Ces dernières heures ont vus arriver de gros retournements. Les britanniques n’ont pas eu l’aval de leur gouvernement, les USA doivent désormais attendre l’autorisation du congrès le 9, et la France reste la seule puissance engagée dans cette volonté de frappe à pouvoir, politiquement parlant, lancer la frappe. Mais peut-elle le faire seule ?
Je ne débattrai pas ici (parce que je n’en ai pas les compétences) sur ce qu’il s’est réellement passé en Syrie. Ni de la situation diplomatique isolée et compliquée que pourrait rencontrer la France si elle choisissait d’intervenir seule.
Mais faut-il encore savoir quel est l’objectif militaire à atteindre, avant même de pouvoir répondre à la question de savoir si la France possède les moyens de le faire.
La Syrie aurait dépassé une ligne rouge dictée par les puissances occidentales. Ligne rouge qui à l’époque, permettait de se défaire d’une image d’immobilisme en permettant d’afficher de la fermeté auprès de l’opinion publique. Maintenant que cette ligne a été franchie, si les occidentaux joignent le geste à la parole, ils se doivent d’intervenir. Mais ils n’ont pas dit de quelle façon.
Le principe serait donc de « marquer le coup » en visant des objectifs à forte teneur politique, et éventuellement, stratégique, afin de permettre par la même occasion de donner un petit coup de pouce aux rebelles, qui semblent perdre du terrain ces derniers temps.
Quels seraient donc les objectifs ? Bâtiments officiels du régime en place, bâtiments de commandement de l’armée, principales casernes, dépôts de munitions et de carburants, etc.
Pour cela, quelques missiles de croisières peuvent suffire. L’important étant l’impact diplomatique et médiatique et non l’effet militaire, l’attaque n’en serait donc que très limitée. Inutile de penser que, comme au-dessus de la Lybie en 2011, des dizaines d’avions de combats feront des missions de support de troupes au sol (CAS –Close air Support), de l’interdiction, et une zone d’exclusion aérienne. Mais là encore, tout est possible suivant les objectifs que se fixerons les chefs d’état.
Revenons en maintenant à la question. La France est-elle capable d’intervenir seule ? Dans le cadre d’une mission punitive, clairement, la réponse est oui.
L’armée de l’air est capable de se déployer, avec un préavis extrêmement court. Sur simple décision politique, un groupe de Rafale peut décoller de Saint Dizier directement vers la Syrie, lancer des missiles de croisière Scalp-EG loin des côtes syrienne à l’abri de toute menace anti-aérienne, puis revenir atterrir en métropole. Un raid long, d’environ 6000 km aller/retour, mais moins long et contraignant que leur dernier raid au Mali. Par groupe de 4 avions, les Rafales devront se faire ravitailler par des KC135 plusieurs fois durant leur voyage. Des ravitailleurs vieux, mais qui sont toujours disponible. Du fait de leur faible nombre, il sera difficile de faire faire ce raid à plus de 6 avions en même temps, surtout s’il faut renouveler la mission pour lancer d’autres assauts.
Pour rappel, un Rafale Air peut emporter deux Scalp-EG. Il y aurait alors une seconde solution, complémentaire de la première ; à savoir, utiliser les Rafale Marine qui, pour des raisons de sécurité n’emportent qu’un seul missile en point ventral. Ils sont moins nombreux en parc que les Rafale Air, mais peuvent être déployés sur le Charles de Gaulle qui naviguerait à quelques centaines de miles des côtes libanaise et/ou Syrienne, et n’auraient alors pas l’absolu nécessité de la présence d’avions ravitailleurs (mis à part les nounous embarquées).
L’attaque d’un missile de croisière nécessite cependant la programmation du vol du missile ainsi que de sa cible. Cela est rendu possible par les bases de données dont l’armée de l’air s’est dotée il y a peu, ainsi que de l’imagerie satellitaire.
La France dispose d’une petite quantité de Scalp dans son inventaire, surtout en rapport de son allié américain. Mais avec un stock d’un peu moins de 500 missiles, il y a quand même de quoi faire quelques dégâts.
Dans le cas où la France décidait d’intervenir pour soutenir les rebelles et fournir un appui aérien, la donne est complètement différente.
Cela nécessitera le survol du territoire par des moyens d’observation, et par les avions de combat eux-mêmes. La France dispose d’un outil avantageux, en la forme du kit de guidage AASM, permettant à l’avion de tirer à plus de 50 km de distance, là où les munitions laser classiques ne dépassent guère les 15 km. Malgré tout, un survol du territoire deviendra alors obligatoire, ce qui nécessitera la suppression complète de la menace anti-aérienne.
