Dans les années à venir, le marché des avions de combat occidentaux sera profondément changé. La production de la plupart des avions occidentaux s’affrontant sur le marché actuellement s’arrêtera, et le choix se restreindra. Alors qu’une partie des pays dans le monde n’ont pas encore fait le choix de leur futur chasseur, cet état de fait profitera indéniablement aux survivants. Etat des lieux :
(Photo d’illustration Rafale: Vincent Guisiano, Bloke Photography)
La plus grosse compétition commerciale jamais engagée ces dernières années fut sans conteste possible le marché appelé M-MRCA, pour Medium, Multi Role Combat Aicraft. L’objet était le remplacement de la multitude de Mig-21 en service au sein de l’Indian Air Force.
Presque tous les prétendants actuellement disponible étaient présents. Côté occidental, s’affrontèrent les F-18 E/F Super Hornet, le F-16 IN Super Viper américains, L’Eurofighter Typhoon européen, le Gripen NG européano-suédois ainsi que le Rafale. Ne manque que le F-15 Eagle, toujours en production, mais trop lourd pour rentrer dans le cadre de cette compétition.
Si l’histoire retient que seuls le Typhoon et le Rafale furent sélectionnés sur les critères techniques, puis que le Rafale s’imposa ensuite sur des considérations financières, la très grande majorité des appareils en lice disparaitront dans les deux à quatre années à venir.
F-16 IN Super Viper
Produit en grande série depuis 1975 (!!), il a équipé les forces aériennes de nombreux pays. Simple, économique à l’achat et avec un grand potentiel de modernisation, il aura atteint le chiffre record d’environ 4 700 exemplaires produits ! Avec les dernières commandes exports, sa ligne de production subsistera jusqu’en 2017. Son constructeur d’alors, General Dynamics ne se doutant pas du succès que cet avion aura connu, a depuis été racheté par Lockeed Martins qui fabrique également le F-35.
F-18 E/F Super Hornet
Bien qu’aujourd’hui il ne reste plus que des EA-18G Growler en production (variante de guerre électronique, voire cet article), et malgré le désir de l’US Navy d’en commander au moins une centaine de plus, la production de cet avion fabriqué par Boeing devrait s’arrêter en 2016. Évolution du célèbre Hornet, cet avion aux performances critiquées, mais aux qualités multirôles incontestables et à un coût maitrisé ne verra pas son horizon se dégager, malgré les tentatives de Boeing avec la présentation d’une nouvelle variante, l’Advanced Super Hornet (voir cet article)
F-15 Eagle/Silent Eagle
Autre succès de Boeing, le F-15 Eagle. Avion de suprématie aérienne datant de la même époque du F-16, ce gros avion de combat aux performances toujours avantageuses est toujours proposé à l’export, dans une variante nommée Silent Eagle, comprenant quelques subterfuges visant à réduire sa surface équivalente Radar. Près de 1200 Eagle seront fabriqués dans plusieurs variantes, et la production ne subsiste encore que grâce à un gros contrat export en Arabie Saoudite. Lorsque le dernier appareil sera livré en 2018, la production s’arrêtera.
L’Eurofighter Typhoon II
Membre de la famille des « Euros Canards », le Typhoon est le cousin malheureux du Rafale. Ses capacités multirôles n’ayant pas été développées suffisamment tôt, alliées à une chaîne de production d’une incroyable complexité due au partage des tâches entre partenaires, donnant à l’avion un prix supérieur face à tous ses concurrents malgré les 600 exemplaires qui seront produits. Même avec quelques succès mitigés à l’international, le PDG d’Airbus a prévenu. En l’absence de nouveau contrat export, la chaîne de production s’arrêtera en 2018.
Les survivors !
Après 2018, quels seront les avions encore disponibles sur le marché ? Toujours en considérant uniquement les avions de première ligne disponible en occident, ne resteront que trois appareils susceptibles de s’attacher au service des armées désireuses de renouveler leurs flottes d’avions de combat.
