Chez le constructeur aéronautique public indien HAL, les problèmes se suivent et ne se ressemblent pas. Bien loin des programmes phares d’avions de combat, même ceux qui pourraient être qualifiés de plus « simples » se butent à l’incompétence flagrante du constructeur indien. Après les moult problèmes rencontrés sur la fabrication sous licence du Su-30 MKI, puis dans la conception du LCA Tejas, (et sans causer du Rafale) c’est désormais un autre programme qui est mis sur la sellette : l’avion d’entrainement HJT-36 Sitara.
Ce petit mono-réacteur était censé remplacer le HJT-16 Kiran à partir de 2010, dans la transformation des pilotes sur avion à réaction, ce que l’Indian Air Force qualifie de stage intermédiaire. Le premier s’effectuant sur PC-7, et le dernier, le plus avancé, sur Hawk. Après 5 années de retard dans le développement de l’appareil, il s’avère qu’il n’est toujours pas capable d’effectuer certaines manœuvres de base en toute sécurité, à savoir un décrochage et une vrille, pourtant fort utile dans la formation des stagiaires.
Les modifications à apporter à l’avion ne sont pas anodines. Modification de la structure pour allonger l’avion, ce qui ajoutera plus de 300 kg à un appareil déjà considéré comme trop lourd et/ou sous-motorisé. C’est d’ailleurs des considérations de masse qui avaient obligé les ingénieurs à renoncer au réacteur Larzac (qui équipe, mais dans une autre version, l’Alphajet), pour équiper l’avion d’un moteur Russe, le Saturn AL-55I, légèrement plus puissant. C’est principalement cette modification qui avait provoqué le précédent retard.
Source de l’infographie: Times Of India |
L’Inde, qui avance à tatillon dans l’acquisition de compétences dans le secteur aéronautique, prend beaucoup de retard, malgré les efforts engagés. Le programme Sitara semble en effet voué à l’échec. Les processus de développement sont surannés, il est aujourd’hui difficilement imaginable, du point de vue occidental, d’envisager la mise en production d’une présérie pour ce qui n’est « que » un avion d’entrainement. C’est pourtant ce qui a été fait en Inde, avec 12 avions commandés, en 2013, soit 10 ans après le vol du premier des deux prototypes, victime d’un crash en 2011.
23 Comments
Anonyme
Oui, je comprends l'ironie, c'est vrai que ce n'est pas brillant. Mais c'est probablement le prix à payer pour développer une compétence aéronautique. Rappelons nous les tâtonnements de l'industrie aéronautique française après la guerre, alors que la France a pu bénéficier du savoir faire allemand: des prototypes dans tous les sens, des avions qui ont pu se vendre bien, mais qui avaient une demi génération de retard sur le marché. Il a fallu attendre le le Rafale pour avoir un avion (et ses moteurs et radars) qui soit au top de sa génération. On a mis 50 ans à rattraper le niveau russe et américains !
Titi Sauquet
Vous parlez de qu'elle guerre? Si il s'agit de la seconde guerre mondiale, faut il vous rappeler que la France produisait déjà un excellent avion : le Dewoitine 520 entre autre. La France n'a pas certainement pas à rougir de son passé de construction aéronautique. Dés 1914 Marcel Bloch (futur Dassault) et Potez travaille ensemble sur le Caudron G3, Marcel Bloch créé l'hélice éclair et il existe déjà avant 1936, plusieurs constructeurs aéronautique : Latécoère, Maurane Saulnier, Breguet et j'en passe. Pendant la guerre les allemands aussi ont profités de l'expertise Française. Quand à votre analyse sur le retard Français, elle est fausse, il ne faut pas confondre ce que l'état Français avait les moyens de s'acheter et les capacités techniques des industriels. Il y a eu en France le Mirage III V à décollage verticale, le mirage G à géométrie variable, le Super Mirage 4000 et l'avionique n'est pas en reste. 1400 Mirages III vendu dans 21 pays à partir des années 60, et pour le Mirage 2000 dans 8 pays différents, on n'a pas attendu le Rafale pour faire des avions d'exception.
James
Le Mirage III a tout de même tenu la dragée haute face au F-104, et plus récemment, le Mirage 2000 face au F-16.
sepecat
J'avoue qu'à la lecture d'un tel commentaire (laissé par "anonyme") je constate que le masochisme n'a pas de limites et qu'en France l'auto dénigrement est en passe d'atteindre des sommets…
Il n'est pas admissible, à l'heure où les outils pour se renseigner sont pléthoriques, de lire de telles inepties.
