Nous avons pu obtenir de précieuses informations nous permettant de vous présenter la principale visualisation utilisée par les pilotes du Rafale. Nous nous limitons bien entendu à la publication d’informations qui ne sont pas confidentielles.
Les principaux avantages d’un avion de combat ne sont que rarement visibles. Systèmes de combat, électronique, radar, contre-mesures, et tous les systèmes associés sont autant d’éléments qui ne sont pas comparables, inquantifiables, mais qui font réellement la différence… A plusieurs titres, la situation tactique du Rafale, appelée SiTac, a quelque chose d’assez unique. Elle présente au pilote une situation tactique intégrant les éléments de tous les capteurs de l’avion, fusionnés et filtrés par le système. C’est, en quelque sorte, la partie visible d’un énorme iceberg appelé la fusion de données.
Trônant au milieu du cockpit, et avancée devant les yeux du pilote, la SiTac est affichée sur l’écran appelé visualisation tête moyenne (VTM). Certes, cela masque, d’un premier coup d’œil, l’affichage sur les écrans latéraux, obligeant le pilote à un léger mouvement latéral. Mais dans les faits, le pilote fera le plus souvent naviguer son regard entre les informations affichées par la VTM, et l’extérieur de l’avion. Raison pour laquelle, par un subtil jeu d’effets visuel, la VTM a été conçue pour être collimatée à l’infini. En réalité, de l’infini il faudrait plutôt dire de 0 à 5 kilomètres environ, distance de perception générale d’un être humain. Grâce à ce système, l’œil du pilote n’a pas à faire la mise au point lorsque le regard passe de l’intérieur à l’extérieur et vice versa.
Quel est l’intérêt de cette situation tactique ? C’est très simple. Une mission de combat est devenue quelque chose d’extrêmement complexe. Fini le temps où les pilotes, preux chevaliers du ciel, n’avaient qu’à avoir de bon yeux pour chercher leurs ennemis dans le ciel, et une bonne dextérité pour les dominer en combat aérien. Aujourd’hui il faut gérer des systèmes, un environnement tactique, et dans un combat où on tire des munitions létales à plusieurs dizaines de kilomètres de distance, mieux vaut être sûr que l’on ne tire pas sur un ami… Se rajoute à cela les règles d’engagement, le contrôle aérien, la gestion de la radio, et… les ennemis, qu’ils soient au sol ou en vol.
Au début de l’ère des équipements électroniques, dés la fin de la seconde guerre mondiale, chaque système était relié à un écran. Le radar premièrement, puis le détecteur d’alerte radar, une cartographie dynamique, le système de navigation et d’attaque, plus les différents paramètres de l’avion. En combat, le pilote devait constamment jongler entre les différents affichages et synthétiser dans son esprit ce qui se passe autour de lui.
Bien que les avions de combat intègrent aujourd’hui beaucoup d’automatismes qui le libèrent de la gestion du moteur (grâce au FADEC) ou de la perte de contrôle de l’avion grâce aux commandes de vol électriques, les cockpits tout écrans affichent encore chacun des informations différentes dans chacun de ces moniteurs. C’est le cas d’un Mirage 2000-5F, d’un F-22 Raptor, ou d’un F-16 au dernier standard. Mais sur les avions les plus récents, comme le F-35, dans une moindre mesure le Typhoon, et ici le Rafale, tout est fait pour que les informations soient synthétisées dans un seul espace visuel.
Sur la SiTac, les données de la liaison 16, du Radar, de l’OSF, de la centrale de navigation et des différents capteurs de SPECTRA sont tous affichées sur le MFD. D’un coup d’œil, le pilote connaît sa position par rapport à son environnement, l’intégration de son avion dans le trafic, son chemin, la position des avions ennemis, le rayon de létalité des défenses antiaériennes, et les différentes menaces présentes. Sur l’image ci-dessous, tirée du site Defesanet, que nous n’avons pas réussi à obtenir en plus haute définition, voici à quoi ressemble cette fameuse SiTac sur le Rafale (remise en haute définition, et une carte aéro en fond).
L’image peut vous sembler un peu confuse. Pourtant, pour un pilote c’est un langage clair avec lequel il compose chaque jour, et qui n’est pas si compliqué que cela à comprendre… Tout du moins pour ses bases, sur le diaporama suivant.
8 Comments
thibaut
Très intéressant, merci pour cet article !
Greg
Ceux qui connaissent l’endroit auront reconnu l’image (OSF) du Viaduc de Caronte, à un battement d’ailes du CEV d’Istres!
Greg
Super présentation, bravo pour ce travail de présentation!
A l’examen de l’image HD avec incrustation de la carte aéro: on a bien un plan de vol qui ramène l’avion à Istres après une nav au dessus des Cévennes et des Corbières.
Et une dernière branche en mer: “bang” mais pas exactement dans l’axe “super”…
Mathis
Bonjour sais tu ce qu’est la SURV sur le diapo 13 ?
Walk'n
Merci pour cet article ! Et merci du travail que vous faites, depuis 1 an et demi que je vous suis. 🙂
Le P'tit Nicolas
Toujours aussi passionnant… et bien documenté !
Merci pour le partage !!!
Sylvain PASSEMAR
Bonjour,
Merci beaucoup par cet article très intéressant et instructif.
C’est rare d’avoir ce genre d’explications.
Sylvain PASSEMAR
jicé
toujours très intéressant tes publications. je ferais bien un petit tour dans cet Appareil Volant Imitant l’Oiseau Naturel .