Le 29 Avril, un reporter de Portail-Aviation s’est rendu à Mont de Marsan, lors d’une journée organisée par l’Armée de l’Air afin de présenter l’exercice VOLFA15-2 à la presse. Seconde édition de l’année pour cet exercice qui peut en compter jusqu’à trois, il va devenir un des plus important organisé en hexagone. L’Armée de l’Air serait-elle en train d’organiser son Red Flag ? Pourquoi pas.
Reportage et photos de Vincent Massé, rédigé par Bruno Etchenic.
Durant cet exercice, une simulation de guerre comprenant une entrée en premier sur le territoire, selon un scénario de conflit de moyenne à haute importance est joué. D’importants moyens ont été déployés, aussi bien dans les forces assaillantes (les bleus) que les forces défensives (les rouges), pour immerger les participants dans une situation la plus réaliste possible. Plusieurs avions de combat, mais aussi ravitailleurs, avions SDCA (Awacs), avions de transport, mais aussi une section de missiles Sol Air MAMBA, ainsi que d’autres moyens de combat électroniques, ont permis de d’offrir aux participants la vision d’un champ de bataille complet.
Organisé par le Commandement des Forces Aériennes (CFA), il permet un cycle de préparation des forces. Le but étant de faire travailler un maximum d’unités ensemble, depuis le même lieu. Fait très important de cet exercice donc, était que la quasi-totalité des forces engagées, bien que provenant de toute la France, ont travaillées depuis la base aérienne 118 de Mont de Marsan, dans les Landes.
Intense activité sur la BA118. Les avions décollèrent en deux vague entre 14H et 14H30. Plus une vague de nuit.
Les personnels de l’armée de l’air ont été sollicités à tous les niveaux (préparation, déploiement de forces en dehors de leur base d’attachement habituelle, renseignement, contrôle aérien, etc.). Cette mise en commun de moyens, centrés autour de la réussite d’une seule campagne a permis à tous les bénéficiaires de l’exercice d’apprendre à travailler en synergie. Bien que tout oppose la mission d’un chasseur bombardier, d’un avion d’escorte à celle d’un transport tactique chargé de parachuter des troupes ou de celles du service de santé des armées réalisant des évacuations sanitaires, la réussite de leur mission passe par une coopération poussée.
En travaillant sur des préparations de missions basées sur des scénarios complexes (plus de deux mois de préparation), le CFA, après débriefing, est à même de pouvoir identifier les lacunes, pour pouvoir définir le niveau de formation de chaque unité, et de l’adapter.
Au niveau purement opérationnel dans le déroulement des vols, cet exercice est également l’occasion de préparer les protagonistes aux missions les plus complexes possibles. Car, l’armée de l’air étant bien occupée ces temps-ci, et restrictions budgétaires obligent, les exercices stars, tel Red Flag au Nevada ne sont temporairement plus d’actualité.
Sur la base aérienne de Mont de Marsan, les forces bleues étaient composées de 4 Rafale, 4 Mirage 2000-5, 2 Mirage 2000 D, 2 Mirage 2000 N, 1 Casa CN235-300, 1 Hercules C-130, un Transall C-160. Sur Cazaux, 1 autre C-160 (Gabriel ?) et 2 Caracal. Un Harfang, avion non piloté de renseignement, a également été utilisé.
Les rouge, opérant depuis d’autres bases aériennes, et jouant le rôle de l’opposition, étaient jouée par 4 Mirage 2000-C d’Orange, et 4 Alphajet de Cazaux.
Le tout, supporté par un avion de détection E3F, ainsi qu’un ravitailleur basé à Istres.
Toutes les opérations aériennes ont eu lieu au-dessus du massif central. Poussant loin dans l’intégration des forces et l’interarmisation des opérations, une opération d’évacuation sanitaire a été réalisée sur Aurillac, avec des fantassins simulant des blessures lourdes (et donc lourdement maquillé !). Ils ont été pris en charge par un Casa CN-235 préalablement équipé pour la mission, le tout sous une couverture aérienne des forces bleues.
blessé évacué par un Casa (ci-dessus), et interieur de la soute aménagée du Casa (ci-dessous)
A noter que si de nombreux étrangers étaient présents pendant l’exercice, ils l’étaient en qualité d’observateurs, et non en tant que participant. Si d’aventure Volfa devait s’internationaliser, voici un exercice sur lequel nous devrions porter un regard poussé !
Car le succès de Red Flag, qui forme les équipages au combat, tient non seulement à des moyens de restitution de mission dont l’Armée de l’Air ne dispose pas, mais également au volume des forces engagées qui permettent l’engagement simultanée de plusieurs dizaines d’avions, et leur intégration dans des opérations combinées à grande échelle, les fameuses COMAO.
C-130 Hercules de l’escadron de transport 3/61 Poitou, avec en fond le décollage d’un Rafale.
Ce volume de forces pourrait être atteint si d’aventure des pays alliés, qui participent également aux exercices Red Flag, venaient s’entraîner en France, faisant l’économie d’un lourd déploiement outre-Atlantique.
En tant que passionnés, mettons-nous à rêver de parking remplis d’avions d’origines diverses, et d’intense activité. Mais ce qui fera la joie des amateurs trouvera forcément une contrepartie dans la population… Autre énorme avantage du Nevada : il n’y a guère que les serpents qui sont gênés par le bruit, et encore… Ils sont sourds !
Le prochain exercice d’envergure organisé en France sera le Air Defense Week organisé par l’aéronautique navale, sur la base de Landivisiau, du 15 au 26 juin prochain. Outre les flottilles de la navale, Rafale et Mirage 2000-5 de l’armée de l’air seront de la partie, ainsi que des AV-8 B Harrier de la Marina (Italie), ainsi que des Sea King britanniques. Amis spotters, aux armes !
2 Comments
Barnabé Abboud
Rêvons encore plus : plus de pays européen participant = meilleur intégration militaire = début d'une Europe de la Défense. Soyons fous !
Anonyme
Merci pour cet excellent article (et les photos).
En revanche quelqu'un peut expliquer pourquoi les "agresseurs" (forces rouge) sont systématiquement handicapés dans ce genre d'exercices (en qualité et en nombre)? Si l'on veut préparer au mieux la conduite d'opérations et la défense en cas d'agression aérienne, ne vaudrait il pas mieux simuler un cas critique?
A mon humble avis, si un ennemi devait agresser la France avec une composante aérienne, il ferait beaucoup mieux que 4 Mirages 2000-C et 4 Alpha Jets! Encore que j'imagine qu'un 2000-C peut émuler plus ou moins un Mig-29, voir un Mig-35, à condition de simuler le système d'arme russe…