Nous avons pu assister à la conférence de presse annuelle de Dassault Aviation, qui a publié ses résultats pour l’année 2014. La conférence, fut suivie de deux séances de questions, l’une, publique et très intéressante, et l’autre, plus fortuite, sans caméra, et toujours plus… Croustillante.
L’année 2014 aura été extrêmement riche en événements pour Dassault Aviation qui confirme son leadership dans le domaine de l’aéronautique mondiale, et les perspectives à court et moyen terme mettent les dirigeants de la firme au trèfle à quatre feuilles dans la paix. Et pour cause. Le sujet le plus abordé a évidemment été la première vente export du Rafale en Égypte, mais aussi le programme MALE 2020, le nEUROn, ainsi que les programmes civils. Enfin, une information donnée avec beaucoup de pudeur a son importance, une grande première concernant le contrat en cours de négociation avec l’Inde !
Une année 2015 qui démarre pleine PC !
La conférence aura effectivement débuté en présentant le succès du Rafale en Égypte. S’il a été conclu en 2015, les négociations auront début en fin d’année 2014. Selon M. Trappier, la rapidité des négociations est à mettre au crédit de la volonté des politiques des deux pays de s’accorder pour aller vite. Les négociations sur le prix ont été menées très rapidement, et au plus haut sommet de l’état les différents accords nécessaires ont aussi été vus très rapidement. Le PDG de Dassault Aviation a rappelé que certains interlocuteurs ont mouillé leur chemise, allusion à peine voilée à l’implication personnelle de Jean Yves Le Drian, ministre de la Défense. Le client avait également un besoin urgent, et un désir d’acheter.
Concernant les livraisons, sur les onze Rafale livrés annuellement, trois seront livrés avant l’été, cinq livrés aux armées françaises et trois autres appareils, produits en 2015 seront livrés début 2016, ce qui explique le chiffre étonnant de 8 Rafale livrés au total, pour le prévisionnel 2015. Au total, 137 Rafale auront été livrés fin 2014.
Concernant l’Inde, et c’était une annonce majeure, Dassault et HAL se sont entendu sur un partage des responsabilités sur les avions construits en Inde, ce qui clos le dossier industriel de cet énorme contrat de 126 avions.
Les attaques de la presse russe et indienne sur la menace d’un retour de Sukhoi sur ce marché ont été prises avec beaucoup de philosophie par M. Trappier. « Le Rafale a été le vainqueur d’une compétition que les Russes ont perdu. Le Rafale fait peur aux Russes. »
Autre évènement important en ce début d’année 2015, le premier vol du Falcon 8X intervenu à Mérignac le 6 février. Retrouvez toutes les photos exclusives de cet évènement par notre photographe Vincent Massé en cliquant sur le lien suivant :
Le premier vol a eu lieu un peu plus d’un mois après le rollout officiel de l’avion, et les livraisons de cet appareil à très grande distance franchissable (12 000 km) interviendront au cours du second semestre 2016.
Le 26 février a également eu lieu le 100e et dernier vol du nEUROn dans le cadre des essais en vol étatiques menés en France. L’appareil va partir pour continuer sa campagne d’essais en Italie, puis en Suède, dès le début de l’été.
Consultez notre article:
Point sur les programmes
Le Falcon 7X s’est vu gratifier de deux nouveaux records, dont un de vitesse en reliant les aéroports de Teterboro (New York) et London City Airport en 5h54. L’autre évènement est également important, avec le posé, puis le redécollage de l’avion sur l’aéroport de Daocheng-Yading en Chine, situé à 4 411 mètres d’altitude, un record pour un avion d’affaires.
À ce jour, les 2000 Falcon en service ont cumulé 16 millions d’heures de vol.
Deux nouveaux Showrooms ont ouvert au Bourget ainsi qu’à Teterboro aux USA, ainsi qu’un service appelé Airborne Support. Nous garderons la traduction anglaise, car en Français, lorsqu’un avion Dassault réalise du support aérien, c’est plutôt pour lâcher quelques GBU… Trait d’humour mis de côté, deux Falcon 900 sont dédiés à l’envoi, n’importe où dans le monde et sur court préavis, d’une équipe de maintenance. Ils permettent également aux clients d’être acheminés à leur destination, avec un minimum d’embarras suite à l’indisponibilité de leur Falcon.
Côté défense
L’évènement majeur de l’année 2014 était la signature de l’étude de faisabilité concernant le programme SCAF (Système de Combat Aérien Futur), dont vous pouvez consulter notre dossier ici :
Pour ce qui concerne les avions sans pilote de surveillance, le programme MALE 2020 risque de déboucher sur une étude entre les trois partenaires et les trois états impliqués (Allemagne, France et Italie). M. Trappier a indiqué que ce contrat pourrait être annoncé avant le Bourget. Ce qui devrait être un des sujets majeurs de la 51e édition du salon aéronautique et de l’espace du Bourget, du 15 au 21 juin prochain.
Le programme de modernisation de l’Atlantique 2 se poursuit, et une innovation majeure est à noter, puisque le programme suit un processus d’outil qui n’a jamais été utilisé dans un programme de défense, nommé « PLM Systèmes ». Nous y reviendrons dans un prochain article.
Toujours au niveau de la Marine Nationale, les deux Falcon 50 SURMAR ont été livrés et sont désormais opérationnels.
Résultats financiers
Avec une baisse des livraisons suivant le ralentissement économique de ces dernières années, le chiffre d’affaires est logiquement en baisse. Mais les perspectives sont dans le vert puisque les prises de commande ont atteint 90 appareils pour la gamme Falcon, et le Book To Bill redevient enfin supérieur à un (nombre d’avions commandés dans l’année supérieure au nombre d’avions livrés).
L’activité Falcon génère toujours une très grande majorité du CA de Dassault Aviation, et permet d’atteindre un ratio impressionnant de 77% d’export en valeur.
Avec une baisse du CA, l’autofinancement de la recherche et du développement, à effort constant, a automatiquement augmenté en passant à 13,3% du CA. Cet effort important est dû aux deux programmes menés de front, le développement des Falcon 5 et 8X.
Pour plus de détails sur l’aspect financier des résultats de Dassault Aviation, nous vous invitons à consulter l’article du journal en ligne économique « la tribune »