Pour continuer notre série d’interviews sur les pilotes d’avions d’entrainement avancés, nous ne pouvions pas passer à coter du stand Pilatus, avec son magnifique PC21, arborant fièrement une magnifique livrée rouge. Comme nous l’expliquera ce pilote, et en comprenant la philosophie du constructeur suisse, cet appareil n’est pas un avion d’entrainement, mais un système complet d’entrainement, dont l’avion n’est qu’une des composantes.
Interview de Jan Schatteman (pilote chez le constructeur Pilatus) réalisée par Yves Pagot.
Pouvez-vous nous présenter votre avion ?
Le Pilatus PC21 n’est pas seulement un bel avion, c’est un système d’entrainement complet qui couvre l’ensemble du cursus de formation des pilotes, de l’entrainement de base jusqu’à la transformation vers un avion de chasse.
Ce système permet de restaurer l’ensemble des tâches nécessaires à l’accomplissement d’une mission, depuis la planification de la mission, les différentes phases de vol jusqu’à l’action de combat en elle-même. C’est en même temps un système de simulation de situation tactique et un émulateur d’un jet de combat.
La plateforme tactique virtuelle permet de simuler :
– Des passes canon, missiles,
– Des combats aériens (jusqu’à 4 contre 4)
– Des missions Air-Air ou Air-Sol
– L’utilisation de leurres électromagnétiques et infrarouges
Le tout avec des commandes « HOTAS » (Hands on Throttle and Stick, « main sur manche et mannettes » : Pendant les phases les plus difficiles du vol, le pilote doit avoir la main droite sur le manche et la main gauche sur la manette des gaz. Les constructeurs aéronautiques ont donc cherché à rassembler sur ces deux poignées le maximum de commandes afin de permettre au pilote d’assurer simultanément plusieurs fonctions ce qui se traduit par une accumulation de poussoirs, curseurs, taquets, etc., ndlr). Ces commandes sont identiques à celles retrouvées sur un avion de combat, et peuvent être customisées de façon à imiter celles du Rafale.
Si le premier client était les forces armées suisses (F18), depuis le pilatus PC 21 s’est exporté dans divers pays comme Singapour ou les EAU. (Qui possèdent des F18 et des F16 Block 60). Pilatus possède donc une grande expérience dans l’intégration de la similarité de cockpits. A titre d’exemple, des cockpits de PC21 sont customisés comme ceux du F18 ou du F16.
Un cockpit résolument tourné vers l’avenir.
En quelques mots, comment définiriez-vous le PC21 ?
C’est l’avion d’entraînement du futur !
C’est-à-dire ?
Aucun avion existant n’est allé aussi loin dans sa conversion vers un système d’armes d’entraînement complet. Il est économique à l’usage (1h de vol en F18 coûte 30 fois celle d’un vol en PC 21 selon l’armée suisse). Mais aussi extrêmement performant. Le seul facteur qui différenciera une mission d’entraînement en PC21 et en jet de combat est la vitesse… Et encore, celle-ci peut être simulée ! La gestion du moteur PC21 (ndlr, Pratt & Whitney PT6A-68B de 1600 CV, imite le comportement d’un réacteur d’avion de chasse, la puissance étant progressive à la vitesse, avec une puissance maximale obtenue seulement à 200 Kts. Pour aller plus loin dans l’émulation d’un avion à réaction, Le Pilatus possède un « Trim Air Device », qui permet de compenser automatiquement le roulis induit par la rotation de l’hélice, pour réduire ce phénomène propre à l’avion à hélice, le moteur est décalé de l’axe de l’avion. Sa formule aérodynamique elle-même a été étudiée pour imiter celle d’un avion de combat, avec par exemple un taux de roulis de 200°/s.
Le Rafale est un avion de combat particulier avec de très grandes performances en pénétration à très basse altitude ? Le PC 21 permet-il de simuler de telles missions ?
Oui, le PC21 permet parfaitement de simuler de telles missions.
En effet, le Pilatus remporte de nombreux succès à l’export. Quelle en est la principale raison à votre avis ?
La plupart des constructeurs, et c’est parfaitement compréhensibles, conçoivent et produisent des avions qui répondent aux besoins spécifiques de leurs pays avant d’essayer de les exporter. Chez Pilatus, nos avions sont avant tout conçus pour être adaptables et donc convenir à de nombreux clients.
Dans quel avion préféreriez-vous voler ?
N’importe lequel, si c’est un Pilatus ! Tous les avions sont d’excellents produits. C’est une petite société dont tous les employés sont passionnés. C’est extrêmement gratifiant et stimulant comme environnement.
Une question que la presse ne vous a jamais posée à laquelle vous souhaiteriez répondre ?
Oui. Si c’était à refaire ? Je répondrais « la même chose ».
2 Comments
Anonyme
Beh Bruno on oublie les copains? Yves.
Bruno ETCHENIC
Oups…Ayé !