Le matin du 31 octobre 2014, SpaceShipTwo, le vaisseau suborbital de Virgin Galactic, était victime d’une “anomalie” deux minutes seulement après s’être séparé de son véhicule de lancement pendant un vol d’essai. Cette anomalie a entrainé la perte de l’appareil dans le désert de Mojave, tuant le copilote et blessant gravement le pilote. Le NTSB, chargé de l’enquête, a annoncé il y a peu les premiers éléments tirés de la télémétrie et de la vidéo.
Les pilotes, qui avaient à eux deux plus de 30 ans d’expérience en vol, étaient employés par Scaled Composites, une entreprise qui développe des aéronefs expérimentaux au Centre Aérospatial de Mojave, en Californie.
Michael Alsbury, 39 ans, copilote, n’a pas survécu au crash. Il laisse derrière lui une femme et deux enfants. Il a volé pour la première fois à bord de l’aéronef en 2010.
Peter Siebold, 43 ans, a lui eu la possibilité d’évacuer le vaisseau mais, gravement blessé, il a été héliporté vers un hôpital local. Siebold est le directeur des opérations aériennes à Scaled Composites, et l’entreprise a annoncé qu’à l’heure actuelle il est conscient et qu’il est capable de parler aux médecins et à sa famille.
Répondant aux critiques envers Virgin Galactic, les accusant d’être trop ambitieux et d’utiliser un équipement dangereux en toute connaissance de cause, l’entreprise a déclaré :
“Chez Virgin Galactic, nous sommes déterminés à ouvrir la frontière de l’espace, tout en considérant la sécurité comme notre leitmotiv. Celle-ci a guidé chaque décision que nous avons prises au cours de cette dernière décennie, et prétendre le contraire serait totalement faux. Nous avons le privilège de travailler avec quelques uns des meilleurs esprits de l’industrie spatiale, qui ont dédié leurs vies au développement de technologies pour permettre de pérenniser l’exploration de l’espace. Chacun de nous à Virgin Galactic comprend l’importance de notre mission et la signification de notre but : créer la toute première compagnie de transport spatial. Ce n’est pas une mission que l’on prend à la légère.”
L’enquête a débuté le lendemain matin du crash quand les enquêteurs du
NTSB sont arrivés sur place et ont débuté l’analyse de la télémétrie et
des débris, éparpillés sur plus de 3 kilomètres. Les moteurs et les
réservoirs ont été retrouvés intacts, ce qui réfute les premières
spéculations visant ces éléments comme la principale cause du drame.
Le président du NTSB Christopher Hart a rendu public un communiqué dimanche, indiquant que le système de “Feather”, qui aide durant la rentrée atmosphérique, avait été activée prématurément.
SpaceShipTwo a été conçu pour amener des touristes dans l’espace suborbital, leur permettant d’expérimenter l’apesanteur. Ce vaisseau n’est pas lancé d’une fusée. Il est transporté auparavant en haute altitude par un avion porteur, le WhiteKnightTwo.
Une fois atteinte l’altitude de 15 kilomètres (50 000 pieds), SpaceShipTwo est larguée pour quelques secondes de chute libre, avant la mise à feu du moteur-fusée. Le vaisseau monte ensuite à 110 kilomètres d’altitude (soit 310 000 pieds, officiellement reconnu comme le début de l’espace suborbital). Les passagers peuvent ensuite profiter de quelques minutes d’apesanteur, avant d’entamer la descente. Le mécanisme en question, “Feathering”, est alors mis en œuvre, ce qui permet à la fois de ralentir et de stabiliser la rentrée dans l’atmosphère, avant que le vaisseau ne plane vers la piste.
Le fait que ce vol était un vol d’essai permet aux enquêteurs d’avoir accès à bien plus de données que lors d’accidents plus classiques, ce qui apportera une aide significative à déterminer les causes de ce drame. La vidéo provenant du cockpit montre Siebold armant prématurément l’une des deux étapes normalement réservées à la descente en “Feathering“.
L’étape 1 consiste à déverrouiller le mécanisme. La seconde arme le repli de la queue de l’appareil, agissant ainsi à la fois comme des aérofreins et des volets. Par contre, rien n’aurait dû se produire à la première étape sans procéder à la seconde, qui n’a été armée par aucun des deux pilotes.
Christopher Hart précise qu’en aucun cas il ne s’agit de la cause officielle du crash, mais que cette révélation était “factuelle” seulement. L’enquête devra évidemment se poursuivre pendant plusieurs autres mois avant qu’une cause officielle du crash ne soit déterminée.