F/A-18 F Super Hornet (crédit: VFA-22) |
Selon une dépêche de Reuters (à prendre avec des pincettes donc), le Koweït serait sur le point d’annoncer un achat de 28 F/A-18 E/F Super Hornet. Cette annonce confirme l’engouement pour les états du golfe pour le renouvellement de leurs armées, notamment de leurs moyens aériens. C’est aussi une bonne nouvelle pour Boeing qui pourra assurer une année supplémentaire de production pour son avion.
Le Moyen-Orient se réarme, cela ne fait plus aucun doute. Les annonces et les commandes se suivent. La résurgence de l’extrémisme sous la forme d’une armée occupant un territoire, représenté par l’EIIL, bien plus menaçant que n’ont été tous les mouvements terroristes précédents; mais aussi les instabilités internes ayant provoquées des conflits comme en Syrie ou au Yemen, découlant au passage sur la première intervention d’une coalition exclusivement Arabe depuis les guerres contre Israël dans les années 60/70, sont là pour rappeler que les besoins en sécurité dans une zone sous forte tensions sont prioritaires. Il faut également souligner que dans des pays qui ont les moyens, une dynamique beaucoup plus humaine, celle consistant à se comparer au voisin, est également de rigueur…
plus de 300 avions neufs commandés en moins de 10 ans.
En 2011, l’Arabie Saoudite signait un des plus gros contrats d’armement de l’histoire, de près de 30 milliards de dollars, en commandant 84 F-15 SA, et en modernisant à ce nouveau standard les 70 déjà en service. Ce même pays se fait également livrer des Eurofighter, sélectionné en 2006. Mais l’avion est en difficulté. Prévue pour 72 appareils au départ, les négociations ont été difficiles pour s’assurer la livraison des 48 premiers exemplaires, et la dernière tranche de 24 appareils est toujours en suspens.
Fin 2012, le sultanat d’Oman a également sélectionné le Typhoon pour une commande de 12 appareils.
L’Égypte, dont la livraison de F-16 avait été suspendue par un blocage de Washington, a pris la décision de s’équiper en urgence de matériel français, en acquérant 24 Rafale.
Le Qatar, a quant à lui signé pour 24 Rafale, plus 12 en options. Ce petit pays se donne les moyens de ses ambitions sur la scène internationale en doublant, voire triplant le volume de son armée de l’air, et en décuplant ses capacités.
Les Émirats Arabes Unis sont quant à eux toujours en négociation. Il se pourrait fortement que l’engouement de l’avion français d’une part, mais aussi que le mouvement initié par tous ses voisins ne finisse par déboucher sur une annonce rapide, peut être en faveur du Rafale.
L’Irak poursuit également son effort de reconstruction après des années de guerre et d’embargo. Mais pour le moment tout est sous contrôle américain. Seuls 18 F-16 ont été commandés, dans une configuration et équipés d’armements dégradés. L’état d’instabilité du pays sur le plan intérieur ne peut permettre de dire vers quelle sera sa place dans l’échiquier régional dans un avenir proche, et donc vers quel(s) pays l’Irak se tournera pour confier ses besoins de défense.
Le Super Hornet, ou sa version de combat électronique le Growler (ci-dessus) n’est en service que dans deux pays. Aux Etats Unis dans l’US Navy et en Australie. (photo: Boeing)
Israël de son côté a signifié vouloir acquérir jusqu’à une centaine du nouveau F-35. Pour le moment, 33 avions ont été commandés en deux lots. C’est le seul pays de la région à être suffisamment proche des États-Unis pour que ceux-ci leur offrent la primeur de l’utilisation de ce futur avion tout technologique.
Le Koweït sauve le Super Hornet
Retour au Koweït, qui avait commandés 40 F/A 18 Hornet en 1988, mais qui ne lui ont été livrés qu’après la fin des hostilités de la première guerre du Golfe en 1991, cherche donc à remplacer cette flotte d’avions de combat pourtant relativement jeune. Toutes les rumeurs s’accordaient pour annoncer le Super Hornet comme remplaçant logique du Hornet premier du nom.
Les chiffres oscillent entre 28 et 40 appareils à commander. Le pays pourrait alors revendre ses anciens avions, qui possèdent encore un potentiel non négligeable.
Cette commande, si elle se confirme, pourrait être interprétée comme une volonté de ce pays de se moderniser rapidement face à la montée qualitative de ses voisins. Mais pourquoi pas également comme une preuve de la capacité de Washington à forcer un peu le mouvement ? En effet, grâce à cette commande providentielle, la chaine de production de Boeing pour le Super Hornet sera prolongée d’une à deux années (le rythme de production devant normalement être abaissé de 48 24 appareils construits chaque année), donc potentiellement jusqu’en 2019, après la fermeture de la chaîne de production du F-15 (Boeing toujours) et du F-16 de Lockheed Martin. Ce qui ferait du Super Hornet la seule alternative aux clients affiliés aux Américains en dehors du très cher, mais convoité F-35… Que les Américains ne vendront pas à n’importe quel client. L’alternative sera aussi valable pour l’US Navy, qui n’a de cesse de vouloir continuer à repousser la fermeture de cette chaîne, préférant un avion éprouvé à un F-35 qui lui est imposé… En attendant un éventuel successeur.