Le 27
octobre, le constructeur SAAB a annoncé avoir conclu avec le Brésil la
signature du contrat portant sur l’acquisition de 36 JAS 39 Gripen de nouvelle
génération. Bonne nouvelle pour l’armée de l’air du Brésil qui attendait la
conclusion du programme FX2 depuis une décennie, et pour le constructeur suédois
qui pérennise l’avenir de son programme phare. Pourtant, derrière la bonne
nouvelle se cache ce qui pourrait devenir comme deux polémiques. D’une part, la
signature aurait été faite en toute discrétion en aout 2014, et le contrat
affiche un surcoût de près d’un milliard de dollars par rapport au coût prévu lors de la sélection de l’avion, il y a un an.
octobre, le constructeur SAAB a annoncé avoir conclu avec le Brésil la
signature du contrat portant sur l’acquisition de 36 JAS 39 Gripen de nouvelle
génération. Bonne nouvelle pour l’armée de l’air du Brésil qui attendait la
conclusion du programme FX2 depuis une décennie, et pour le constructeur suédois
qui pérennise l’avenir de son programme phare. Pourtant, derrière la bonne
nouvelle se cache ce qui pourrait devenir comme deux polémiques. D’une part, la
signature aurait été faite en toute discrétion en aout 2014, et le contrat
affiche un surcoût de près d’un milliard de dollars par rapport au coût prévu lors de la sélection de l’avion, il y a un an.
En décembre
2013, le Brésil avait annoncé avoir sélectionné le Gripen NG lors de la
compétition FX2, à laquelle concourraient également le Super Hornet de Boeing
et le Rafale de Dassault. Suite à cette sélection, l’état brésilien est entré
en négociation exclusive avec le constructeur suédois, en vue d’acquérir un
premier lot de 36 appareils (108 appareils pourraient être commandés à long
terme).
2013, le Brésil avait annoncé avoir sélectionné le Gripen NG lors de la
compétition FX2, à laquelle concourraient également le Super Hornet de Boeing
et le Rafale de Dassault. Suite à cette sélection, l’état brésilien est entré
en négociation exclusive avec le constructeur suédois, en vue d’acquérir un
premier lot de 36 appareils (108 appareils pourraient être commandés à long
terme).
Les
négociations ont pour but de définir précisément les termes du contrat dans
tous ses aspects. Définition du produit, aspect juridique, transfert de
technologies, transfert des compétences et d’une partie de la production au
Brésil, tout ceci définissant le prix final du contrat.
négociations ont pour but de définir précisément les termes du contrat dans
tous ses aspects. Définition du produit, aspect juridique, transfert de
technologies, transfert des compétences et d’une partie de la production au
Brésil, tout ceci définissant le prix final du contrat.
Fin octobre,
un communiqué de Saab annonce donc que le contrat est désormais signé. D’une
valeur de 5,4 milliards de dollars, c’est 900 millions de plus que les 4,5
milliards annoncés lors de la signature. Lorsque l’on sait que les offres
concurrentes ont été plus ou moins officiellement rejetées pour des raisons de
coût, voici une première raison qui fait que les médias, mais aussi le pouvoir
politique brésilien se posent des questions.
un communiqué de Saab annonce donc que le contrat est désormais signé. D’une
valeur de 5,4 milliards de dollars, c’est 900 millions de plus que les 4,5
milliards annoncés lors de la signature. Lorsque l’on sait que les offres
concurrentes ont été plus ou moins officiellement rejetées pour des raisons de
coût, voici une première raison qui fait que les médias, mais aussi le pouvoir
politique brésilien se posent des questions.
