C’est en 2016 que devrait être livré le dernier des EA-18G Growler à l’US Navy. Cet appareil dédié au combat électronique est basé sur un appareil désormais fer de lance de la plus puissante des marine du monde, le F-18 E/F Super Hornet de Boeing.
C’est donc après 45 ans de service que les vénérables Prowler vont tirer leur révérence. Depuis leur mise en service, ces appareils auront été de tous les conflits, et aucune mission de frappe ne se sera faite sans leur soutien dans l’US Navy. Après un retrait de service sans remplaçant des EF-111 Raven de l’US Air Force en 1998, l’USAF a également profité des services de cet appareil.
Etudié à partir d’une cellule d’A6 Intruder, l’EA-6B Prowler est facilement reconnaissable grâce à son cockpit. Il n’embarque pas moins de quatre membres d’équipage. Ses équipements internes, mais aussi les nacelles de brouillage qu’il emporte sous les ailes apportent un parapluie électronique à tous les avions qu’il escorte, souvent dans des COMAO regroupant jusqu’à plusieurs dizaines d’appareils d’attaque, comme ce fut le cas durant la guerre du Golfe, et plus récemment au Kosovo. Le principe général est relativement simple, mais les missions sont d’une complexité extrême.
Les nacelles de brouillages ont de multiples fonctions, mais elles servent à inonder les airs d’ondes électromagnétiques dans une large gamme de fréquence, pouvant brouiller les Radar des opérateurs de défense sol-air adverse, jusqu’aux communications Radio, téléphoniques, y compris les signaux TV.
Dans la doctrine de l’US Navy, la raison d’être de ces appareils est de protéger les avions assaillant des menaces sol-air grâce au brouillage d’une part, mais également en les menaçant de destruction au moyens de missiles anti-Radar.
Entré en service en 2007, l’EA-16G Growler n’est pas aisément reconnaissable par rapport à son grand frère le Super Hornet. Tout juste l’œil averti sera capable de déceler la présence de quilles améliorant l’aérodynamique des ailes, et l’absence de canon, dont l’emplacement est utilisé pour y loger des équipements électroniques supplémentaires. La différence qui vous sautera aux yeux est le remplacement des rails missiles de bout d’aile par des nacelles recevant des capteurs passifs.
Par rapport à son prédécesseur, les capacités de brouillage offensive ne s’améliorerons pas de façon très significatives, et ce en raison de la nacelle identique qui équipe les deux avions, l’AN/ALQ-99, jusqu’à l’entrée en service d’une nacelle de nouvelle génération devant équiper les F-35 également. Cette nouvelle nacelle, en cours d’étude via un programme de presque 300 millions de dollars, programme désigné « Next Generation Jammer » et ne devant équiper le Growler à partir de 2020.
Haut en couleur! pour fêter le centenaire de son aéronavale, le Growler au premier plan, dans l’aile du Prowler arborent tous deux une livrée de l’époque de la seconde guerre mondiale.
Malgré tout, l’adoption de l’EA-18G Growler apportera des changements importants, et des capacités réellement nouvelles. Premièrement, l’aéronef sera bien plus performant, et à même d’accompagner les raids plus efficacement, en allégeant le dispositif allié. Les préparateurs de missions verront leur tâche facilitée, avec des appareils qui proposent des caractéristiques de vol (vitesse, autonomie) sensiblement identiques. De plus, le Growler dispose de 9 points d’emport et donc garde toutes les capacités offensives du Super Hornet (canon en moins). Et il n’aura pas besoin d’escorte vu qu’il est capable d’assurer sa propre autoprotection à l’aide de missiles Amraam ou Sidewinder. L’autre avancée majeure est plus discrète. Des logiciels et algorithmes avancés permettent d’automatiser une grande partie du travail. Ainsi, de trois opérateurs et d’un pilote opérant sur l’ancien Prowler, l’équipage sera réduit de moitié. Cela ne sera toutefois pas sans poser des problèmes, car des problèmes d’interférence entre l’antenne AESA du Growler et des nacelles de brouillage viendront rajouter une charge de travail importante, faisant dire aux responsables de l’US-Navy que l’avion n’a affiché de réelles capacités opérationnelles qu’à partir de l’année 2011.
Autre avantage pour l’US Navy, 90% de l’avion est identique au Super Hornet, ce qui permet d’alléger l’emprunte logistique d’un groupe aérien embarqué, de simplifier la maintenance et donc les coûts.
Bien que la marine américaine ai tenté des manœuvre pour commander des Super Hornet supplémentaires en attendant le F-35, les derniers des 114 EA-18G commandés seront livrés en 2016, et la chaine de production des Growler et Super Hornet vivra alors ses derniers instants. Sans commande export immédiate, l’avion quittera définitivement la scène du marché international des avions de combat.