Déjà présent lors de la précédente édition, l’Archangel Block 3 de IOMAX continue de surprendre, par son esthétique mais aussi par ses capacités affichées.
Cet appareil de support aérien et de surveillance aérienne est en effet issu d’une lignée d’appareils d’épandage agricole et de lutte anti-incendie, en l’occurrence le Trush 510P (La première génération de l’appareil, les Block 1 et 2, était dérivée de l’Air Tractor AT-802) ce qui lui donne une ligne rappelant plus le dromadaire fatigué que l’avion d’arme téméraire.
Et pourtant, l’Archangel cache bien des surprises.
Une plate-forme de surveillance stable et endurante
En premier lieu, l’avion dispose d’une impressionnante capacité d’emport en carburant, héritée des gros réservoirs des versions agricoles et anti-incendie. Avec plus de 2t de carburant en interne, l’avion peut se permettre d’avoir un gros moteur, puissant, très commun et facile à entretenir, en l’occurrence le P&W PT6A, sans que cela ne l’empêche de conserver une excellente autonomie malgré cette puissance moteur.
L’Archangel est ainsi donné pour une endurance dépassant les 10h de vol. L’appareil pourrait voler plus longtemps avec des réservoirs supplémentaires, notamment pour des missions de convoyage, mais l’industriel précise que ça ne sera pas une capacité mise en avant commercialement, puisque ce sont alors les limites physiologiques des pilotes qui seront atteintes.
Avec de telles capacités, l’Archangel devient un parfait appareil ISR (Intelligence, Surveillance & Reconnaissance) capable d’embarquer un observateur en plus du pilote. IOMAX ne manque pas de le rappeler, son appareil étant avant tout désigné comme un avion de surveillance des frontières, qu’elles soient terrestres ou littorales. Son temps de présence sur zone (loitering) est déjà très impressionnant, mais ses sept points d’emport permettent d’emporter des équipements spécialisés assez variés. En point central sous le fuselage, l’appareil embarque une nacelle comprenant une boule optronique Wescam MX-15 équipée d’une voie optique et d’une voie infrarouge autorisant une surveillance de jour comme de nuit. IOMAX annonce travailler sur l’intégration d’un radar SLAR à l’arrière de la nacelle, permettant d’opérer par tous les temps et de mieux détecter des cibles camouflées, ou dissimulées par des mauvaises conditions météo.
Le statique de IOMAX présentait également le nouveau pod MASE de Terma. La sélection de Terma par IOMAX a été annoncé au début du Salon: le pod MASE est un équipement modulaire devant assurer la protection et la survie de l’appareil en milieu hostile. Il peut intégrer plusieurs types d’équipements et de senseurs, en fonction des besoins du client et de la mission: détecteur d’alerte radar (RWR), détecteur de départ missile, lance-leurres (Chaff et Flares contre missiles à guidage radar et infrarouge) mais aussi système de brouillage électronique.
Une capacité d’emport en armement impressionnante
Comme la plupart des appareils ISR capables d’orbiter longuement au dessus d’une zone potentiellement hostile, l’Archangel est doté d’un système d’arme complet et, en l’occurrence, véritablement impressionnant. L’appareil dispose de 6 points d’emport sous les ailes, chaque pylône pouvant embarquer un adaptateur double conçu par IOMAX. Sur le statique, l’appareil présente une large variété de munitions, certaines étant déjà opérationnelles, d’autres en cours d’intégration.
Si l’appareil peut déjà embarquer les bombes à guidage laser GBU-12 (250kg) et GBU-58 (125kg) ainsi que les missiles anti-char Hellfire, on notera surtout l’intégration opérationnelle du missile léger CIRIT de l’industriel turc Roketsan.
Souvent considéré comme une roquette à guidage laser, le CIRIT est en réalité un missile léger reprenant l’encombrement d’une roquette, mais bel et bien conçu à partir d’une feuille blanche. Là où les systèmes concurrents ajoutent un module de guidage à des roquettes existantes, le CIRIT dispose d’une configuration originale, l’arrière de l’engin entrant en rotation lors du vol alors que la tête reste stable: cela assure une grande stabilité au vol de l’appareil, tout en maintenant un guidage précis. Le missile est ainsi capable de frapper une cible en mouvement lent, comme des troupes en déplacement. Autre originalité, le CIRIT intègre un petit module INS/GPS, ce qui lui permet d’une part d’être tirée sur coordonnées par exemple en cas de brouillage laser, et d’autre part de continuer sur la dernière position connue en cas de coupure de l’illumination laser en cours de tir.
Et le CIRIT n’est que le premier armement de Roketsan intégré sous Archangel. En effet, des essais sont en cours pour que l’appareil puisse embarquer le missile anti-char UMTAS et la bombe à guidage hybride GPS/INS + laser TEBER. On pourrait s’interroger sur la pertinence de cette intégration alors que des GBU et le Hellfire sont déjà intégrés ? L’intérêt réside dans l’alternative laissée au client par rapport aux armements d’origine américaine.
Car si IOMAX reste très discret sur son “client du Moyen-Orient qui préfère rester anonyme”, certains équipementiers ont confirmé que le client de lancement de l’Archangel Block 3 était les Emirats Arabe Unis, déjà opérateur de l’ancien modèle AT-802i (dont certains exemplaires ont été revendus à la Jordanie). Or, ces deux clients entretiennent des liens étroits avec l’industrie de la défense turque, tout comme la plupart des pays du Moyen-Orient, la Jordanie et les EAU ayant présenté un intérêt pour l’hélicoptère T129 Atak équipé des mêmes missiles de Roketsan.
L’Archangel vise donc clairement le marché du Moyen-Orient: il s’agit d’un appareil rustique, apte à surveiller tant des grandes étendues désertiques que des littoraux accidentés, mais équipé de senseurs de pointe et d’armement stand-off (les Hellfire, UMTAS et Cirit ayant une portée de 8km environ). Le fait d’inclure un grand nombre de munitions d’origine turque apparait comme une solution pragmatique tant d’un point de vue diplomatique que technique.
Comme nous l’avions déjà évoqué, les autorités américaines disposent d’un certain contrôle sur les munitions vendues à l’exportation, principalement au Moyen-Orient. Les EAU en ont déjà fait les frais lors de leurs interventions en Libye, et des munitions d’origine turque ne souffriraient pas de ce genre de contrôle, surtout lorsque l’on sait que l’utilisateur principal de l’Archangel sont les forces spéciales émiraties.
De plus, les armements de Roketsan sont spécifiquement conçus et développés dans l’optique d’une utilisation en climat désertique ou semi-désertique: le conteneur des missiles CIRIT par exemple n’est pas le plus compact de sa catégorie, mais il assure un fonctionnement nominal des munitions jusque dans des conditions de température et d’ensoleillement les plus extrêmes. Les missiles UMTAS, disponible en version à guidage infrarouge ou à guidage laser, sont installés sur des lanceurs qui incorporent des caches protégeant les optiques fragiles des autodirecteurs des missiles jusqu’au dernier moment avant le tir.
On le voit, rien ne semble avoir été laissé au hasard: IOMAX a choisi son coeur de cible et s’emploie à optimiser son offre commerciale pour répondre aux besoins spécifiques des clients potentiels.
Si vous souhaitez en savoir plus sur le Close Air Support et les missions ISR, vous pouvez consulter notre dossier sur le Close Air Support à l’heure des restrictions budgétaires.