Comme tous les ans, Dassault Aviation organise une conférence de presse pour informer le public sur les résultats financiers de l’entreprise. C’est également l’occasion d’obtenir des informations supplémentaires sur des programmes en cours. Nous y étions. Voici donc, à chaud, quelques informations importantes à retenir.
A ne pas manquer, pour ceux qui n’aiment pas les chiffres, les informations recueillies lors de la séance de question réponse en fin de conférence.
Propos recueillis par notre envoyé spécial Yves Pagot 😉 , et rédigé par Bruno Etchenic.
Un chiffre d’affaire en hausse de 17%
Le chiffre d’affaire est lié principalement au nombre d’avions livrés. Alors que les livraisons de Rafale restent stables avec 11 avions livrés chaque année (dont les 6 premiers de la tranche 4), Dassault aura produit 77 Falcon en 2013, contre 66 en 2012.
Avec une prise de commandes s’établissant à 66 avions en 2013 contre 58 en 2012 et 32 en 2011, Eric Trappier confirme la reprise du secteur, malgré tout un peu en deçà des espérances. Le challenge pour l’avionneur de Saint Cloud en 2014 sera d’augmenter le ration avions commandés/avions livrés.
Ces chiffres confirment, années après année, la baisse continue de la part des programmes de défense dans l’activité de l’avionneur, qui se rend ainsi moins dépendant de l’état pour son activité. Toutefois, une augmentation de 23% du CA dans le domaine de la défense est à noter, en relation avec la forte activité du programme de démonstrateur de drone de combat discret, le nEUROn.
Concernant le résultat net, il est, comme la trésorerie, en baisse. En cause, les besoins en autofinancement, et un taux de change euro/dollar moins favorable. Pour les détails, vous pouvez consulter ce document: résultats Dassault Aviation 2013.
Historique des moments clés de l’année 2013
Lors du salon international IDEX ( Defense EXhibition ) se tenant à Abou Dhabi au mois de février, les équipes de Dassault Aviation ont marqué la reprise d’une importante action de promotion du Rafale en direction des pays du Moyen-Orient.
A Bangalore, en Inde, une intensification des négociations sur le programme MMRCA a eu lieue (nous y reviendront dans la suite de cet article)
Une association industrielle européenne s’est créée autour de Dassault Aviation, Alenia Aermacchi et EADS, dans le but de lancer un projet de drone MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance) en répondant aux besoins des opérationnels. Loin d’être un simple accord de principe, des études de définitions ont déjà été lancées. Le projet a reçu un accueil favorable de la part du gouvernement français.
Pour ce qui concerne le démonstrateur nEUROn, l’avion a effectué une campagne de mesures dans l’énorme salle anéchoïque du CELAR à Bruz, dans le but de valider ses performances dans le domaine de la discrétion électromagnétique. Les objectifs ont “au moins atteint le cahier des charges”, selon Eric Trappier. Ce qui veut dire, pour vulgariser, que le drone est au moins aussi “furtif”, si ce n’est plus, qu’envisagé.
Depuis le mois d’octobre, le démonstrateur nEUROn a effectué une série d’une vingtaine de vols tests visant à ouvrir son domaine de vol. Tous les essais se sont déroulés avec succès.
Concernant le Falcon 5X, M. Trappier a indiqué que sa consommation en carburant devrait être très inférieure à celle de ses concurrents.
Le Rafale aura vu deux importants documents validés l’année dernière, avec la signature du contrat de l’étude du nouveau standard F3R du Rafale le 30 décembre 2013, puis du contrat Rafale Care, le 31 décembre.
Le 4 octobre 2013, c’est un contrat de modernisation de 400 millions d’euros qui a été signé, visant la modernisation de la flotte d’avion de patrouille maritime Atlantique 2.
De bonnes perspectives pour 2014
M. Eric trappier a fait une annonce importante en officialisant le lancement des études pour un nouvel avion d’affaire, dont le nom de code est le M-1000. Un élargissement de la gamme Falcon est souhaité, ce qui nous fait penser que cet appareil sera d’une catégorie nouvelle ou intermédiaire; mais nous n’en sauront pas plus pour le moment.
