Le lundi 23 septembre, les forces aériennes stratégiques (FAS) ont réalisé un tir d’évaluation des forces, dont le point final a été le tir d’un missile nucléaire ASMPA (Air Sol Moyenne Portée Amélioré) au dessus de l’océan atlantique, dans le golf de Gascogne très probablement.
Ce vol d’évaluation est bien plus qu’un simple essai de missile. Il permet l’évaluation de la chaîne opérationnelle complète qui permet le tir du missile. C’est à dire la préparation de la mission, des équipages, des matériels, du vol en lui-même, effectué en pénétration à très basse altitude, complété de plusieurs ravitaillements en vol donnant à la mission une portée stratégique tant dans son acte, que par la distance à laquelle le coup est porté.
Le vol a été réalisé par un avion et un équipage de l’escadron de chasse 2/4 “La Fayette”, qui reste la seule unité équipée de Mirage 2000N, la seconde, le 1/91 Gascogne étant quand à lui équipé de Rafale. Le vol s’est déroulé selon le schéma classique d’une mission d’attaque stratégique, avec, après le décollage de la BA 702 d’Avord (les avions sont normalement basés sur la BA 125 d’Istres le Tubé), un transit à haute altitude ponctué de quelques “biberonnages”, avant une pénétration à très basse altitude dans le dispositif adverse.
La pénétration en vol TBA (très basse altitude) est une spécialité des forces aériennes française. L’avion, filant à Mach 0.95 à moins de 30 mètres du sol parfois, se servent du relief du terrain pour à la fois échapper aux radars basés au sol, mais aussi en rendant la tâche ardue à tout intercepteur adverse, qui aurait du mal à le débusquer. En plus de cette tactique, le Mirage 2000N est équipé d’une suite de brouillage électronique très complète, dont les spécifications sont évidemment tenues secrètes, et qui sont propres à cette version du Mirage, dont, à ma connaissance, jamais aucune image du cockpit arrière n’a filtré. En se rapprochant du sol, les menaces peuvent aussi venir d’opérateur de défense aérienne au sol, parfois équipés de missiles anti-aériens portatifs. Mais là aussi, la tâche pour le défenseur est ardue. Grâce à la vitesse de l’avion, l’ennemi ne l’entendra pas arriver, et les missiles portatifs ont une vitesse relativement faible qui fait que leur bulle d’engagement est très restreinte dans le cas d’une utilisation contre une cible tel qu’un mirage en pénétration TBA. Rajoutez à cela que l’avion, en conditions réelles, réalise sa mission de nuit, et vous obtenez un vecteur très difficilement interceptable.
Le missile ASMPA est aussi une spécificité française, car mis à part les armes nucléaires tactiques, la France est le seul pays à avoir gardé un système de dissuasion aéroporté, en plus des missiles intercontinentaux. opérationnel depuis 1986, l’ASMP a été remplacé en 2009 par l’ASMPA (A pour Amélioré)
. Ses spécifications exactes restent inconnues, mais la portée du missile, propulsé par un stato-réacteur est estimée à 500 km, et sa vitesse aux environs de Mach 3. Le missile tiré hier était bien évidemment dépourvu de charge nucléaire, remplacé par quelques moyens de télémétrie, et suivi à distance avec succès par les équipes du Centre d’essai des Landes de Biscarosse.
Mission réussie donc pour les équipages de l’armée de l’air qui restent donc entièrement opérationnels dans cette mission réellement spécifique.
Source: www.defense.gouv.fr