92 mètres de long, 43,5 mètres de large et 26 mètres de haut. Telles sont les dimensions de l’Airlander 10, dévoilé hier à la presse internationale par la firme britannique Hybrid Air Vehicles (HAV).
Situé dans les mythiques hangars de la Royal Air Force sur l’ancienne base de Cardington, au Nord de Londres, HAV conviait hier les médias du monde entier pour présenter la remise en état de vol de l’Airlander 10. Cet aéronef, un dirigeable souple de type hybride, a été développé initialement en 2005 par Hybrid Air Vehicles et Northrop Grumman pour répondre à un appel d’offre de l’US Department of Defense. En 2012, ce prototype a ainsi pu effectuer un unique vol de démonstration aux Etats-Unis. Après des réductions des budgets alloués à ce programme, HAV racheta à Northrop Grumman le prototype, alors appelé LEMV. Depuis la réception du prototype en 2013, HAV a travaillé à son reconditionnement et à la mise en conformité avec les réglementations civiles européennes.
Initialement destiné au transport logistique militaire, l’Airlander 10 a désormais pour applications le transport de charges lourdes, la surveillance aérienne mais aussi le transport de passagers. Les performances affichées sont ambitieuses : vitesse de croisière de 80kts (148km/h), plafond de 20.000ft (6.000m), charge utile de 10 tonnes, ou 48 passagers, endurance de 5 jours en configuration standard et jusqu’à 3 semaines en configuration télé-piloté.
Pour répondre à ces performances, de nombreuses innovations ont été développées :
Tout d’abord, la forme très particulière de l’enveloppe, sujet de très nombreuses moqueries, apporte néanmoins des atouts incontestables. Avec sa forme multilobée en profil d’aile, cette enveloppe permet à l’Airlander 10 de combiner une portance aérostatique (due au gaz porteur, l’hélium) et une portance aérodynamique (due à la forme en profil d’aile de l’enveloppe). Cette particularité, définissant le type « dirigeable hybride », permet de compenser le poids de la charge utile à transporter. Cela permet aussi d’assurer un stockage au sol de l’aéronef sans nécessiter de systèmes lourds et complexes pour retenir le dirigeable au sol. Cependant, le type hybride ne permet par les décollages et atterrissages verticaux lorsqu’il est chargé. De même, le chargement et le déchargement du fret se fait nécessairement au sol. Pour palier à cette faiblesse, HAV a développé un système d’atterrisseurs pneumatiques permettant à l’Airlander 10 de se poser sur tous types de surfaces (eau, sable, terrain, neige…).
Concernant la propulsion, elle est assurée par quatre moteurs diesel de 350 CV chacun. Deux moteurs sont positionnés au « bord de fuite » (à l’arrière) de l’enveloppe pour assurer une propulsion en phase de vol de croisière, tandis que les deux autres sont positionnés de part et d’autre de l’enveloppe. Les quatre moteurs sont vectorisables afin d’assurer des décollages et atterrissages courts et consommeraient jusqu’à quatre fois moins que ceux d’un aéronef de même capacité.
Parallèlement à la remise en vol de l’Airlander 10, HAV développe un aéronef de plus grosse capacité, dénommé Airlander 50, capable de transporter jusqu’à 50 tonnes.
Avec cette gamme d’aéronefs, HAV se positionne clairement comme l’un des acteurs sérieux du marché des Large Capacity Airship, transporteurs de charges lourdes. Aux Etats-Unis, deux programmes visent des marchés similaires : le programme ML868/866 d’Aeroscraft et le LMH-1 de Lockheed Martin. Deux autres acteurs sérieux sont aussi en course : le russe RosAeroSystems avec son Atlant et le français Flying Whales avec son LCA60T. Citons aussi le canadien LTA Aérostructures qui développe discrètement un aéronef aux capacités similaires.
Nos collègues d’Euronews ont pu filmer “le plus grand aéronef du monde” de plus près. Malgré ses mensurations importantes, ce dirigeable reste encore bien petit devant les 237 mètres du Graf Zeppelin, qui sillonna le monde dans les années 30.
Cette journée marque le début des essais au sol, indispensables avant les premiers vol d’essais prévus dans les semaines à venir. Près de 200 heures de vol seront nécessaires pour assurer le niveau de fiabilité de l’Airlander 10.
HAV ambitionne de produire jusqu’à 12 aéronefs par an à partir de 2018.
_______________________________________________________________________________
_______________________________________________________________________________
N’hésitez pas à commenter, partager et échanger sur cet article et le sujet des dirigeables en général.
Si vous souhaitez que nous traitions un sujet en particulier sur les dirigeables, demandez !
Thibault Proux
One Comment
Rémi
C’est gonflé de faire voler un engin comme ça.
Merci pour l’article très intéressant.
Je ne croyais pas trop aux dirigeables mais force est de constater que 3 semaines d’autonomie, c’est bluffant.
On arrive à une nouvelle ère du transport aérien…