L'idée vous est-elle venue, avant d'écrire : "On a mis 50 ans à rattraper le niveau russe et américains", de faire quelques recherches et étayer vos assertions ?
Si l'on en croit vos affirmations, les Français ont pataugé dans la semoule jusqu'au alentours des années 90 avant de sortir quelque chose de viable…
Edifiant.
Juste pour votre gouverne, et pour ne citer que quelques réalisations ayant marqué les esprits, en sus de celles déjà citées par mes prédécesseurs sur ce commentaire, renseignez vous sur ce que fut la Caravelle en son temps (premier biréacteur arrière et porte intégrée), le Balzac, décollage vertical et passage de Mach 2, le statoréacteur du Leduc, le Bréguet 941, etc…
Ignorer tout ceci n'est pas une tare en soi, lorsqu'on ne s'intéresse pas au sujet. Par contre, lorsqu'on s'avise de laisser un commentaire sur un blog aéro, le minimum pour avoir un tantinet de crédibilité est tout de même de parcourir l'histoire de ces dernières décennies.
A moins que nous n'ayons à faire à un "troll" de première ?
Michel47
Il y a de bonnes librairies qui pourraient vous fournir toute la documentation nécessaire pour "réviser" votre histoire de l'aviation française. Vous en avez bien besoin.
Cordialement M. l'Anonyme
Passez un bon WE à relire ;o)
Thierry P
Salut, c'est moi Anonyme (désolé j'ai eu la flemme de mettre mon nom). Non, je ne suis pas un troll, et je ne pensais pas déclencher de telles réactions.
Et enfin désolé, je lis autant de littérature que vous et je ne suis pas maso.
Un avion c'est une cellule (ça fait longtemps qu'on est bons), un moteur et un système d'arme (et là ça fait pas très longtemps).
Dans cette littérature aéronautique, j'ai appris que les chasseurs français ont souffert depuis les années 30 de moteurs manquant de puissance (il est où le Merlin ou le DB600 français ?), que les radios sont arrivées bien tard sur les avions… Bien sur Dewoitine a réussi un très beau D520, mais pour combien de MS 406 ou de C714 ?
Après guerre, la marche à franchir était encore plus haute. Le premier réacteur français montable sur un chasseur est arrivé sur le Mirage III… Faut il rappeler que les Mystère IV étaient équipés de RR Tay, et qu'il a souvent été question d'équiper les Mirage (III, F1, F2, G…) de réacteurs américains ou anglais.
Quand les avions français furent ils équipés de radars et missiles décents ? Pour moi c'est le F1, dans la fin des années 70, avec les R550 et les Super530. Et il a fallu attendre les Mica pour être à la hauteur des productions américaines ou russe…
Je n'ai pas parlé d'aérodynamisme. Et pour cause, c'est le domaine d'excellence de Dassault, passé maitre dans l'art de faire des cellules excellentes capables de tirer parti d'une motorisation un peu juste…
Alors oui le MIII a dominé le F104, un avion raté dans l'USAF n'a pas voulu pour elle. Non, le M2000 ne tient pas la dragée haute au F16, mais il est à sa hauteur. Il faut juste rappeler que le concurrent du F16 était le F1 M-53, et que le M2000 a été lancé parce que Dassault reconnaissait (pas publiquement) que le F-16 était plus avancé que le F1 M-53.
Oui, le Rafale est le meilleur avion de combat du moment. Oui, le F-35 semble bien être une daube. On peut en conclure que les américains sont nuls et nous les rois du monde… mais on peut aussi regarder avec émerveillement les vidéos d’appontage et de ravitaillement en vol du X-47B, et se dire qu'il leur reste quelques p…. d'ingénieurs la bas.
Désolé, on peut aimer l'aviation sans être bêtement chauvin. Et pour moi le meilleur avion de l'histoire de l'aviation est le P-51, pas le D520. Et oui, si le Rafale est le meilleur du moment, cela nous a pris 50 ans…
Amicalement.
Thierry P
J'ajouterais qu'on peut être super fier d'être une des seule nation capable de concevoir un avion seul de A à Z, ce au meilleur niveau. Mais il n'y a rien de honteux à reconnaitre qu'il a fallu passer par un chemin long et difficile, et qu'entre le SPAD et le Rafale, il n'y a pas eu que des succès et qu'on n'a pas toujours été devant… Alors soyons indulgents avec les indiens et autres chinois qui eux aussi apprennent….
James
@Thierry P
La négation de "Ils étaient meilleurs que nous" n'est pas son inverse. J'ai juste donné des exemples où la France se défendait bien, surtout quand on tient compte des budgets alloués.