Le volume de forces à engager pour notre seul pays en devient alors insupportable. Nous n’avons pas suffisamment de moyens logistiques pour assumer une telle mission. Et n’avons pas non plus la prétention de prendre autant de risques, même si la mission aurait une bonne chance de succès, contre un adversaire qui ne menace pas la nation.
Si donc le président de la république en donnerai l’ordre, l’armée française à largement les capacités d’agir dans un contexte de frappes limitées à une action punitive.
Crédit de l’image d’illustration: patmode pictures (tous droits réservés)
12 Comments
thedansantcannes
qu'en pense la ligue arabe de tout çà?. Pourquoi la France doit elle intervenir militairement dans un pays qui ne nous est pas hostile et qui fournissait plutôt le pétrole a l'Italie qui devrait être en première ligne. Alors que les budgets ont été attribué a la marine principalement et que l'on supprime des bases aériennes ? quel est notre intérêt a affaiblir notre armée dans cette guerre alors que l'on est même pas foutu de faire respecter l'ordre par la petite et moyenne délinquance en France?
Bruno ETCHENIC
C'est une pure question politique et démagogique qui n'a pas sa place ici.
La France ne DOIT pas intervenir, il n'en n'est pas question ici. La question est, militairement, le peut elle ?
Et on ne règle pas la délinquance à coup de missiles, et cette même délinquance n'a rien à voir avec une guerre civile. Quel est le rapport ?
Les bases sont fermées c'est ainsi, et je dirai personnellement que c'est mieux ainsi de recentrer nos moyens sur quelques bases, plutôt que de disséminer le peu de d'avions que nous aurons sur un nombre pléthorique de bases différentes. Et ça n'a encore aucun rapport avec le sujet de l'article.
Anonyme
la france est un pays en voie de sous developement et n'a jamais gagnée de guerre (sauf Napoléon ) alors arreton de faire les bouffons
Anonyme
Notre armée de l'air dispose de 225 avions de chasses opérationnels, 12 ravitailleurs, 50 avions de transports, 12 drones, 4 avions de surveillances aériennes. Pour ne citer que les avions, vient ensuite le porte avion qui a fait ses preuves et rendu jaloux nos homologues anglais. Bref, il ne faut pas oublié non plus que la France est toujours une des plus grandes puissance militaire et a toujours été une grande nation dans ce domaine. Non il n'y a pas eu que Napoléon qui gagna des guerres. La seconde guerre mondiale n'aurait pas pu être gagnee sans la résistance notamment française et les américain l'ont reconnu. La lybie, le mali, la France a démontré qu'elle avait toujours les moyens.
Le seul argument valable est que nous sommes dans une période de crise et que la moindre opération coute extrêmement cher à la France. Mais ne véhiculons pas des valeurs de liberté? Devons attendre que la population syrienne soit entièrement décimée pour agir ?
Anonyme
Je suis aussi de l'avis que la dernière guerre gagnée par la France remonte à Napoléon.
La seconde guerre est une guerre mondiale les Français y ont participé comme la plupart des pays ( même des pays africains )
(La guerre ? ) de Lybie est une coalition de bombardement de loin avec missiles et aviations.
( La guerre ?)du Mali est une chasse ( avec avions et hélicoptères ) à une poigné de djihadistes courant dans tous les sens sur des 4×4,et l'armée de terre qui parade de Bamako à Tombouktou devant des enfants tenant des petits drapeaux français.
Si vous appelez ça des guerres ? ( c'est vous ne savez pas ce qu'est une guerre ).
Anonyme
anonyme tes vraiment abruti ou quoi, si je comprend bien une opération militaire gagné ne compte pas du moment qu'elle ne rentre pas dans ton format. va jouer à ta play station
Baptiste
Oui, mais dans la question la France peut elle intervenir seule, pour moi, cela comprendrait aussi le volet financier et là, c'est beaucoup moins glorieux, le budget est tout juste prévu pour maintenir l'armée (même un peu réduit, passage de 225 à 180 rafale par exemple), l'armée n'est même pas encore complètement sortie du Mali qu'il faudrait l'envoyer ailleurs, les ravitailleurs sont à bout de souffle (ça vous l'avez dit !, mais avec deux guerre par an, je vois mal comment on peut arriver à attendre jusqu'en 2018 le successeur). Les stocks de missiles s'ils sont utilisés vont devoir être reconstitués après et là encore ça va toucher le budget (ça m'étonnerai beaucoup que ça ait été prévu). Donc en résumé, si la France y va seule l'armée ressortira sur les rotules si ça n'est pas déjà le cas !
Dany84
Les fait: selon l'article vous manquez de ravitailleurs, déja cela part très mal. Vient aussi la question du combien de temps. Oui vous seriez capable de menez 1, 2 ou peut être 3 vague d'attaques mais pas plus. Avez vous la capacité de déplacé une force de combat terrestre? Le mali nous a prouvé que non.
