Plusieurs médias le révèlent depuis hier, des documents provenant du pentagone ont fuité, révélant au passage l’existence de discussions concernant l’abandon probable du programme F-35. La tempête médiatique semble prendre de la vigueur outre atlantique, et elle n’a pas encore trouvé de répercussion en Europe.
Tout au long des années de développement chaotique de ce programme, et suivant les dérivent des coûts et des ennuis techniques, les commentateurs n’ont cessés de proclamer que ce programme n’avait pas d’alternative. La flotte vieillissante des avions de combat de l’US Air force conjugué au retard d’un programme qui a englouti des sommes importantes du budget de la défense fait que l’armée n’a plus vraiment le choix.
Mais il n’est pas étonnant que le pentagone étudie tout de même la question. Car il faut parer à toute éventualité. C’est le propre de la défense. Préparer à se battre contre tout, de l’ennemi qui n’existe pas encore, jusqu’aux coupes budgétaires qui modifient de facto les moyens utilisables et donc les stratégies à appliquer en amont.
Car avant de clamer qu’il n’y a pas d’alternative, c’est bien qu’ils y ont penchés sur le sujet. D’autres peuvent aussi clamer que le lobbying actif de Lockheed Martins aura eu raison de toutes les autres solutions
.
Hors, en cette sombre année 2013 pour les budgets fédéraux, tout est à remettre en cause. Y compris ce programme qui, bien que coûtant des centaines de milliards de dollars, est loin de donner satisfaction aux militaires américains.
Mais imaginons un seul instant que ce programme soit effectivement annulé ? Que ce passerait il alors pour les trois corps d’armées utilisant des avions de combats ?
-L’US Air force tout d’abord http://portail-aviation.blogspot.fr/2012/11/le-programme-f22-ete-une-erreur.html Comme ce lien l’explique, la moyenne d’age des avions de combats de l’USAF a fortement augmenté. Si le F-35 n’arrive pas rapidement, l’USAF devra jongler avec des avions usés, et perdre en efficacité opérationnelle et/ou ne plus pouvoir remplir ses missions. En cas d’abandon du F-35, l’USAF possède tout de même une palette d’options pour pouvoir garder son efficacité opérationnelle. La modernisation de ses chasseurs actuels pour commencer, avec une augmentation de leur durée de vie. Cela coûte cher, mais elle aura toujours la possibilité de recevoir en parallèle de nouveaux avions, comme le F-15 Silent Eagle par exemple, disponibles très rapidement.
-L’US Navy. Clairement, cette armée-là n’est pas dans le besoin. L’abandon du F-35 arrangerait même ses affaires. Sa flotte d’avions de combat est jeune, avec des Super Hornet qui n’ont pas encore tous étés livrés. Elle étudie déjà la possibilité de faire étudier un chasseur de sixième génération, en parallèle à des drones de combat furtif. La marine américaine comblerai donc facilement le manque de F-35C par l’achat de F-18 supplémentaires, pouvant même lancer un programme de modernisation de ceux-ci, déjà proposé par Boeing.
-L’US Marines Coprs. Là, c’est déjà plus ennuyeux. Un abandon de l’achat des F-35B obligerai se corps d’élite à repenser en profondeur sa doctrine d’emploi. Bien que le F-35B n’était pas vraiment adapté aux besoins des marines, il possédait l’avantage d’être un avion à décollage vertical/court et à atterrissage vertical ; caractéristique essentielle pour pouvoir être déployés à partir de ses navires pour des assauts à partir de la mer. Si au niveau de la doctrine d’emploi de cette armée les choses semblent être bien sombre, au niveau de l’ensemble des capacités des armées américaines, le manque de cette option tactique pourra être facilement comblé via d’autres moyens.
On se rend donc bien compte que l’arrêt du programme F-35 ne signifierai pas la mort des moyens aériens des USA. Bien que moins modernes, les appareils actuels sont largement capables d’assurer la domination sur n’importe quel théâtre d’opération.