Le F-35 Lightning II
Cet avion et surtout le programme sont dans une contradiction incroyable. 100 avions produits et livrés, et une mise en service opérationnelle avec des capacités très limités n’est pas attendue avant 2016. Des coûts de développement qui explosent, et un coût de fabrication qui ne profite pas encore d’une production en grande série (sic !). Les problèmes liés à la mise au point des logiciels de l’avion ne font que commencer. Malgré tout, l’avion a un avenir devant lui, et un horizon dégagé de tout concurrent… Ou presque.
Le JAS-39 Gripen E(/F) NG
Petit chasseur venu du froid, il a été le premier appareil de nouvelle génération à entrer en service au sein de l’armée de l’air suédoise. Depuis peu, il fait l’objet d’un programme de modernisation. Plus qu’une simple modernisation, il s’agit bien d’un nouvel appareil comprenant un nouveau moteur, un nouveau système d’arme, et une cellule presque entièrement revue pour donner plus d’autonomie. Réellement multirôle, conçu avec des équipements disponibles sur le marché, l’avion a coûté bien moins cher à concevoir que ses concurrents européens.
En ces temps de disette budgétaire sur le continent européen, le gouvernement suédois avait donné son aval au développement de cette nouvelle version à la condition d’associer un pays partenaire. Après le couac subit en Suisse, tous les espoirs de Saab sont tournés vers le Brésil où les négociations exclusives avec le constructeur n’ont débuté qu’il y a quelques mois.
L’avenir de l’avion s’assombrit, mais malgré tout semble mieux engagé que tous les autres avions précédemment cités.
Le Rafale
Encore en production, le Rafale aura bien malgré lui profité d’une baisse de financement des armées françaises, limitant son taux de production à un avion par mois. Ce qui fait que Dassault produira des Rafale pour quelques années encore. La production de la quatrième tranche en cours de production devrait perdurer jusqu’à 2019, sauf si une commande export venait s’intercaler. L’armée française espère en effet que la livraison d’avions vers un client étranger lui permettra de sauvegarder des crédits pour l’acquisition d’autres équipements. D’ores et déjà, une cinquième tranche de production est prévue, mais la définition technique n’est pas encore arrêtée. Ce qui laisse présager une industrialisation de l’avion jusqu’en 2025 voire au-delà.
Tout comme le Gripen, le Rafale aura subi d’importantes modifications, et l’avion livré en 2020 aura des capacités largement améliorées en rapport des premiers avions livrés.
Conclusion :
Un Pays devant choisir un nouvel appareil de combat en 2018 n’aura plus l’embarras du choix. Et au-delà des considérations techniques, c’est avant tout un choix politique qu’il devra faire. S’affranchir totalement de la tutelle américaine en choisissant la solution 100% made in France, avec la possibilité d’un transfert de technologie total et potentiellement de bien meilleures contreparties industrielles. La solution suédoise quant à elle offre l’avantage d’une solution plus économique à l’achat et à l’entretien, car plus léger et ne possédant qu’un seul moteur, avec un avion certes moins performant, mais (tout est relatif) tout aussi capable.
Enfin, reste la solution américaine avec un F-35 qui on l’espère arrivera un jour à maturité et, signe d’un changement des temps, l’offre de loin la plus onéreuse et dépendante vis-à-vis d’un pays qui n’est pas prêt de livrer les secrets de son dernier bijou technologique.
4 Comments
MrChevine
Oui par contre vous ne parlé pas des russes qui pourtant exporte?
Bruno ETCHENIC
A part quelques rares pays asiatiques comme l'Inde ou la malaisie par exemple, tous les pays s'allignent diplomatiquement sur le modele occidental ou russe. J'ai donc choisi de ne parler que du côté occidental dans cet article
James
"Tout comme le Gripen, le Rafale aura subi d’importantes modifications"
Au niveau géométrie, le Rafale n'a pas beaucoup bougé, seul le système a évolué, ainsi que la motorisation.
Seule la version F1, n'a pas été vraiment prévu au départ et était destiné à remplacer les Crusader.
S'il n'y avait pas eu ces étalements de programme…
Le Gripen lui, comme vous l'avez écrit, a profondément changé (géométrie) dans la version E
Anonyme
Un tel changement est dans les cartons pour la MLU vers 2025 James. (Enfin… Ce sont les bruits qui courent au comptoir du cafz de la Gare à St Cloud)