Innovation, simplicité, pragmatisme, passion. Voici les premiers mots qui nous viennent à l’esprit après notre entrevue avec Sébastien Lefebvre, PDG de LH Aviation. Nous avions voulu savoir ce qui a motivé ce jeune trentenaire, à créer sa propre entreprise dans un milieu aéronautique qui semble cloisonné et inaccessible, dominé par d’importantes multinationales, et où l’esprit des pionniers semble s’être quasiment éteint.
Sébastien Lefebvre, partant du constat que l’aviation légère peinait à se renouveler, avec le lancement de nouveaux appareils basés sur des concepts vieux de plusieurs dizaines d’années, décide d’innover. Avec un ami, il dessine son premier avion dans sa chambre, en 2003. Le dessin général de l’avion sera très vite arrêté. Une hélice propulsive pour un meilleur rendement, un moteur à l’arrière pour éviter un trop long arbre de transmission, un avion court, une aile à allongement élevé (ailes courtes), afin de ne pas rallonger l’avion pour placer le stabilisateur horizontal. Il en résulte une plateforme compacte, offrant au pilote une excellente visibilité. La forte charge allaire (la masse rapportée à la surface portante) permet à l’avion d’être moins sujet aux turbulences. Et comme le domaine de prédilection de l’avion est la surveillance ou le support aérien à de faibles altitudes, zones où les masses d’air sont les plus turbulentes, le confort du pilote est assuré, mais pas seulement : l’avion sera une plateforme de tir plus stable dans sa version militaire, et les équipements de surveillance optique n’en seront que plus efficaces.
Mis à part un drone à voilure tournante, le dessin original de l’avion a servi de base pour l’élaboration de quatre produits que sont :
-Le LH-10 Guardian, version de surveillance
-Le LH-10 Ellipse, version d’entrainement
-Le LH-10 Elfe, version de support aérien
-Le LH-D, version optionnellement pilotée, de reconnaissance.
Structurellement, tous les avions sont identiques, à l’exception néanmoins du LH-10 Elfe qui dispose d’une aile renforcée. Cette aile renforcée n’est pas nécessaire sur les autres versions, ce qui complexifierait beaucoup leur vente puisqu’il faudrait un accord soumis à une licence de type avions d’arme.
Un avion économique
Avec une masse maximale au décollage de 550 kg, et grâce à son efficacité aérodynamique, l’avion obtient de très belles performances avec un moteur très sobre (9l/h en croisière économique). Bien que capable de croiser à 320 km/h, la plupart des missions requièrent une présence sur zone maximale où la vitesse n’est nullement requise. En vitesse de croisière économique (150km/h), le LH-10 Guardian (version de surveillance) peut en effet orbiter pendant près de 6H00. Et le tout, pour un coût à l’heure de vol inférieur à 100€ ! Le chiffre de 80€ par heure de vol (pour le LH-D) est un argument massue dans un segment de mission réalisé traditionnellement par les hélicoptères, qui, bien qu’étant plus polyvalents, ne peuvent rivaliser sur ce terrain-là, avec une heure de vol qui n’est pas inférieure à 3 500 pour les modèles les plus récents. Le prix d’acquisition est sans commune mesure également, avec des systèmes complets (avions, support, station au sol) qui oscillent entre 450 000 et 1,3 million d’euros.
Un marché potentiellement énorme
Voilà le marché que la jeune entreprise LH Aviation, et son non moins jeune PDG aimeraient capter ! En réalisant 80% des missions traditionnellement dévolues aux hélicoptères pour un coût quasiment dérisoire, les différents organismes de sécurités pourraient multiplier leur efficacité opérationnelle, tout en libérant l’usage des voilures tournantes vers des missions prioritaires. Bien que le système n’est pas concurrentiel aux services offerts par les voilures tournantes, mais complémentaires, on pourrait ne pas comprendre pourquoi une innovation telle que celle-ci ne trouve pas plus d’écho auprès des autorités françaises.
Lobbysme actif des hélicoptéristes ou inertie de l’administration française ? En attendant, LH Aviation signe des contrats à l’exportation, dont un hier avec la police des Émirats arabes unis pour la fourniture d’un système de surveillance sans pilotes. Un accord d’entente a également été signé avec un industriel Indien pour l’implantation d’une chaîne de fabrication locale du LH-D.
Les différentes version des appareils produits par LH Aviation seront détaillées dans un prochain article.