En octobre dernier, les images avaient largement circulé sur les réseaux sociaux. Nous vous en avions parlé dans cet article et le sujet s’était même invité dans les débats de la campagne présidentielle américaine. L’un des deux ballons captifs du programme « Joint Land Attack Cruise Missile Defense Elevated Netted Sensor System – JLENS » s’était en effet détaché du sol le 29 octobre 2015 et avait dérivé durant près de quatre heures sur plus de 240 km avant de s’abîmer en Pennsylvanie. Aucun blessé ne fut à déplorer mais de nombreux dégâts (imputés au câble d’amarrage de 2 km de long, traîné au sol par le ballon) ont été déclarés. Une ligne haute tension avait ainsi été sectionnée, privant d’électricité quelques 35 000 personnes. Le trafic aérien avait lui aussi été fortement perturbé par le ballon en perdition et deux F-16 avaient du être déployés pour assurer un visuel et une localisation.
Suite à cet incident, de nombreuses voix s’étaient élevées pour demander l’arrêt définitif du programme, déjà cible de moqueries et de contestations depuis de nombreux mois. Les premiers éléments de l’enquête qui a suivi cet incident viennent de fuiter (le Pentagon refusant de diffuser le rapport), et risquent de donner de nouveaux arguments aux détracteurs du programme.
En effet, nous en savons désormais un peu plus sur les causes de l’incident du JLENS. Il s’agirait comme très souvent d’un enchaînement de causes variées, parmi lesquelles erreurs techniques et humaines, non respect des procédures et conditions météorologiques difficiles. D’après le site DefenseNews, ce ballon captif développé et produit par Raytheon aurait rompu ses amarres suite à une perte de pression dans l’un des empennages gonflés. Cette perte de pression s’expliquerait par une erreur d’information imputée à une défaillance d’une sonde Pitot. La perte de pression dans l’empennage aurait engendré une grande instabilité de l’aéronef évoluant dans des conditions météorologiques déjà difficiles. L’augmentation de traînée induite par cette instabilité aurait augmenté la tension dans le câble jusqu’au point de rupture. Cependant, ces raisons techniques n’expliquent pas pourquoi les systèmes de sécurité de dégonflage rapide du ballon ne se sont pas déclenchés, ni pourquoi la rupture du câble s’est faite au niveau du point bas (au sol) et non du point haut (ballon). Pour rappel, ce câble avait occasionné de nombreux dégâts sur son passage. La photo ci-dessous illustre la trace laissée par le câble d’amarrage sur son passage.
Une piste néanmoins, des erreurs humaines dans les procédures de gestion d’événements critiques seraient aussi en partie responsables de cet incident. En effet, il semblerait que la batterie alimentant le déploiement du système de dégonflage rapide n’était pas chargée au moment de l’incident et que la procédure de recharge n’ait pas été appliquée. Un nouveau plan de formation et des modifications des procédures sont d’ailleurs prévus.
Si toute la lumière semble désormais faite sur cet incident, le retour en vol du programme JLENS n’est pas pour autant acquis.
La balle est en effet dans le camp du congrès américain qui doit s’exprimer sur l’avenir du programme JLENS. Le budget du programme ayant été amputé de quelques 30 million de dollars dans le plan de financement de défense américain de 2016, les officiels militaires demanderaient aujourd’hui 27 million de dollars pour reprendre l’exercice début Octobre 2016. Une dotation de 45.5 million de dollars est aussi évoquée pour financer la remise en état du JLENS accidenté ainsi que celle du second ballon captif, remisé. Le NORAD (North American Aerospace Defense Command), opérateur du JLENS, souhaite en tous cas le retour en vol rapide des deux aéronefs, la menace d’attaques par petits aéronefs de types drones grandissant. Affaire à suivre.
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Thibault Proux