Le musé delta a connu une fin difficile. Les deux mirages (III et V), le Mercure et le prototype de la Caravelle ont été soit démontés, ou déplacés. L’avenir du Concorde est alors incertain…
Fin 2004, Jimmy Civault, passionné par l’aviation est dans le bus 285. Sur son chemin, à l’approche de l’aéroport d’Orly, il aperçoit la silhouette de Concorde, aux abords d’une nationale sur la commune d’Athis-Mons. Piqué par la curiosité, il prend des renseignements. Quel est cet avion ? Est-ce un véritable Concorde, ou une maquette exposée ? Non, c’est bien un vrai ; plus exactement, le deuxième concorde construit en France, le premier modèle de pré-série, immatriculé F-WTSA.
Il est alors géré par l’association ATHIS-PARAY Aviation qui avait créé le musée Delta. Quelque mois plus tard, il décide de s’arrêter, et de le visiter. Il est attristé par l’état de déliquescence de cet avion. Peintures aléatoires, vitres cassées, tableau vidé de la quasi-totalité de ses instruments, beaucoup de casse, et même mère nature avait commencé à se réapproprier l’oiseau, avec la présence de mousse.
En 2010, il décide de donner de sa personne en s’engageant dans l’association, dans le but d’aider à la préservation de cet avion exceptionnel. Mais l’organisme semble être à la peine, et une partie des membres avaient plongées les avancées de la restauration dans une inertie provoquant la lente agonie du bel oiseau blanc.
« A défaut de pouvoir faire de la conservation, on va faire de la décoration ! » S’exclame Jimmy en direction de Maxime son collègue. Les deux comparses sont alors juchés sur la dérive de l’appareil et s’aperçoivent que leur travail attire les regards des passants, qui leur envoient des signes de sympathie.
La priorité est alors de repeindre l’avion, dans une de ses livrées d’origine. A l’époque, durant sa campagne d’essais, l’avion servait d’ambassadeur, et portait les couleurs des deux compagnies nationales (Air France Côté gauche et British Airways de l’autre). Après bien des péripéties pour tenter de retrouver les côtes de la peinture de British Airways, les membres de l’association se sont aperçus que la peinture d’origine était toujours présente sous les nombreuses couches de peintures successives. Ils s’en sont servis pour la retracer. Avec l’aide de Maxime, Jimmy s’attèle à la tâche et en quelques semaines et quelques deniers personnels dépensés dans l’achat de peinture (et de beaucoup de fournitures), tout un côté de l’avion est repeint.
Reste maintenant à s’attaquer à la livrée Air-France. Problème, à l’époque le constructeur avait « imaginé » une livrée non commandée par la compagnie. Les documents de l’époque sont difficiles à trouver alors notre irréductible prends l’initiative de les contacter. Les anciens employés travaillant sur Concorde en France et Outre-manche, sont impressionnés par le travail effectué, et les bonnes relations entamées grâce à ces premiers contacts permettent même de pouvoir récupérer une vitre du cockpit auprès d’une source anonyme dont l’association n’avait pas réussi jusque-là à trouver.
En juin 2012, tout bascule. Le terrain sur lequel est placé Concorde, mais aussi d’autres avions comme la Caravelle, un Dassault-Breguet Mercure et deux Mirage, est l’objet de tractations pour l’installation prochaine d’une ligne de tramway. Après une réunion entre les pouvoirs publics et les entreprises concernées, réunion à laquelle l’association n’a pas participée, décision est prise de libérer le terrain de tous ces avions, en épargnant néanmoins Concorde.
Voulant comprendre les motivations de cette décisions et ce qu’il adviendrait de l’avion, Jimmy accompagné de deux collègues démissionnaires de l’association prennent contact avec la personne chargée du dossier. Ils n’arrivent pas les mains vides, et veulent proposer un projet complètement nouveau concernant l’avenir de Concorde. Plusieurs mois après, un rendez-vous est organisé avec monsieur le maire.
Entre temps, le bail accordé à l’association ATHIS-PARAY Aviation, d’une durée de 25 ans est arrivé à son terme le 31 décembre 2012.
Grâce aux contacts établis personnellement alors qu’il était encore membre de l’ancienne association, Jimmy a obtenu le soutien de professionnels de l’aéronautique, et a créé, avec 3 autres personnes, une nouvelle organisation, l’association baptisée « Concorde 02 »
Les projets de cette nouvelle association sont :
Réfection complète de la peinture de l’avion, reconstruction d’un tableau de bord, réparation de tous les éclairages externes de l’avion (feux de navigation, antibrouillard, etc.), et le réaménagement complet de la cabine.
Concorde02 souhaite offrir à tous les futurs visiteurs la sensation de visiter un avion en état de vol. Mais nous n’en saurons pas plus, certaines surprises ne seront dévoilées qu’au moment voulu…
Les travaux de peinture seront réalisés par 30 employés professionnels de l’aviation qui se sont engagés à intervenir bénévolement. Il ne manque plus qu’à trouver une solution pour effectuer ces travaux dans les meilleures conditions possibles. Tracter l’avion jusqu’aux hangars d’Air France industrie ? Monter un abri temporaire ? L’association Concorde 02 est encore en recherche de solutions et de partenaires, mais une chose est sûre. Bien qu’il ne chuchotera plus avec la stratosphère à deux fois la vitesse du son, Concorde F-WTSA est sur le point de vivre une seconde naissance.
5 Comments
Anonyme
Courage à eux et merci!
Olivier Segouin
Bravo et félicitation pour cette initiative
Olivier
Joël-Pol STEFF
Il y a quelques années, j'ai participé au sauvetage de ce Concorde qu'ADP voulait détruire comme le proto 02 de la Caravelle, la BHHI qui était à côté de lui au parking PX ….
G. Bouldoires
Pour avoir fait partie des équipages Concorde d’AIR FRANCE, c’est avec émotion que je salue votre initiative et votre pugnacité. Cette machine n’est sans doute pas irremplaçable. Mais elle n’est pour le moment pas remplacée. Bravo.
Julien
La passion n’a pas de prix… Bravo !