Coincé sur le statique à l’ombre du vieux Connie, et loin de ces congénères brésiliens à qui l’on pourrait croire qu’il refuserait de voler la vedette (références aux effets d’annonce de la famille E-jet), un Super-Tucano, dans sa livrée sable deux tons nous attends. Son pilote aussi, à l’ombre d’un parasol. Je me demande encore quel langage va-t-il nous parler, alors que la cocarde de l’avion est tout sauf ordinaire. L’avion vient de Mauritanie. Quoi qu’il en soit, voici encore un pilote qui va jouer au jeu des questions réponses, pour notre plus grand plaisir.
Je vous rappelle que nous avons déjà publié une interview d’un pilote de Hawk-T2, et que celle d’un pilote d’essais du Pilatus PC-21 est à paraitre sous peu, ainsi que celle d’un M346 et d’un T-50 coréen. Une fois ceci fait, nous pourrons vous proposer un dossier complet sur l’ensemble des avions d’entrainement « occidentaux » disponibles sur le marché. En toile de fond, le remplacement des Epsilons de Cognac, et une réflexion sur le futur des alphajet. Mais ça, c’est pour plus tard.
Heureusement, et c’est logique Carlos parle Anglais. Il est brésilien, pilote chez Embraer et formateur des pilotes mauritanien, un des nombreux pays africain à avoir signé un contrat avec l’avionneur brésilien.
Quel mot choisiriez-vous pour décrire au mieux votre avion ?
– « Reliable » (sur, en qui on peut faire confiance, fiable : ndlr)
A titre d’ exemple, regardez les cocardes de cet avion : elles sont mauritaniennes, je suis instructeur super tucano sur la base aérienne d’Atar dans ce pays. Le jour de mon départ, j’ai effectué mes vols d’instruction, puis il m’a suffit de monter les bidons supplémentaires de kérosène avant de partir. J’ai effectué le vol en trois étapes (arrêts à Marrakech et Bilbao), sans 1° de dérive. Vendredi, je repars dans les mêmes conditions. Cela vous donnera une idée de l’exceptionnelle disponibilité de l’avion, ainsi que de là qualité de son avionique !
Mais j’hésite aussi avec « Combat proven »
Le Super Tucano a de nombreux clients exports qui recherchent un avion moderne, performant et rustique. Il a été développé à la base pour les besoins du Brésil en matière de Contre insurrection et de lutte contre les trafiquants, en particulier en Amazonie ou il opère dans des conditions difficiles.
L’armée de l’Air a eu des soucis de maintenance sur ses Tucano d’entrainement, avez-vous quelque commentaire à nous faire à ce sujet ?
Le SuperTucano est un avion totalement différent du Tucano (ndlr : il est plus gros, avec un moteur deux fois plus puissant de 1600 CV, possède une avionique israelienne ELBIT). Le Tucano avait été développé comme un pur avion d’entrainement. Le Super Tucano a d’abord été pensé comme un avion de combat avec des spécifications bien supérieures, pour la « vraie » guerre. Il s’est montré très fiable, disponible et efficace dans les FAB (forces aériennes brésiliennes).
C’est aussi un avion très performant en combat aérien grâce à des systèmes de visées sophistiqués et précis (ndlr : il peut recevoir des missiles sidewinder)
En cas d’intérêt de la France, son avionique peut elle être customisée ?
Absolument. Son ordinateur peut être programmé de façon à faciliter la transition vers le Rafale.
C’est un avion à turbopropulseur, pensez vous que ce soit une limitation à l’entraînement vers des jets rapides face à des concurrents comme le Hawk ou le M346 ?
Oui et non. Bien sur un jet d’entrainement aura un comportement plus proche d’un jet rapide. Mais a un cout beaucoup plus élevé qui limitera le nombre d’heures de formation. L’expérience brésilienne dans ce domaine montre que le comportement du pilote dans le cockpit est la partie la plus importante de l’entrainement, et le Super *Tucano est parfait pour cela.
Quelque chose à ajouter ?
Oui. Ayez confiance dans cet avion. Vous ne le regretterez pas ! Il est peu coûteux, efficace et sûr. Idéal pour la transformation d’un pilote.