’est révélée essentielle. Dans ce cas précis, la bataille de Verdun a joué un rôle décisif.
Construit en 1983, pour le tournage du film « l’As des As », cette réplique du SE5 fut élaborée à partir de cellules de Stampe largement modifiées par Marcel Bellencontre, sous la direction de Jean Salis et de Roland Payen avec le concours de quelques bénévoles de l’AJBS
Les deux illustrations ci-dessous représentent quelques uns des fleurons utilisés par les protagonistes de la grande guerre.
Le Temps des As
La première guerre mondiale a été la première vraie guerre aérienne. Apres 1918, plus un seul conflit ne pourra échapper à cette troisième dimension, mais plus jamais non plus l’aviation ne pourra être seulement civile. C’est ce grand bouleversement que met en évidence «Le temps des as». La présentation en vol des Fokker D.VII et Spad XIII à été un des clous du spectacle.
La Voltige et la patrouille REVA
La patrouille REVA a été créée par Réal Weber, ancien Pilote de l’armée de l’air. Celui-ci décida en 1983 de construire son propre appareil, inspiré des plans du « Variez » (avion imaginé par Burt Rutan, ingénieur aérodynamicien de la NASA). Deux ans plus tard naquit l’« Acroez », véritable avion de voltige.
Le projet initial de Réal Weber était de voyager et de participer en solitaire à des démonstrations en vol. Cependant, devant l’intérêt croissant du public, il s’orienta rapidement vers la compétition sportive et décida de créer une patrouille de voltige aérienne.
C’est ainsi qu’est née l’association REVA en 1992.
USA Flying 1930
Quelques petits bijoux “made in USA” étaient présents, dont un pour la 1ère fois à la Ferté, le Laird LC-RW300 Speedwing. Malgré une piste détrempée par les pluies de la veille, les appareils et leurs pilotes ont assuré le spectacle, sans “casser du bois”.
Le Stinson Reliant
Il effectua son vol inaugural durant l’été 1933. Il fut d’abord destiné au marché civil et évolua au travers de dix versions, du SR-1 au SR-10. Les premières versions étaient motorisés par un Lycoming R-680, tandis que d’autre furent propulsées par un Wright R-760. Du SR-1 au SR-6, l’aile haute était droite, tandis que les modèles ultérieurs disposaient d’une aile en “mouette”.
Le SR-10, apparu en 1938, était la version finale. On pouvait remplacer son train classique par des skis ou des flotteurs. Un Reliant fut l’avion personnel d’Al Capone.
Une vingtaine d’exemplaires sont toujours en état de vol aux Etats-Unis, et un seul en Europe au sein de l’Amicale Jean-Baptiste Salis
Le Boeing PT17 Stearman.
A lui tout seul cet avion mérite un chapitre, tant il a été un des avions les plus utilisés pour la formation de très nombreux pilotes américains et alliés durant la seconde guerre mondiale. Malgré son aspect rustique et un peu démodé à l’époque, il s’est révélé très efficace dans son domaine. J’en veux pour preuve les centaines d’exemplaires volants encore de nos jours et qui, depuis quelques années, sont de plus en plus importés en France auprès de collectionneurs. Revenons à son histoire. Il décolle pour la première fois le 26 novembre 1934. C’est durant cette même année que la compagnie Stearman est incorporée à la société Boeing. Près de 10.000 exemplaires, de plusieurs variantes de l’appareil, seront produits (PT-13 à moteur Lycoming, PT-17 à moteur Continental, PT-18 à moteur Jacob, ainsi que les versions navales). Il a une envergure de 9,80 m, une longueur de 7,63 m et un poids maximal de 1200 kg. Le moteur Continental R-670 de 220 ch lui permet une vitesse de 190 km/h pour une autonomie de 800 km.
Il a été vendu en surplus à de nombreuses armées étrangères et sur le marché civil. Depuis, il est devenu un avion de collection très prisé.
La seconde partie de l’article consacré au meeting aérien de la Ferté-Alais édition 2016 traitera respectivement de la dynastie des De Haviland, de la Luftwaffe, d’un avion mythique qu’est le B17 G “forteresse volante”, des warbirds de légende, de haute voltige avec nos 2 champions du monde 2015, des chasseurs français, des faucons de Staline, de la marine nationale et de la patrouille de France.
A suivre…..
Photos de l’auteur, sauf mention contraire