D'autre part, je ne dirais pas "le Rafale est le meilleur avion de combat du moment", parce que ce terme est ambigu, meilleur partout ou meilleur moyenne comme…dans un championnat? Parce que dans certains domaines ou conditions, il n'est pas 1er.
Anonyme
anonyme @19:31 n a pas tort, les avions étaient bien réussis, mais en tant que systeme d armes inférieurs aux productions US, le Mirage 2000 a mis du temps pour avoir un radar digne de ce nom (rdi) et encore plus pour le RDY. Alors qu'avec le Rafale pour une fois on a l'avion au top (quasiment tout de suite)
sepecat
Sur ce point, vous oubliez que les "ricains" n'ont pas toujours été beaux joueurs et ne doutaient pas, eux, que certains matériels d'origine française leur soient supérieurs…
Je vous invite à visiter la page suivante : http://aerostories.free.fr/appareils/Br941/index.html sur l'histoire du Bréguet 941 et ses déboires aux Etats Unis.
Le passage suivant, cité in extenso, est sur ce point particulièrement édifiant :
"Lors d'un des derniers vols prévus, un pilote d'essais américain très expérimenté, le colonel Lindgard, dans un réflexe explicable, ramène brutalement et sans raison, la manette de "reverse" des hélices, en faisant sauter le verrou de sécurité ! L'avion, en finale, est à une dizaine de mètres d'altitude et la vitesse inférieure à 100 km/h. Gérard Joyeuse n'a pas le temps d'intervenir. L'appareil chute brutalement, l'aile droite casse, le train principal éventre le fuselage et un moteur prend feu tandis que le pétrole envahit le fuselage ! La réparation se fera dans les ateliers de McDonnell mais demandera huit mois… ce qui laissera le temps à de nombreux techniciens américains de s'intéresser vivement aux aspects structurels du Breguet…"
Ceci n'est qu'un épisode parmi d'autre de "l'infériorité" technique supposée des matériels français dont on peut s'étonner qu'elle ait à ce point intéressé d'autres puissances étrangères.
Trebor
Quand on connait l'histoire des developpements en aéronautique des américains remplie de cafouillages de tous ordres à coup de milliards sans oublier les nombreuses victimes, la France a fait ce qu'elle a pu en considérant en plus l'ostracisme commercial envers elle, un ostracisme toujours en place.
Pour avoir vécu aux USA, je peux vous assurer d'un chauvinisme exemplaire.
sepecat
Apparemment, les "cafouillages" continuent… cf. péripéties du F35.
Côté ostracisme, et sans jouer les calimero, il faut bien avouer que les US se sont largement démenés par le passé (cf. premiers Airbus) et encore aujourd'hui (cf. appels d'offre Rafale) pour contrecarrer une puissance industrielle, en l'occurrence la France, qui ne répond pas au doigt et à l'oeil à leur vision du monde.
Anonyme
C'est Alphajet, pas alfajet …
James
Cépafo! o:)
@Bruno un correcteur orthographique malencontreux?
Bruno ETCHENIC
la prochaine fois j'écrirais gadget, comme ça j'me tromperai pas ! Sinon non, c'est juste une question de gros doigt. L'erreur est humaine 😉
James
Heu…Gadget ou Gadjet? o:)
Anonyme
Je trouve que faire la comparaison entre les erreurs conception d'un avion comme celui évoqué et les difficultés d'assemblage d'un appareil comme le rafale est un peu exagéré.
Pour le Rafale il s'agit clairement d'un manque industriel (machines, main d'oeuvre qualifiée,…) alors que pour le HJT-36, c'est un manque de compétence dans la conception aéronautique. Il n'y a qu'à voir les difficultés que rencontrent les indiens pour le Tejas, qui n'est pourtant pas à la pointe de la technologie.
Les deux sont bien sur liés, car tant que les indiens ne concevront pas un avion évolué, l'industrie n'aura pas de raison de se mettre à niveau. Donc pour moi les problèmes du Rafale et HTJ-36 ne sont pas comparables.
Bruno ETCHENIC
Exagéré je ne pense pas. C'est toute la filière aéronautique, de la conception à la production, qui exprime non seulement un retard, mais aussi de l'incompétence. De plus dans l'article le lien n'est pas directement fait. Mais si on est tatillon… Vous avez raison
Anonyme
C'est surtout le paragraphe d'introduction qui m'avait fait tilter car il mettait tout dans le même panier. Mais en effet le reste de l'article explique bien que c'est un problème de conception et non industriel avant tout.
sepecat
Vous avez parfaitement raison sur le fond, ces deux programmes n'ont en effet rien de comparable en termes de complexité et leur échec est de nature différente.
