Février 1916. L’horreur de la bataille de Verdun commence pour plus de 2 millions d’hommes. Français et Allemands vont se battre pendant presque 10 mois avec abnégation et courage. Cette bataille aura vu naitre l’aviation de combat, et changé la guerre à jamais en lui donnant une nouvelle dimension. 100 ans après, le mémorial de cette bataille franco-allemande va être entièrement refait, donnant une nouvelle base à la mémoire des soldats des deux pays, qui, après avoir été ennemis pour le pire, se retrouvent ensemble pour ne pas oublier. Une mémoire à rendre à ces quelque 286 000 morts pour leur pays, ainsi que plus de 400 000 blessées, et autant de familles meurtries par le sang versé dans une seule bataille.
Hier soir s’est tenu une cérémonie à l’hôtel national des invalides, durant laquelle une convention de mécénat a été signée en présence de M. Jean-Marc Todeschini, secrétaire d’État auprès du ministre de la Défense, chargé des Anciens Combattants et de la Mémoire, le général Elrick Irastorza, président du conseil d’administration de la Mission du centenaire de la Première Guerre mondiale, et M. Éric Trappier, président-directeur général de Dassault Aviation.
Dassault Aviation a consenti à participer à hauteur de 250 000€ à ce musée qui devrait ouvrir ses portes au public fin 2015, soit quelques mois avant le centenaire de la bataille. L’entreprise a en effet un lien particulièrement fort avec cette bataille, puisque Marcel Bloch (devenu Dassault par la suite) a été un acteur important de l’aviation dès les premiers jours de la bataille.
L’intervention du Général Irastorza nous a bien fait comprendre, au cours de sa courte intervention, l’importance qu’a prise l’aviation durant la guerre, avec des chiffres très parlants. Au début de la bataille de Verdun, les Français alignaient 162 avions de 11 marques différentes et 6 ballons. Avant l’armistice en 1918, plus de 200 000 appareils auront été construits, dont 50 000 rien qu’en France !
L’allocution de M. Prost, professeur d’histoire contemporaine a également été très utile pour faire comprendre à quel point l’aviation a joué un rôle déterminant pendant cette bataille. Il existait un fossé entre les cartes d’états-majors indiquant la position des troupes et des tranchées, et leur position ou existence même sur le terrain. Les lignes de communication étant systématiquement coupées par les bombardements d’artillerie, les informations étaient rares et/ou obsolètes. Les premiers avions ont donc eu un rôle d’observation dans une mission de renseignement. Puis plus tard, ils ont été utiles au réglage des tirs d’artillerie. Un réglage d’artillerie efficace pouvant durer jusqu’à 3 heures et demi, l’avion évoluait alors dans un espace restreint, longtemps, permettant à l’aviation ennemie de réagir… Pour contrer le renseignement, l’interception a donc été inventée, suivi de la chasse pour l’escorte de ces appareils. Puis est venu le temps du bombardement, où les premiers tirs se faisaient en larguant des bombes depuis les airs dans les tranchées ennemies, parfois… à la main.
Au plus fort de la bataille, l’armée française comptait pas moins de 40 fournisseurs pour 253 modèles d’hélices différents. L’état-major a conduit des tests rigoureux pour n’en sélectionner que trois, et l’hélice éclair, conçue et construite dans l’atelier de meubles du père d’un ami de Marcel Bloch en faisait partie. Voici le point de départ d’une entreprise aéronautique innovante qui a construit et fait voler plus de 8 000 avions jusqu’à ce jour et compte 11 000 collaborateurs à travers le monde.