Lancé en 2003 par la DGA, sous maîtrise d’oeuvre de Dassault Aviation, ce programme visait à concevoir et faire voler un démonstrateur technologique de drone de combat furtif (UCAV), afin de valider les technologies et les choix de conception qui prévaudront dans la conception de futurs UCAV opérationnels. Depuis son lancement, nEUROn est devenu un programme résolument européen, intégrant des composants développés en Suisse (Ruag), en Suède (SAAB), en Espagne (EADS-Casa), en Italie (Alenia-Aermacchi) et en Grèce (HAI), sans compter les industriels français impliqués dans le programme.
Une gestion de programme exemplaire
Ayant volé pour la première fois en décembre 2012, le démonstrateur a permis à l’industrie européenne et à ses bureaux d’étude de développer et de conserver un savoir faire indéniable sur un ensemble stratégique de technologies clés dans le domaine de la conception d’avions de combats, qu’ils soient ou non pilotés. Furtivité, armements en soute, nouvelles techniques d’assemblage, maîtrise du vol sans-pilote… autant de technologie qu’il convient de maîtriser pour la future génération d’appareils de combat.
Pour Dassault, il s’agissait également de démontrer la pertinence d’un partenariat multi-étatique basé sur une maîtrise d’oeuvre unique qui fédère les savoir-faire européens. En effet, les partenaires européens sont choisis en fonction des atouts qu’ils peuvent apporter, et non pas en fonction d’un partage industriel basé sur des intentions de commandes, garantissant une excellence technologique et une maîtrise des coûts inédite à cette échelle, pour un programme de démonstrateur.
Une reconnaissance internationale
Le prix décerné par Aviation Week récompense justement la réussite de cette collaboration politique et industrielle, décrivant le nEUROn comme « une merveille autant politique que technologique », insistant sur la bonne gestion du programme malgré la complexité que l’on serait en droit d’attendre avec autant de partenaires multinationaux.
Sur l’aspect économique, les lauréats n’ont pas démérité non plus. La maîtrise des coûts, à hauteur de 400 millions d’euros (un montant très raisonnable eu égard du programme), a été un élément clé pour l’attribution de ce prix. A une époque où les programmes multinationaux (NH-90, Eurofighter Typhoon, F-35 ou encore A400M…) connaissent surcoûts et retards à répétition, le programme nEUROn se présente comme un bon élève dans sa catégorie.
Crédit Dassault Aviation – V. Almansa |
Quel avenir pour le nEUROn ?
L’attribution de ce prix, avant tout symbolique, reste de bon augure pour la suite du programme nEUROn. Si les premières étapes du programme ont bien été validées, de nombreuses briques technologiques restent à défricher. Systèmes de mission, gestion du vol, communications, systèmes d’arme, largage de munitions guidées, amélioration de la furtivité etc. Le démonstrateur va servir de banc d’essai volant pour le développement et la maturation de nombreuses technologies.
Des technologies qu’il convient, pour la France et Dassault en particulier, de maîtriser autant que possible afin de placer l’avionneur national à la meilleure place quand viendra l’heure de déterminer un partage des tâches pour le développement de la future génération d’appareils de combats, sans aucun doute dans un cadre européen.
A l’heure actuelle, seul un accord d’étude de faisabilité a été signé avec les Britanniques, portant sur un financement à hauteur de 145 millions d’euros du programme FCAS, auquel Dassault devrait participer aux côtés du britannique BAE Systems.
Mais ce n’est pas avant 2016, au mieux, que sera lancé un nouveau programme de démonstrateur (européen?) qui pourrait être suivi de véritables prototypes ou d’engins de pré-série.
En attendant, les études se poursuivent dans chaque pays concernant le développement technologique des UCAV, et le nEUROn jouera certainement un rôle clé dans ce domaine pour les années à venir.