Qu’est-ce
qui peut expliquer ce surcoût ? En l’état, il n’y a aucune réponse
officielle, et pour cause. Le contrat a été signé en catimini au mois d’aout
2014 par un organisme chargé de cette acquisition, la COPAC (Comissão
Coordenadora do Programa Aeronave de Combate). Plusieurs raisons peuvent être
invoquées pour expliquer cette discrète signature. La première d’entre elles
est liée à la vie politique du Brésil, où des élections devaient se tenir en
octobre. On peut se souvenir de l’annonce prématurée du président français
Nicolas Sarkozy qui, en 2009, avait annoncé lors d’un voyage au Brésil que le
Rafale avait été choisi par le gouvernement de Lula. Loin de penser que notre
ancien président ait eu une imagination débordante, le fait que cette annonce est été faite par le président français a été mal vécu au Brésil. Ce serait surtout une rupture dans la coopération sur un dossier international qui aurait
remis le choix en cause. Mais le changement de présidence y aurait été
également pour quelque chose. C’est pourquoi, afin de protéger le contrat d’un
éventuel changement politique après les élections, cette signature a été gardée
secrète. Le groupe de défense Saab ne s’y est pas trompé, c’est le lendemain de
la réélection de Dilma Rousseff que l’annonce de la signature du contrat a été
rendue publique. Pour ceux qui douteraient encore que la politique est un des
éléments, sinon l’élément le plus important dans le commerce des avions de
combat…
qui peut expliquer ce surcoût ? En l’état, il n’y a aucune réponse
officielle, et pour cause. Le contrat a été signé en catimini au mois d’aout
2014 par un organisme chargé de cette acquisition, la COPAC (Comissão
Coordenadora do Programa Aeronave de Combate). Plusieurs raisons peuvent être
invoquées pour expliquer cette discrète signature. La première d’entre elles
est liée à la vie politique du Brésil, où des élections devaient se tenir en
octobre. On peut se souvenir de l’annonce prématurée du président français
Nicolas Sarkozy qui, en 2009, avait annoncé lors d’un voyage au Brésil que le
Rafale avait été choisi par le gouvernement de Lula. Loin de penser que notre
ancien président ait eu une imagination débordante, le fait que cette annonce est été faite par le président français a été mal vécu au Brésil. Ce serait surtout une rupture dans la coopération sur un dossier international qui aurait
remis le choix en cause. Mais le changement de présidence y aurait été
également pour quelque chose. C’est pourquoi, afin de protéger le contrat d’un
éventuel changement politique après les élections, cette signature a été gardée
secrète. Le groupe de défense Saab ne s’y est pas trompé, c’est le lendemain de
la réélection de Dilma Rousseff que l’annonce de la signature du contrat a été
rendue publique. Pour ceux qui douteraient encore que la politique est un des
éléments, sinon l’élément le plus important dans le commerce des avions de
combat…
Pourtant, la
encore c’est la méthode qui froisse. Car le président de la COPAC avait annoncé, début août que la signature finale interviendrait certainement au mois
de décembre 2014… Alors qu’elle sera actée moins de 10 jours après. Curieuse
réalité.
encore c’est la méthode qui froisse. Car le président de la COPAC avait annoncé, début août que la signature finale interviendrait certainement au mois
de décembre 2014… Alors qu’elle sera actée moins de 10 jours après. Curieuse
réalité.
L’autre
grande question est celle du coût. Pourquoi la valeur du contrat aurait-elle augmenté de 20% en huit mois de négociations ? Pour le moment, il n’existe aucune
réponse officielle. D’ailleurs il semble que le gouvernement souhaite également
obtenir une réponse à cette épineuse question puisqu’une commission d’enquête
parlementaire vient d’être diligentée, et plusieurs experts doivent analyser le
dossier et rendre leurs avis.
grande question est celle du coût. Pourquoi la valeur du contrat aurait-elle augmenté de 20% en huit mois de négociations ? Pour le moment, il n’existe aucune
réponse officielle. D’ailleurs il semble que le gouvernement souhaite également
obtenir une réponse à cette épineuse question puisqu’une commission d’enquête
parlementaire vient d’être diligentée, et plusieurs experts doivent analyser le
dossier et rendre leurs avis.
Nouveau cockpit, avec écran large et sans HUD source: DEFESANET |
Tout au plus
pouvons-nous nous risquer à évoquer des hypothèses, comme le souhait des
Brésiliens, pendant les négociations, de disposer d’un transfert de technologie
plus important. Parmi les 26 appareils commandés, 8 avions seront biplaces. Et
on sait que le développement du Gripen F (version biplace donc) avait été
abandonné par la Suède afin de baisser le coût du programme. Le Brésil devra
donc payer pour le développement d’une version qui ne sera utilisée, pour le
moment, qu’à huit exemplaires seulement… D’autres modifications en rapport à la
version originale ont été dévoilées, comme une modification importante du
cockpit, avec l’adoption d’un large écran tactile, à l’instar du F-35, en lieu
et place des trois grands écrans multifonctions dont était équipé le Gripen E
originel (toujours en développement de surcroît).
pouvons-nous nous risquer à évoquer des hypothèses, comme le souhait des
Brésiliens, pendant les négociations, de disposer d’un transfert de technologie
plus important. Parmi les 26 appareils commandés, 8 avions seront biplaces. Et
on sait que le développement du Gripen F (version biplace donc) avait été
abandonné par la Suède afin de baisser le coût du programme. Le Brésil devra
donc payer pour le développement d’une version qui ne sera utilisée, pour le
moment, qu’à huit exemplaires seulement… D’autres modifications en rapport à la
version originale ont été dévoilées, comme une modification importante du
cockpit, avec l’adoption d’un large écran tactile, à l’instar du F-35, en lieu
et place des trois grands écrans multifonctions dont était équipé le Gripen E
originel (toujours en développement de surcroît).
