C’était un des enjeux de la modernisation au standard F3.3 du Rafale: l’intégration de la bombe lourde GBU-24 Paveway III.
Jusqu’à présent, le Rafale était doté d’une large gamme de bombes de 250kg: GBU-12, GBU-22, mais aussi toute la famille des AASM qui se rapprochent plus du missile guidé que de la bombe. Ces armes multifonctions sont couramment utilisées pour détruire des véhicules, des dépôts logistiques et des bâtiments conventionnels, ou bien encore des cibles d’opportunités en soutien aux troupes au sol.
Pour traiter des cibles fixes de grande importance, le Rafale ne disposait jusqu’à présent que du missile de croisière Scalp. Ce dernier reste toutefois une arme d’utilisation quasi-stratégique, soumise à un contrôle politique fort, car elle est conçue pour des missions dangereuses et complexes, loin à l’intérieur du territoire ennemi, contre des cibles fortement protégées. Il s’agit d’une arme coûteuse qui est utilisée avec parcimonie.
Il manquait donc au Rafale une arme d’emploi plus simple, contre des cibles moins stratégiques que celles attribuées aux Scalp, mais qui puisse disposer d’un pouvoir de pénétration supérieur. Une arme adaptée à la destruction d’ouvrages d’arts tels que des ponts, des routes, des installations portuaires ou encore des pistes d’aérodromes. Cette arme, c’est la GBU-24 de 1000kg, que l’Armée de l’Air connait bien puisqu’elle est en service sur le Mirage 2000D, qui l’a récemment utilisée lors de l’opération Chammal en Irak.
Alors que la bombe était encore officiellement en cours d’intégration sous Rafale, plusieurs sources militaires concordantes ont pu nous confirmer que l’arme est, depuis quelques jours, utilisée par le Rafale dans cette même opération Chammal, validant ainsi sur le terrain l’intégration de cette arme de haute précision. Ce n’est pas la première fois que le tempo des opérations extérieures impose une utilisation au combat sitôt le matériel qualifié, quand il ne s’agit pas de réaliser directement certaines qualifications sur le terrain.
Comme sur les Mirage 2000D, le Rafale emporte la GBU-24 uniquement sous le point central de fuselage, ce qui permettra aussi bien aux Rafale de l’Armée de l’Air qu’au Rafale Marine d’emporter la munition, la Marine préférant intégrer ses armes lourdes sous le fuselage uniquement (afin d’éviter des appontages en configuration dissymétrique si une seule aile se trouvait délestée de sa charge durant la mission).
A court terme, cela ne changera pas radicalement la situation tactique sur place: les cibles attribuées au Rafale auraient tout aussi bien pu être détruites par des Mirage 2000D. A plus longue échéance, cela pourra faire une différence non-négligeable. En effet, les conflits récents nous ont montré que Rafale et Mirage 2000D n’étaient pas toujours disponibles pour opérer simultanément sur le même théâtre d’opération. Ainsi, les Rafale prépositionnés sur la base d’Al Dhafra aux Émirats, ou bien encore les Rafale du porte-avions Charles de Gaulle pourront désormais mettre en œuvre des armes lourdes sans avoir à piocher dans leur précieux stock de missiles Scalp ni attendre l’intervention de Mirage 2000D.
Au delà de cette question de rationalisation des vecteurs et des munitions, le Rafale apportera à terme des capacités tactiques véritablement novatrices. L’Armée de l’Air n’a jamais caché son souhait d’équiper le Rafale d’une GBU-24 sous le ventre et de 4 à 6 bombes plus légères sous les ailes. L’idée serait alors d’employer la GBU-24 sur la cible principale désignée avant même le départ de la mission et de réserver les bombes de 250kg pour des cibles secondaires.
Par exemple, on peut imaginer une patrouille de deux Rafale détruire une piste d’aérodrome avec une paire de GBU-24 équipées de pénétrateurs pour ensuite détruire les hangars, dépôts de carburant et avions au parking avec une douzaine de GBU-12 plus conventionnelles.
Mais il s’agit là d’une évolution ultérieure, dont nous ne manquerons pas de vous tenir au courant.
3 Comments
Fonck
Je me permets de rebondir sur le sujet des attaques d’aérodromes que vous envisager de traiter avec des GBU 24. Pourriez-vous nous éclairer sur les solutions dont disposent actuellement l’AdA et la Marine pour traiter des pistes d’aviations ennemies ou de grandes concentrations adverses ? Elles étaient auparavant traitées par les BAT/BAP/ Belouga (voir même Durandal) puis par les Apaches mais l’interdiction des bombes à sous munition les a de facto extrait de notre inventaire. Si ma mémoire est bonne il a été question de sortir de la naphtaline les Apaches pour la Lybie, sans que cela puisse se faire pour des questions de mise à jour logicielle (je ne suis pas sûr et certain de cette information).
melek
Et pourquoi ne pas utiliser AASM tout court puisqu ils disposent de bombes de 1000 kg?
RESIDENCE LA CADIERE- RUE DE FIGUERES - MARIGNANE
DES BOMBES , ENCORE DES BOMBES, ET POURQUOI PAS DES BOMBONS ?