Le problème dans le plan énoncé ci haut c'est qu'il ne prend pas en considération les variable de la guerre. Il indique quelques frappe par ci par la, c'est bien, mais si il y a un besoin urgent d'envoyer des troupe au sol vous faite quoi?
La première règle a la guerre est que rien ne va rarement selon le plan car ont ne sait jamais ce que fera l'ennemi. Donc apres avoir regarder ce qui c'est passé au Mali et le plan actuel, je peut dire que non, la france ne peut pas frapper seul.
Bruno ETCHENIC
Ha… je pense que tu as lu l'article de travers mon cher ami.
Le manque de ravitailleur fait que, et c'est expliqué, que l'on ne pourra mener des raids d'avions avec plus de 4 ou 8 avion à chaque fois. Ce qui fait entre 8 et 16 missile… C'est largement correct. Il y a aussi les Rafale déployés sur le CDG.
Pourquoi parler de déplacer une force terrestre ? C'est exclu. On parle de campagne aérienne, mission de courte durée dans le cadre de "simples" représaillent.
La campagne du Mali, qui a vu le prêt d'un CC-17 canadien n'est pas la Syrie. Dans le cadre d'un déploiement de forces, ce qui n'arrivera jamais, il y a le sea basing, et la manœuvre depuis la mer. De là, nous avons trois BPC, et c'est laaargement suffisant; en tout cas, pas aussi handicapant qu'une manoeuvre urgente menée au Mali, au milieu de nulle part (loin de la mer quoi). Sans aide logistique, la France l'aurait fait, mais ça aurait tout simplement pris plus de temps.
Les variables de la guerre n'existent pas ici, car je ne parle pas d'une guerre, mais d'une mission de représailles. D'où viendrait l'urgence d'un déploiement au sol ? Si urgence il devrait y avoir pour le justifier, cela aurait dû arriver il y a au moins deux ans, quand la guerre civile a commencée.
Donc en conclusion, et même en relisant mon article, OUI la France possède les moyens d'intervenir seule dans le cadre de frappes de représailles, et NON la France ne peut pas intervenir seule dans le cas d'une campagne aérienne de plus grande ampleur.
Tout est écris. Suffit de lire 😉
Dany84
À la base, je trouve l'idée de frappe de représailles très drôle car je doute grandement de l'efficacité de tel frappe. Jamais un missiles tombant de temps en temps a changé l'alignement d'une nation. De plus, ont sait que les force gouvernemental se cache en zone civil, donc impossible d'évité les perte civil avec des frappes au missile.
Personnellement, je miserai sur une entré en force, comme en bosnie et au Kosovo. Tu t'interpose entre les factions, tente un désarmement et fait comme au Kosovo. Ca a quand même bien marché la bas (ok, un F-117 a été abattu) mais le résultat est excellent 10 ans plus tard.
Simple question, je ne connait pas le stormshadow, peut-il être changé de cible une fois lancé ou suivre une cible mobile tel des lanceur scud?
Bruno ETCHENIC
Non le Storm Shadow ne peut pas changer de cible. Son vol est programmé, et même une image 3D de la cible est implanté dans la mémoire du missile, ce qui lui donne une précision diabolique. Durant le vol, le missile change régulièrement de trajectoire, et parfois même, d'altitude (mais toujours très basse).
La Frappe de représaille, comme explique dans l'article (non mais vraiment, tu l'as lu ?), n'est qu'une réponse au fait que les syriens aient (réellement ou non) franchi la ligne rouge. On pourrait même leur lancer simplement une grenade, mais c'est pour dire que la parole de la diplomatie occidentale ne doit pas être prise à la légère. Sinon le monde entier ne nous prendra plus au sérieux.
Lors des attentats du 11 septembre, l'effet militaire a été complètement nul vis à vis de l'ennemi des USA. Mais l'impact psychologique extrêmement fort! les américains se sont sentis, pour la première fois depuis le début de la seconde guerre mondiale, vulnérables.
Si des frappes, même limitées, sont réalisées en Syrie, les populations comprendrons aussi que malgré la propagande du régime, ils n'est pas invincible.
Gwydyon
La France peut intervenir comme le gamin qui utilise son lance-pierre pour aller casser les carreaux chez le voisin. Sauf que le gamin est identifié et pourra ensuite se faire botter les fesses au moment où il s'y attendra le moins !
Le plus consternant étant que les adultes n'aient pas la sagesse de dire au gamin ! Reste donc à ta place et laisse les grandes personnes régler leurs problèmes !
Mon cher auteur du blog, vous avez raison de donner votre point de vue sur la possibilité ou non d'utiliser un lance-pierre. Mais en matière de géopolitique et de faculté de nuisance de la Syrie, vous êtes un tout petit garçon !