Récemment,
un autre serpent de mer a refait surface avec la possibilité pour les
Brésiliens de développer par eux même leur propre version navale de l’avion.
Sur ce coup, Saab est doublement gagnant. Non seulement c’est le Brésil qui
assumera les risques de l’étude de cette nouvelle version, mais pour qu’elle
soit réalisée, les industriels auront besoin d’encore plus de données sur le
chasseur, et donc un transfert de technologies encore plus important. Sans
compter le fait que SAAB, via le Brésil, disposerait alors d’une nouvelle corde
à son arc sur le plan commercial.
un autre serpent de mer a refait surface avec la possibilité pour les
Brésiliens de développer par eux même leur propre version navale de l’avion.
Sur ce coup, Saab est doublement gagnant. Non seulement c’est le Brésil qui
assumera les risques de l’étude de cette nouvelle version, mais pour qu’elle
soit réalisée, les industriels auront besoin d’encore plus de données sur le
chasseur, et donc un transfert de technologies encore plus important. Sans
compter le fait que SAAB, via le Brésil, disposerait alors d’une nouvelle corde
à son arc sur le plan commercial.
4 Comments
Anonyme
Apparemment l'objectif du Brésil est de construire sur place 100-150 avions plus 30-50 en version navale et d'en exporter une centaine.
Sachant que l'investissement initial de formation et d'industrialisation doit être similaire, le choix de Saab par rapport à Dassault doit prendre en compte :
-pour le Rafale
L'avion est certifié et livrable de suite.
Version biplace et navale existent
-pour le Gripen E
Pas de livraison avant 2019-2020 donc location de Gripen C.
Version biplace et navale à développer
Pas sur que la solution Rafale soit au final beaucoup plus cher pour un avion aux capacités supérieures et mieux dimensionné à la taille du Brésil
Pour l'exportation, je doute que les gouvernements anglais, allemand et américain donnent une carte blanche pour la vente de leur technologie.
François
Haikai
Cette signature subreptice (en catimini) pourrait poser un sérieux problème quant à sa légalité, si l'opposition parlementaire brésilienne saisissait la Cour constitutionnel du Brésil (du moins s'ils en ont la possibilité).
A cette occasion, différentes question de droit pourraient être ainsi soulevé par l'opposition à Dilma Rousseff (qui n'aurait peut-être pas été réélu avec 51,64% des voix, si les conditions de cette signature avait été connu avant l'élection présidentielle). Ce qui pourrait fragiliser ce programme, surtout si la population Brésilienne manifeste en ce sens (comme lors de la Coupe du monde de Football de cette année).
Je pense donc que cette "signature subreptice" pourrait poser la question de la validité juridique du contrat lui-même. Mais, seul l'opposition parlementaire brésilienne et le peuple du Brésil sont en mesure de soulever la dite question.
En ce qui concerne le surcoût du programme, il serait en effet très intéressant de savoir à quoi cela correspond. Car, en fonction de la réponse, cela pourrait nous indiquer si le coût réel du programme est bien maîtrisé comme avec le Rafale, ou si il est encore mal maîtrisé comme avec le F-35 (au pire) ou avec l'Eurofighter (au mieux).
Haikai.
Bruno ETCHENIC
Nous ne pouvions pas nous permettre d'être aussi direct dans l'écriture de notre article et garder une certaine retenue.
Ceci étant dit… Vous résumez bien !
Haikai
Et pourtant, je me suis juste contenté d'exprimer l'analyse la plus neutre possible.
D'ailleurs, je pense que Saab aurait tout intérêt de se rapprocher de Dassault pour le développement de son Gripen. Comme Saab le fait déjà avec le projet nEUROn de Dassault. Mais il ne s'agit que d'un vœu pieu.
Haikai.
Haikai.