A ce propos, 10,5% du CA de 2013 a été investi dans la recherche et développement, ce qui est plus que conséquent, et démontre la volonté de la direction de Dassault Aviation d’investir dans des programmes d’avenir. En dehors des programmes 5X et M-1000, un accent est mis sur une recherche d’une plus grande automatisation et numérisation afin de gagner en compétitivité, surtout vis à vis des concurrents directs nord-américains, où le coût du travail, plus faible, et où une parité euro/dollar les avantagent. Une phrase d’E. Trappier lors de cette conférence l’a très bien souligné: ” les états unis sont essentiellement un pays à bas coût, sauf qu’ils ont la technologie”.
le 31 janvier 2014, une lettre d’intention pour l’étude de faisabilité de l’EFCAS (European Futur Combat Air System). La contractualisation du projet devrait intervenir cette année.
L2014 devrait enfin être l’année de la concrétisation du Rafale à l’export. Tous les espoirs sont tournés vers l’Inde. Nous y reviendrons dans une question posé par Yves Pagot à M. Trappier, en fin de conférence, en bas de cet article.
Les perles de la séance de questions/réponses
Nous ne reviendrons pas sur l’intégralité des questions posées par les différents intervenants, qui ne provenaient pas tous de médias spécialisés. Nous vous apportons donc les informations qui nous paraissent pertinentes, et qui ont presque toutes concernées le Rafale.
Concernant les prospects du Rafale, ils sont clairement identifiés. En plus de l’Inde, il y a le Moyen Orient (EAU et Qatar principalement, mais ils ne sont jamais nommés officiellement), et la Malaisie (18 avions).
Concernant les déboires du F-35, Dassault a douché quelques espoirs. Mis à part le Canada, peu de pays jusqu’alors impliqués dans le programmes sont susceptibles d’annuler leur participation. M. Trappier a cité un exemple concret. Au début des années 2000, les Pays-bas ont effectués un prévisionnel dans l’achat de 65 appareils de combat (Eurofighter, Rafale, Gripen, F-16, F-18 Super Hornet et F-35). Les deux appareils à sortir du lot étaient le Rafale et le JSF F-35 avec des scores de respectivement 6.95 et 6.97 (5.83 et en deçà pour les autres concurrents). Avec un budget comparable, si les Pays-bas auraient pu à l’époque s’équiper de 65 Rafale, ils ne peuvent plus aujourd’hui n’acheter que 37 F-35. Et M. Trappier de se servir de cet exemple pour affirmer qu’il y a une véritable volonté d’acheter américain, quel que soit le prix. Et de conclure sur le F-35 en disant que si il sera un avion d’attaque au sol certainement très performant, il restera moins polyvalent que le Rafale.
Nous avons aussi plus d’informations concernant le Canada. Bien que le pays ai envoyé un RFI (Request For Information – demande d’information) à plusieurs constructeurs, le Canada reste néanmoins officiellement toujours impliqué dans le programme F-35; les différentes commissions et enquêtes concernant ce programme d’acquisition très décrié n’ayant pas été jusqu’à leur terme. Aucune compétition n’est donc ouverte à ce jour; mais si il devait avoir lieu, le Rafale aurait de bonnes chance de l’emporter, selon le PDG de Dassault Aviation.
En Malaisie, plusieurs rumeurs faisaient état d’une possibilité de leasing de Rafale. La position de Dassault Aviation sur le sujet est claire: cela n’est jamais arrivé jusqu’à leurs oreilles. Une location d’un système d’arme à un pays tiers non propriétaire poserait beaucoup de questions quand à son utilisation. La république Tchèque par exemple loue des avions Gripen à l’état suédois, et la question politique doit aussi se poser lors d’une éventuelle intervention.
Les retombées technologiques du programme nEUROn serviront dans le cadre du projet franco-britannique EFCAS, mais pourraient également profiter à un futur drone MALE européen.
Question de notre rédacteur Yves Pagot à M. Trappier: Pouvez vous nous confirmer les déclarations données par NDTV (média indien) comme quoi un workshare agreement (accord de partage des tâches) avait été obtenu en inde ?
réponse: OUI! Les définitions techniques et contractuelles de partage du travail sont terminées. Il y aura donc deux chaînes d’approvisionnement. Une menée par le constructeur indien HAL (70% du programme), et une menée par Dassault Aviation avec des partenaires indiens (30%). Tout est défini jusqu’à chaque partenaire. Les ministères indiens et français en sont informés.
N’hésitez pas à nous laisser des questions grâce aux commentaires, nous tenterons de vous répondre.