Suite au dernier vol du B747 d’Air France, le portail de l’aviation a décidé de vous faire revivre la grande histoire de cet avion, la reine des ciels. Cet article est le premier d’une série.
Conception du B747
Au début des années 60, l’armée américaine lance un appel d’offre pour la conception d’un avion gros porteur et à large rayon d’action capable de compléter par le haut la gamme d’avions cargos déjà disponibles (Lockheed C-130 et C-141). C’est l’ambitieux projet CX-Heavy Logistics System qui demande de pouvoir déplacer près de 82T de charge utile à plus de 800km/h et 52T sur plus de 9000km. Boeing perd cet appel d’offre au profit du Lockheed et de son Galaxy C-5 de Lockheed. Mais tout n’est pas perdu pour le constructeur de Renton auquel Juan Trippe, président de la Pan Am demande depuis longtemps de faire un avion de plus grande capacité que le Boeing 707.
Même si la proposition à aile haute de Boeing au projet CX-HLS ne fut pas intégralement reprise dans le design de ce qui allait devenir le 747 certains aspects ont étés conservés. Ainsi une configuration quadri-moteur et un double pont (courant initialement sur toute la longueur du fuselage) permettant la production de l’avion aussi bien en version passager que cargo sont restés. Le double rôle passagers/cargo demandait un cockpit positionné sur le pont supérieur, raccourci pour simplifier l’évacuation de ce dernier et qui permettait de placer une porte de chargement sur le nez de l’avion : c’est ce qui donna au Boeing 747 sa bosse si caractéristique.
A l’époque de la conception de l’avion, les seuls moteurs disponibles étaient à technologie simple flux, extrêmement gourmands en carburant et bruyants. Boeing, Pan Am et Pratt & Whitney se mirent d’accord pour développer et utiliser le premier moteur de grande puissance à double flux. Le développement par P&W du JT9D spécifiquement pour le 747 abouti sur les moteurs les plus puissants, économes en carburant et silencieux jamais construit.
Cependant transporter environ 400 passagers ne rassurait pas tous le monde. En plus de ces quatre moteurs surdimensionnés l’avion fut conçu avec des systèmes redondants. Ainsi on trouve par exemple quatre circuits hydrauliques pour les commandes de vol. Il y avait cinq trains d’atterrissage munis de dix-huit roues pour répartir la masse de l’avion sur le sol. Un système de volets à triple fente permettait de minimiser la vitesse d’atterrissage et d’utiliser les pistes d’aéroport standards.
La production de l’avion
En avril 1966, PanAm, impliqué dans la spécification de l’avion avant même que le projet ne soit officiel, commanda 25 747-100 pour un montant de 525 millions de dollars (3.8 milliards d’aujourd’hui). La cérémonie officielle de signature eut lieu à Seattle lors du 50ème anniversaire de Boeing et prévoyait les premières livraisons avant la fin de 1969 : une cycle de prototypage, de certification et de production de moins de 3 ans !
Produire industriellement un avion de 70m de long et de 60m d’envergure n’était pas chose aisée et l’usine capable de contenir plusieurs de ces avions n’existait pas tout simplement pas. Il fallu que Boeing construise pour le 747 le plus grand volume couvert au monde (maintenant égalé par celui de la ligne d’assemblage de l’A380 à Toulouse) à Paine Field, à proximité de Seattle. Le 30 septembre 1968, le premier 747-100 (N7470 – “City of Everett”) sortit de la ligne d’assemblage devant la presse et les 26 représentants de compagnies aériennes clientes. Air France était bien évidemment présente en tant que seconde compagnie après PanAm à recevoir ses exemplaires.
Le premier vol se déroula le 9 février 1969 depuis Paine Field et le 8 juin 1969 l’avion était déjà présenté au public au 28ième salon du Bourget ! Fin décembre 69, la FAA décernait à Boeing le certificat de type de l’appareil et le 15 janvier l’avion était livré à la PanAm pour effectuer sa première liaison commerciale le 22 janvier de New-York à Londres. Air France quant à elle, fut la seconde compagnie servie et reçu sont premier 747-100 le 7 avril 1970. Ce dernier fut opéré pour la première fois sur la route royale, entre Paris et New-York, le 3 juin, ce qui marqua pour la compagnie le début de 46 ans de bons et loyaux services. En effet toutes les générations du 747 à l’exception 747-8 ont été exploitées par Air France : le 747-100, -200, -300 et dernièrement -400 ont sillonné le réseau Air France.
De l’aveu même du personnel de maintenance, passer du 707 au 747-100 représentait un bon en avant, et à l’arrivée du nouvel appareil dans la flotte Air France, beaucoup se demandaient comment une machine aussi grande et lourde pouvait voler ! Cependant d’un point de vue maintenance, la machine s’est avérée fiable, aussi bien électriquement que mécaniquement et n’a d’ailleurs pas connu de problème majeur durant sa présence dans la flotte d’Air France.
Par PE Langenfeld et K Joubert