Une information qui parait anodine et pourtant ô combien significative, la FAA (Federal Aviation Administration, l’agence américaine de la sécurité aérienne) vient d’approuver le plan de certification du LMH-1, le programme de dirigeable hybride de Lockheed Martin.
Cette étape marque non seulement une avancée majeure pour le programme de la firme américaine, mais trace surtout un tournant dans la renaissance industrielle des dirigeables. En effet, l’approbation du plan de certification par l’une des principales autorités aéronautiques du monde affiche la confiance et le regain d’intérêt des hautes instances vis-à-vis des industriels du secteur et de leurs aéronefs. Cette reconnaissance, profitable à l’ensemble de la firme du dirigeable moderne, permet à Lockheed Martin de lever le verrou réglementaire qui pèse sur son programme particulier.
Ce programme, officialisé en Juin dernier au Salon International de l’Aéronautique et de l’Espace du Bourget (Paris Air Show), est l’aboutissement de plus de 10 années de développement. En 2006 déjà, le prototype P-791 développé et produit par Lockheed Martin effectuait son premier vol, démontrant ainsi les capacités des dirigeables de types hybrides souples à propulsion vectorisée.
Le LMH-1, au design très proche du P-791, a pour principale application le transport de charges lourdes dans des régions isolées et dépourvues d’infrastructures. Aucune information sur la potentielle dualité civile-militaire n’a pour l’instant fuitée, mais la recherche d’une certification civile laisse évidemment penser que la première application sera civile (ce qui n’exclue pas une utilisation militaire par la suite). D’une capacité de 20 tonnes et 19 passagers, le Lockheed Martin Hybrid-1 disposerait d’un plafond de 3800m (12500ft), d’une distance franchissable de 2600km (1400nm), d’une vitesse de 111km/h (60kts) et d’une soute de 18m de long, 3 mètres de large et 3m de haut.
Gonflé à l’hélium, le LMH-1 est un dirigeable de type hybride souple. Cette catégorie de dirigeable est particulière car la portance est alors assurée en partie par le gaz porteur (portance aérostatique) et en partie par la forme aérodynamique de l’enveloppe (portance aérodynamique). Le dirigeable est alors plus lourd que l’air. Dans le cas du LMH-1, 80% de la portance est assurée par le gaz porteur et 20% par la forme aérodynamique et la propulsion. Cette particularité explique la forme trilobée caractéristique des dirigeables hybrides. D’autre part, le LMH-1 présente une innovation majeure concernant les atterrisseurs. Le « Air Cushion Landing System », basé sur la technologie des coussins d’air des aéroglisseurs, permet un atterrissage sur tous types de surfaces (eau, sable, terre, neige) mais aussi le maintien en position au sol par inversion du flux d’air (d’expiration vers inspiration).
Compte tenu de la complexité de cet aéronef, le chemin est encore long avant que l’agence de la sécurité aérienne américaine délivre le certificat de type, permettant au constructeur d’opérer et de commercialiser son aéronef. L’exercice qui attend Lockheed Martin s’annonce d’autant plus complexe qu’il n’existe pas de textes réglementaires spécifiques aux dirigeables de types hybrides souples. L’objet de cette annonce est justement l’approbation des grandes lignes réglementaires et des contraintes auxquelles sera soumis le programme LMH-1. Le premier vol est attendu pour 2017 et les premières livraisons pour 2018 (vidéo).
Désormais, Lockheed Martin peut s’atteler au développement détaillé de son aéronef, en s’appuyant sur le soutien de la FAA.
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Thibault Proux