Il existe cependant un point commun, assez mal vécu d'ailleurs par les Indiens si j'en crois leur presse, concernant le fait que dans les deux cas l'incompétence, ou tout au moins le manque de niveau, de l'industrie aéronautique locale est mis en évidence sur la place publique.
Le pays, pronant haut et fort le "Make in India", se rend compte après avoir fait le forcing durant trois ans qu'il peut y avoir un (très) long chemin à parcourir entre les déclarations et les réalités. Cela ne signifie nullement qu'ils n'auront jamais cette capacité, mais tout au plus qu'elle n'existe pas aujourd'hui, malgré le patriotisme ambiant.
Qu'il s'agisse de conception (HJT-36 Sitara) ou de construction (Rafale), l'Inde n'a clairement pas aujourd'hui les moyens de ses ambitions.
Un auteur indien faisait sur ce sujet un parallèle intéressant avec la construction navale de son pays. Il mettait ainsi l'accent sur le fait que, contrairement à l'industrie aéronautique, celle-ci avait acquis à présent une réelle légitimité, même si elle n'est pas encore totalement en pointe, mais que cela lui avait pris des dizaines d'années pour y parvenir.
Il semble que le transfert de technologie obtenu pour le Rafale ait été vu un peu trop vite par les Indiens comme un moyen rapide de se faire une place au soleil, d'où la désillusion ambiante.
Le fait que le HJT-36 Sitara reste empêtré dans ses problèmes de conception n'est probablement pas de nature à les rassurer.
Anonyme
En effet la barre a été placée bien trop haute. Ce sont par des coopérations industrielles de petite envergure, comme la modernisation des Mirages, ou la conceptions conjointe avec d'autres pays d'avions de second ordre que ce pays va monter en puissance (d'ailleurs une coopération sur un avion d'entrainement avancé type HTJ-36 entre la France et l'Inde aurait pu être bénéfique pour nos deux armées).
Ce n'est pas pour rien que la Russie semble frileuse à l'idée de partager la conception du T50 avec HAL.
sepecat
Même si cela ne concerne pas directement ce sujet, mais constitue un complément sur la réflexion en cours, un article vient de paraître dans "Les échos" (http://www.lesechos.fr/monde/asie-pacifique/02130163444-inde-terrorisme-fiscal-le-retour-1114510.php) sur ce qui est qualifié de "Terrorisme fiscal" pratiqué par l'Inde.
Le titre de l'article est plutôt évocateur :
"Inde: terrorisme fiscal, le retour ? Comme son prédécesseur, le nouveau gouvernement indien suscite l’exaspération des investisseurs internationaux avec des taxes rétroactives."
Pour résumer l'environnement indien, c'est une valse hésitation permanente et une tendance marquée à sortir des lois qui vous imposent à l'instant T sur des faits pouvant remonter à plusieurs années en arrière.
Ce type d'environnement n'est pas sans conséquence.
L'attitude des gouvernements indiens successifs est souvent perçue comme une succession de douches froides par ceux-là mêmes qui ont les moyens de leur apporter le savoir faire qu'ils veulent acquérir. Pas sûr, dès lors, qu'un industriel soit pressé de conclure avec un partenaire aussi peu fiable et dont on ne sait pas trop ce qu'il va réserver comme surprise dans les années à venir.
Le plus gros défis de l'Inde sera donc d'acquérir les capacités en question, tout en s'avérant crédible sur le long terme.
Comme vous le citez justement, même les Russes hésitent à s'engager dans cette voie et soupèsent avec attention qui du partenariat stratégique ou des relations purement économiques devra l'emporter.
Il est probable que la capacité à construire sera acquise progressivement via des contrats de sous traitance, y compris avec Dassault dans le cadre du Rafale. Pour ce qui est de la conception d'un avion proprement dite, c'est un peu plus compliqué à estimer et les éventuels partenaires de l'Inde y réfléchiront probablement à deux fois avant de s'engager.
L'approche de l'Indonésie en ce domaine semble plus pragmatique, puisque, si j'en crois un article paru ce mois de février 2015, elle vient de conclure un accord avec Airbus :
"Korean Air a annoncé dimanche avoir signé avec Airbus Defense & Space un accord pour concevoir ensemble un nouvel avion de combat "made in Korea" destiné à l'armée de l'air sud-coréenne."
Nous verrons bien ce qu'il adviendra de tout ceci dans les années à venir…
sepecat
Oups..
Tout le monde aura bien sûr corrigé et vu qu'en lieu et place de l'Indonésie il s'agissait de la Corée.
Privé de dessert ce soir pour cette erreur monumentale…