Il y a des actualités qui peinent à arriver jusqu’à nous. Et pour cause, l’Internet chinois est entièrement sous contrôle de l’état. Les informations sont parcellaires, souvent invérifiables, et il faut avoir recourt à des yeux d’experts examinant les moindres détails des « fuites organisées » de photographies pour se faire une idée de ce qu’il se passe là-bas.
Nous avons donc voulu compiler les informations disponibles en vous présentant l’état des projets aéronautiques chinois et indiens. Dans cette première partie, nous vous parlerons du J-10
Au-delà de l’émoi médiatique que suscite, à tort ou à raison, l’apparition des J-20 et J-31, un autre appareil devrait plutôt attirer l’attention médiatique. Il s’agit du J-10. Cet appareil, fabriqué par l’entreprise publique Chengdu Aircraft Corporation (CAC), est déjà en service depuis 2005 et déjà, une nouvelle variante de l’appareil est en cours de production, l’advanced J-10, apportant de nombreuses améliorations à un avion qui n’est pourtant pas bien vieux.
Pourquoi cet avion devrait-il attirer les projecteurs ? Tout simplement car il est l’incarnation de la volonté chinoise de mettre rapidement sur pieds une industrie aéronautique indépendante, et que cet appareil moderne permet aux chinois de combler en partie leur Gap technologique, en produisant en grande série un avion équivalent, tant au niveau des performances que des technologies, aux productions occidentales et russes datant du milieu des années 1990 à 2000.
Ce rattrapage à grande vitesse, tiré par une croissance folle et un marché domestique incroyable, profite à l’ensemble du secteur aéronautique. Mais surtout, il permettra de placer dans peu de temps des avions de combat, certes technologiquement moins complexes -mais performants- sur le marché de l’export à des prix imbattables. A ce jeu-là, et le jour où les chinois seront près, même le Gripen pourra se faire du souci…
Le seul point de blocage essentiel est que les industriels chinois ne maîtrisent pas encore suffisamment la technologie propulsive, et n’arrivent pas à mettre au point des moteurs dignes de ce nom. Ils font donc encore largement appel aux moteurs russes pour leurs avions de combat, ce qui bloque un potentiel d’exportation certains, la Russie devant donner un accord pour chaque moteur vendu en dehors de la Chine.
Le J-10, de son nom de baptême « Dragon vigoureux », et né d’un programme lancé en 1985, visant à équiper la PLAAF (Armée de l’air du peuple de la libération) d’un avion léger, multirôle, devant remplacer les générations complètement désuètes des Q-5, J-6 et 7. Le premier vol eu lieu en 1998, et la livraison des appareils débuta en 2005.
Ces chiffres peuvent étonner, surtout lorsqu’on les compare à l’industrie occidentale d’après la chute du rideau de fer. Mais à l’inverse des occidentaux, les chinois ne sont pas en train de réviser leurs besoins de défenses à la baisse… Bien au contraire ! Tout reste à faire.
Le design de l’avion, fortement ressemblant au projet abandonné Lavi de IAI, fit soupçonner de la part de beaucoup d’experts qu’Israël vendit alors une part de leur technologie au gouvernement chinois. Ces allégations furent démenties en bloc des deux côté, et beaucoup mettent ces dires en doute. En tout état de cause, nous n’en sauront probablement jamais rien. Voilure en Double Delta et équipé de canard, mono-réacteur et monodérive, la configuration aérodynamique de l’appareil laisse présager de bonnes performances et une manœuvrabilité comparable à ce que nous connaissons, grâce à des commandes de vol électriques.
En fonction des sources, l’appareil serait capable d’emporter entre 4,5 et 6 tonnes de charges, ce qui n’est pas très important pour un appareil de cette classe, avec une masse à vide de 9750 kg. Une partie de l’explication de ce phénomène peut être trouvée dans le fait qu’un fabrication faisant largement appel aux matériaux composites n’est pas encore maitrisée, à l’image du programme civil C919, dont le constructeur a abandonné l’idée d’utiliser ces même matériaux dans une grande partie de la structure.
L’avion reste néanmoins performant avec une vitesse de pointe de Mach 2.2 en altitude et une distance franchissable de 1800 km.
Au niveau de l’électronique embarqué, et hormis quelques détails sur le Radar, tout nous est inconnu. Il est donc impossible de pouvoir estimer la valeur guerrière de cet avion. Nous savons simplement que la position qu’il occupe au sein de la PLAAF, en tant qu’avion situé en bas de l’échelle du hight/low Mix. L’armée de l’air chinoise est en effet en train de s’équiper à la manière des USA ou de la Russie, avec deux sortes d’avions de combat. Des avions lourds, technologiquement supérieur, épaulés par une nuée d’avions plus petits, mais présents en plus grand nombre, comme les F-15 et F-16 au sein de l’USAF, ou Su-27 et Mig-29 des VVF russe.
Dans sa version actuelle, le Radar mécanique du J-10, de conception nationale, serait capable de suivre 10 cibles simultanément, et d’en engager 2 pour un tir simultané de missiles à guidage semi-actif, ou 4 dans le cas d’un tir de missiles actif. Des performances très en déca des capacités des avions disponibles actuellement sur le marché.
Pourtant, cet avion possède une arme qui lui est propre… Son prix ! À 24 millions de dollars l’unité, il offre à l’armée de l’air chinoise un avion certes peu évolué, mais capable de remplir ses missions, et dangereux pour tout adversaire. Son prix est dû à sa simplicité mais aussi à l’effet de production en série. Entre 2005 et 2012, ne se sont en effet pas loin de 275 appareils qui sont entrés en service.
Dans une certaine mesure, louons l’incapacité provisoire des chinois à produire des moteurs de qualité. Car lorsque ce sera le cas, plusieurs pays qui n’ont actuellement pas les moyens de s’équiper en avions de combat pourront alors s’offrir le luxe d’une armée de l’air opérationnelle, ce qui aura pour conséquence deux effets majeurs. Premièrement, un bouleversement des rapports de forces entre pays rivaux, mais aussi une profonde restructuration du marché des avions de combat tel que nous le connaissons aujourd’hui.
Mais l’image de rusticité du J-10 telle que je viens de vous la décrire pourrait être ébranlée par la nouvelle version du chasseur qui a vu le jour en 2009, l’Advanced J-10.
Trois ans seulement après l’annonce officielle de l’entrée en service du J-10, la nouvelle mouture de l’appareil se voit dôté d’un Radar à antenne électronique active (AESA), d’une optronique frontale infrarouge, et de modifications structurelles importantes, dont certaines, extérieures visent une réduction importante de la surface équivalent radar de l’appareil. Celle qui saute aux yeux est évidement l’entrée d’air, fruit de longues recherches du côté occidental, et appelées « Diverterless Supersonic Intake », permettant, grâce à sa conception aérodynamique, de réguler la vitesse de l’air et l’onde de choc, et de permettre à l’avion d’atteindre de hautes vitesses sans piège à couche limite ou partie mobile, de véritables réflecteurs à ondes radar.
Signe de l’importance que la Chine accorde à cet avion, il est désormais la monture des pilotes de la patrouille acrobatique nationale du premier aout (c’est son nom).
Pour terminer cet article, je vous laisse découvrir quelques images vidéo de l’avion aux couleur de leur patrouille.
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Anonyme
Une bonne source d'inspiration : http://www.chinesedefence.com/forums/chinese-air-force/342-chengdu-j-10-multirole-fighter-aircraft-58.html#post58374