photo de presse de la signature du contrat (crédit Snecma) |
Une dépêche importante et bienvenue vient de tomber : Snecma (Safran) et HAL (Hindustan Aeronautics Limited) viennent de signer un accord de principe (Memory of Understanding) afin de créer une société commune pour produire des pièces du moteur M-88.
Cet établissement, qui ne mesurera pas moins de 30 000 m2, sera en charge de la production de pièces de haute technologie destinées aux moteurs des futurs Rafale indiens.
Depuis 60 ans, les filiales de SAFRAN sont présentes en Inde. Le groupe y emploie déjà 2600 personnes hautement qualifiées, avec une augmentation de 30% par an des effectifs depuis 10 ans.
“Cette nouvelle collaboration reflète clairement la relation étroite établie depuis de nombreuses années entre Snecma, sa compagnie mère Safran et l’industrie aéronautique indienne” a déclaré Pierre Fabre, le PDG de Snecma.
“Nous sommes fortement engagés pour contribuer à la politique indienne du “Make in India” a-t-il ajouté. Cette politique souhaitée par le parti BJP récemment arrivé au pouvoir a pour but de promouvoir la fabrication d’armements locale (ou au moins ayant un fort contenu local) afin d’une part de limiter les importations (l’Inde est le 1er importateur mondial d’armement) en valeur et de promouvoir l’émergence d’un secteur de l’armement “high tech”.
Cette annonce, a été faite dans en marge du salon Aero India 2015 qui se déroule actuellement est directement liée au déroulement des négociations du mégacontrat MMRCA (Medium Multimission Combat Aircraft) lancé en 2001 par l’ Inde
Rappelons que ce contrat concerne 126 avions (plus 63 en option) Rafale, dont 18 seraient livrés directement par la France, les 108 avions restant devant être produits en Inde. Depuis le 31 janvier 2012, Le consortium Rafale est en négociations exclusives avec le gouvernement et les industriels indiens.
Ce contrat, dont la valeur est estimée entre 12 et 20 milliards d’euros, ce qui en fait un des contrats les plus importants de l’histoire de l’armement, est incroyablement complexe car il comporte un vaste volet de transfert de technologies. Ainsi, si le premier Rafale de la chaîne de production indienne ne sera qu’assemblé en Inde à partir de “kits” fournis par la France, et le contenu produit localement augmentera progressivement au fur et à mesure de la production.
On imagine aisément la complexité d’un tel montage industriel. En effet, le programme Rafale représente en France pas moins de 500 sous traitants et 7000 emplois. Leur contre parties indiennes ont du être identifiées, auditées et contractualisées.
La durée des négociations (depuis trois ans!) ainsi que certains aléas (décès du responsable indien, changement de majorité politique en Inde), ont alimenté une frustration clairement perceptible dans la presse indienne qui rapporte quotidiennement des “faits”, rumeurs, de sources la plupart du temps anonymes et souvent sensationnalistes sur l’échec supposé des négociations.
Récemment, on a souvent évoqué une clause improbable de “responsabilité” de Dassault pour la qualité des éléments ou avions produits en Inde. Cette fameuse clause aurait fait partie de la RFP (request for proposal), le document initial auquel doit soumettre chaque candidat. L’existence de cette clause a été récemment niée par M. Collet-Billon, le Délégué Général à l’ Armement et fermement rejetée par M. Trappier, le PDG de Dassault Aviation.
L’ accord pour la création de cette co-entreprise est donc une excellente nouvelle quant à l’avancement des négociations et une finalisation prochaine du contrat, peut être en Avril lors de la visite du 1er ministre indien Narendra Modi à Paris.
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