C’est un communiqué officiel publié à 18H00 ce soir qui annonce, enfin, la commande très prochaine d’un avion très attendu au sein des forces. Car rien n’est signé encore, mais le contrat étant préparé par la DGA, on peut en conclure qu’il ne s’agit que d’une question de temps. Il est très probable également que les 12 avions ne soient pas commandés en une seule fois, mais fassent l’objet de commandes par petits lots… Bien que ce dernier point ne soit pas certain, tant le ministre de la Défense s’est battu pour prioriser ce dossier et sanctuariser cette acquisition.
Car sans ravitailleur, point de salut ! Ce sont eux qui permettent l’allonge à l’outil de dissuasion aéroporté français. Sur court préavis, les Mirage 2000N et Rafale B des Forces Aériennes Stratégiques (FAS) peuvent frapper une cible jusqu’à plus de 10 000 km de la métropole, en toute autonomie, dans un contexte de guerre à haute intensité, sans même utiliser la navigation par satellite. Tout un art ! Mais tout un art en péril en utilisant des avions qui sont presque tous bien plus âgés que leurs pilotes… Les premiers C-135 F ont été livrés à l’Armée de l’Air en 1964, il y a 50 ans, et le premier remplaçant est désormais prévu pour arriver en 2018. Au rythme d’une livraison à deux par an, il faudra attendre 2025 pour que la flotte de l’A330 Phénix (c’est son nom) ait atteint sa pleine dotation.
Pour être livré rapidement et à moindre coût, les deux premiers appareils achetés n’auront pas tous les raffinements dont l’Armée de l’Air souhaite doter ses appareils, dont la porte-cargo. Voir cet article de notre confrère Opex360: L’Armée de l’Air aura deux versions de l’avion ravitailleur A330 MRTT
Bien qu’étant d’une utilité stratégique –et donc vitale- pour la France, il est étonnant que ce chantier ait été autant retardé, surtout connaissant les problèmes de disponibilité auxquels les équipages et mécaniciens de l’escadron de ravitaillement ER 02.091 Bretagne avaient à faire face.
Non seulement le ministre de la défense, M. Le Drian, mais également le CEMAA, le général Denis Mercier avait fait de ce dossier une priorité. Car si la cible d’avion à commander est calculée au plus juste en fonction des besoins des FAS (au départ, il était prévu de remplacer les ravitailleurs nombre pour nombre, soit 14), l’avion est également très sollicité pour les missions conventionnelles, qu’elles soient réalisées par les FAS ou par les autres unités de l’Armée de l’Air. Dire que ce type d’appareil est très sollicité est même très en dessous de la réalité. Mis à part le rapprochement permis par le groupe aéronaval et son extraordinaire allonge, les avions de combat de l’Armée de l’Air ne pourraient pas aller bien loin ni durer très longtemps sur tous les théâtres d’opération extérieure auquel l’armée Française a participé… La plupart du temps, ils n’auraient même pas suffisamment de carburant pour se rendre sur zone et revenir par leurs propres moyens, c’est dire l’importance que les ravitailleurs ont pris ces dernières années, et le réel multiplicateur de force qu’ils sont devenus.
Communiqué de presse officiel :
“Le ministre de la Défense annonce la commande de 12 avions MRTT
À l’occasion du colloque « 50e anniversaire des forces aériennes stratégiques et la dissuasion au 21e siècle » à l’École militaire, Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, a annoncé que le contrat pour l’acquisition de 12 avions multirôles de ravitaillement en vol et de transport (MRTT) est prêt à être notifié.
Préparé par la Direction générale de l’armement (DGA), le contrat vers Airbus Defence and Space couvre également l’acquisition des systèmes de soutien et de formation associés (rechanges, outillages, outils de simulation…) et des premières années de soutien et de formation. Le montant du contrat est d’environ 3 milliards d’euros. Conformément à la Loi de programmation militaire, la livraison du premier appareil est prévue en 2018, celle du second en 2019. Les livraisons se poursuivront ensuite au rythme de 1 à 2 appareils par an.
« Notre volonté de moderniser la composante aéroportée de la dissuasion se concrétise avec ce contrat pour l’acquisition de 12 avions MRTT. » a indiqué Jean-Yves Le Drian. « Au-delà de cet engagement stratégique du Président de la République réaffirmé dans le Livre blanc et la Loi de programmation militaire, ce sont les capacités de transport à longue distance et d’évacuation sanitaire qui sont assurées sur le long terme ».
Expliquant les missions futures de ce MRTT (ravitaillement en vol, transport de personnel et de fret, relais de renseignement et évacuation sanitaire de blessés graves en cas de situation de crise, le ministre a précisé : « Le nom qui a été retenu est « Phénix », Airbus A330 « Phénix ». Ce choix n’est pas anodin. Il vient souligner la volonté d’associer le caractère légendaire de cet oiseau mythique avec un avion qui représente une avancée remarquable à tous les niveaux de performance. Ce sont de beaux et grands défis qui attendent les futurs équipages. »
Ces avions sont réalisés à partir d’A330-200 assemblés par Airbus à Toulouse. Le projet fait intervenir Thales Avionics pour la conception et la réalisation du système avionique ainsi que Rolls Royce pour la fourniture des moteurs Trent 700. Outre la France et le Royaume Uni, le MRTT compte 4 clients export. C’est d’ores et déjà un succès commercial européen.”
3 Comments
Anonyme
Bonjour,
une petite question, mais pourquoi les "Phénix" seront ils motorisé avec des réacteurs RR Trend (ce qui est une première pour l'AA) au lieu des réacteurs GE CFM56 bien connu chez nous (présent sur AWACS et ravitailleurs).
Question de puissance ou d'économie ?
Bruno ETCHENIC
C'est effectivement une question de puissance. Les moteurs ne sont absolument pas de la même catégorie, au même titre que les avions d'ailleurs. Regardez la seconde photo de l'article pour vous en apercevoir.
un c135 FR c'est environ 150 tonnes de masse max, un A330 c'est environ 240 tonnes. Un A330 avec 4 moteurs CFM-56 cela existe, c'est un avion qui s’appelle l'A340. Plus cher à l'entretien, moins économique et performant (grimpe surtout moins vite que l'A330), il a été supplanté par l'A330.
Anonyme
j'avais lu que l'A330 était certifié pour 3 types de moteurs: le Trent de RR, le CFM de GE et le PW et que c'était les acheteurs qui choisissait la motorisation.