Il y a pourtant, ailleurs dans le monde, des pays qui seront bien plus ennuyés par ce possible, bien que très peu probable, abandon.
-La Grande Bretagne. Ayant injecté des fonds importants dans le programme, étant déjà lésé de certains retours industriels tombés dans l’oubli, la Grande Bretagne se retrouverai alors avec des porte-avions sans avions. Depuis son choix de ne pas équiper ses futurs PA de catapultes et brins d’arrêt, la Royal Navy est donc dans l’obligation d’opérer des avions ADAV (Avion à Décollage et Atterrissage Verticaux). Hors, à part le F-35B, il n’y a AUCUN avion à l’heure actuelle capable d’une telle prouesse. Et avec les fonds déjà employés dans le programme F-35 en tant que partenaire de niveau 1, la Grande Bretagne, seule, n’aurait pas les moyens de se lancer dans l’aventure de la conception d’un tel avion.
Pour ce qui concerne la RAF, elle est aussi ennuyée. Il va bien falloir trouver un successeur à l’excellent Tornado, que l’Eurofighter aura du mal à remplacer. L’avion n’étant pas vraiment un multirôles, et malgré tous les développements prévus, sa conception d’intercepteur l’empêche de porter des charges lourdes loin, vite et bas. Là encore, il faudra trouver une autre solution. Drone de combat furtif développé en coopération, nouvel avion de combat ? La période actuelle de vache maigre ne laisse guère de choix pour ce pays.
-L’Italie est un pays qui s’est aussi fortement engagé auprès des états unis d’Amérique. Partenaire de rang 2 pour le programme F-35, elle a aussi choisi les deux mêmes modèles de F-35 que le Royaume Unis. Le F-35B pour son aéronavale, et le F-35A pour son armée de l’air. En plus des sommes investies directement dans le programme, l’Italie vient juste d’inaugurer leur chaîne d’assemblage de l’avion, et a investi 1 milliards de dollars pour ce faire.
Pour les autres pays acquéreurs du F-35, il existe des alternatives, malgré les sommes perdues déjà investies. Mais les grands perdants seront sans nul doute le Royaume Unis et l’Italie. A plus grande échelle, on pourrait considérer que l’Europe sera une grande perdante. L’images les plus frappantes de cet énorme gaspillage seront que trois grands porte-aéronefs britanniques et italien ne serviront pratiquement plus à rien, à l’image de plusieurs usines, dont l’usine d’assemblage près de Rome qui n’aura plus d’utilité. Et à terme, une capacité tactique et stratégique imputé pour de longues années.
Pour toutes ces raisons, espérons donc que le programme aille jusqu’au bout. Dans tous les cas, la confiance en l’allier américain pour mener des programmes en prendra un coup pour quelques décénies.
2 Comments
Montaudran
J'ai lu comme vous les articles sur l'abandon possible du F-35. Et je dis bien possible et non probable comme écrit au début de votre article (et corrigé en "…possible, bien que très peu probable" en milieu d'article).
Le fait est que le Pentagone n'est "jouasse" avec ce projet qui comme le Rafale devait tout remplacer et donc être économique. Mais il a été trop demandé et l'industriel n'arrive pas à répondre aux demandes délirantes à des couts maitrisés.
Si les USA devait néanmoins abandonner le F-35 (je n'y crois pas) ils perdraient énormément de crédibilité et même de prestige avec leurs alliés. Comme vous le dites très bien la Grande Bretagne et l'Italie au premier chef mais aussi Israel, la Turquie et le Japon qui se sont porté acquéreur. Il y a donc une énorme pression politique pour la continuation du projet.
Anonyme
l'us air force essaye de corriger le tir, en plus du silent eagle, un sucesseur au f-22 est en conception mais n'arrivera pas avant 2025, pour l'usmc c'est embêtant l'av8b Harrier II se fait vieux.
pour l'us navy l'advanced super hornet est en développement