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| Photo : European Defense Agency (Sky-Y) |
Fin avril, le MIDCAS (Mid-air Collision Avoidance System) a terminé sa campagne d’essais en Italie. Cet équipement permettra aux drones équipés d’avoir « conscience » de leur environnement, c’est-à-dire des aéronefs évoluant à proximité ce ceux-ci, et ainsi de pouvoir réaliser des manœuvres d’évitement en cas de risques de collisions. Ces essais, d’une durée de 48 mois, ont été soutenus par cinq nations (la France l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne et la Suède) et quatorze industriels, le tout avec une enveloppe de 50 millions d’Euros. Les vols ont été réalisés à l’aide d’un CASA C212 de la DGA/Essais en vol équipés du MIDCAS, puis avec le drone Sky-Y d’Alenia Aermacchi, modifié pour mener cette campagne de tests.
Pour bien mesurer l’importance de cet équipement, il faut tout d’abord comprendre comment les avions s’évitent en
général. Il faut savoir qu’il existe deux moyens de piloter un avion :
général. Il faut savoir qu’il existe deux moyens de piloter un avion :
- Le pilotage à vue (dit « VFR – Visual Flight Rules ») : cela concerne généralement les avions d’aéroclubs qui évoluent en basse et moyenne altitude. Le pilote n’est pas forcément en contact avec un contrôleur aérien, effectue sa navigation à l’aide de repères au sol, et assure son anti-collision avec les autres aéronefs (mais aussi vis-à-vis des obstacles artificiels et naturels) en regardant le ciel et le sol. Si le pilote aperçoit un autre aéronef qui serait conflictuel avec lui, il doit appliquer la règle du « Voir et Eviter » en mettant en œuvre quelques règles de priorités.
- Le pilotage aux instruments (dit « IFR – Instrument Flight Rules ») : c’est le type de pilotage utilisé principalement par les avions de ligne qui volent en moyenne et haute altitude. Le pilote est en contact avec un
contrôleur aérien qui le guide et qui peut lui ordonner des manœuvres d’évitement en cas de rapprochement avec un autre aéronef. C’est donc le contrôleur qui est responsable de l’anti-collision avec les obstacles et les aéronefs.
Dans le cas où le contrôleur ne s’aperçoit pas assez vite d’un conflit entre deux aéronefs en IFR, il existe un système de dernier recours, appelé « TCAS – Traffic Collision Avoidance System » qui permet d’éviter la collision. Ce système utilise les données envoyées par les transpondeurs des avions afin de déterminer leurs positions et altitudes, et ainsi de pouvoir prédire un risque. Si ce risque est avéré, le TCAS va avertir le pilote. Si le risque est confirmé, le TCAS va indiquer au pilote quelle manœuvre effectuer (montée ou descente) pour éviter la quasi-collision (en général, les TCAS communiquent entre eux afin de ne pas générer des manœuvres qui demeureraient conflictuelles). Ces instructions TCAS sont toujours prioritaires sur les ordres donnés par le contrôleur aérien.
Concernant les drones, la quasi-totalité n’est pas équipée de transpondeurs, pourtant obligatoires pour évoluer dans l’espace aérien (sauf dans certains cas particuliers comme les planeurs). Pour que leurs vols soient possibles, une ségrégation doit être mise en place : les drones civils doivent voler sous la hauteur de 150 mètres, et les avions doivent voler au-dessus. Pour les drones militaires, le principe de ségrégation est aussi utilisé, ces derniers devant évoluer dans des portions d’espaces aériens qui leurs sont exclusivement réservés.
Pourtant, même s’ils étaient équipés de transpondeurs, cela ne suffirait pas car ils ne peuvent pas appliquer le principe du « Voir et Eviter ». C’est là que le MIDCAS entre en jeu et peut répondre à ces problèmes. Ce système introduit une nouvelle notion : le « Détecter et Eviter (Sense & Avoid) », et ceci grâce à la fusion de données de plusieurs équipements :
- Des caméras infrarouges et TV permettant de détecter les aéronefs à proximité dans le spectre visible ;
- Des radars permettant de détecter précisément les positions et vitesses des aéronefs à proximité ;
- Un transpondeur mode S et ADSB pour que les contrôleurs aériens puissent visualiser le drone sur leurs écrans radar, mais aussi pour que le drone puisse décoder les informations des transpondeurs ADSB des autres aéronefs ;
- Un TCAS, qui à l’aide de la fusion des données de tous ces équipements, permettra de réaliser des manœuvres d’évitement de collisions.
De plus, en cas de vol dans des espaces aériens contrôlés, un équipement radio devra bien-sûr permettre un contact bi-latéral entre le pilote du drone et les contrôleurs aériens.
Également, tout le volet réglementaire du principe « Sense & Avoid » et des vols de drones de manière non-ségrégué est à créer. Les industriels sont déjà en relation avec les autorités de réglementation aéronautique Européenne (EASA, Eurocontrol, …) afin de pouvoir rendre ce concept possible dans le futur.
En attendant, le vol des drones doit rester ségrégué, comme cela est expliqué un autre article (lire : Drones de loisir et réglementation : à ne pas prendre à la légère !!)
