C’est un beau livre que j’ai reçu hier, des éditions
Altipresse. Beau, non pas par l’apparence, mais par son contenu. Un livre qui
fait réfléchir, au-delà même du sujet qu’il traite.
Altipresse. Beau, non pas par l’apparence, mais par son contenu. Un livre qui
fait réfléchir, au-delà même du sujet qu’il traite.
Le titre réel du livre est : RYANAIR, low cost mais à
quel prix ? Révélations d’un commandant de bord.
quel prix ? Révélations d’un commandant de bord.
Les révélations livrées ici ne sont pas toutes exclusives,
car beaucoup se sont déjà penchés sur le sujet. Mais venant de l’intérieur même
de la compagnie, par un commandant qui a décidé de garder l’anonymat (et cela
se comprend), ça change la vision des choses.
car beaucoup se sont déjà penchés sur le sujet. Mais venant de l’intérieur même
de la compagnie, par un commandant qui a décidé de garder l’anonymat (et cela
se comprend), ça change la vision des choses.
On s’identifie au personnel navigant et on s’immerge dans le
système, comme jamais auparavant. Ce livre a le mérite de bien clarifier les
choses, d’être simple à lire, et suffisamment bien structuré pour ne pas perdre
ni le fil, ni l’envie d’aller jusqu’au bout.
système, comme jamais auparavant. Ce livre a le mérite de bien clarifier les
choses, d’être simple à lire, et suffisamment bien structuré pour ne pas perdre
ni le fil, ni l’envie d’aller jusqu’au bout.
Je vous livre ici un léger résumé de la position de son auteur.
Sachant qu’une grande partie de ses allégations sont facilement vérifiables, il
n’y a aucune raison de douter de sa bonne foi.
Sachant qu’une grande partie de ses allégations sont facilement vérifiables, il
n’y a aucune raison de douter de sa bonne foi.
Le premier chapitre aborde la réussite insolente du modèle
économique, depuis que celui qui est devenu son PDG est parti aux USA pour
comprendre le fonctionnement d’une compagnie lowcost locale. La réussite est à
la gloire de l’ultra-libéralisme sur tous les plans. Sans en dévoiler trop, on apprend
que Ryannair y gagne sur tous les plans. Tous !
économique, depuis que celui qui est devenu son PDG est parti aux USA pour
comprendre le fonctionnement d’une compagnie lowcost locale. La réussite est à
la gloire de l’ultra-libéralisme sur tous les plans. Sans en dévoiler trop, on apprend
que Ryannair y gagne sur tous les plans. Tous !
Alors que les compagnies traditionnelles croulent sous les
dettes, l’entreprise irlandaise affiche des comptes dans le vert, avec des
balances positives de plusieurs centaines de millions d’euros. Tout cela avec des prix affiché
3, 4 ou 5 fois moins élevés que leurs concurrents. La question que tout le
monde se pose est : Mais comment ?!!
dettes, l’entreprise irlandaise affiche des comptes dans le vert, avec des
balances positives de plusieurs centaines de millions d’euros. Tout cela avec des prix affiché
3, 4 ou 5 fois moins élevés que leurs concurrents. La question que tout le
monde se pose est : Mais comment ?!!
En gagnant de l’argent grâce à plusieurs astuces
commerciales à la limite de la légalité, en pratiquant le dumping social, en
faisant baisser les coûts d’achat de ses avions, en limitant l’emport de
carburant à la limite de ce que la sécurité des vols permet (limite parfois
dépassée). Dans son plan comptable, même le personnel devient une source de
revenus.
commerciales à la limite de la légalité, en pratiquant le dumping social, en
faisant baisser les coûts d’achat de ses avions, en limitant l’emport de
carburant à la limite de ce que la sécurité des vols permet (limite parfois
dépassée). Dans son plan comptable, même le personnel devient une source de
revenus.
La majorité du personnel n’est en effet pas sous l’effet d’un
contrat entre salarié et employeur, mais sont des contractants privés. Moins de
charge pour « l’employeur », précarité totale pour « l’employé »,
qui ne bénéficie donc pas d’assurance chômage. Le personnel a en plus tout à sa propre charge. Il
doit payer pour rentrer dans le système, pour sa formation, pour son uniforme,
même son badge. Il ne bénéficie d’aucune réduction des services à bord. Repas et boissons sont facturés au prix fort.
Si un pilote est envoyé en mission sur une autre base que son lieu d’embauche
habituel, les frais d’hébergements sont aussi à sa charge. Et s’il arrive en
retard, aucune justification n’est possible, à part le fait d’être malade. Même
l’annulation d’un vol Ryanair (seule chose gratuite, et encore, faut lire la
méthode !) permettant au pilote de se rendre sur son lieu de travail ne
constitue pas une excuse valable. Si, de plus, le pilote est d’astreinte
pendant sa mission et n’effectue pas de vols à proprement parler, il n’est non
seulement pas rémunéré, mais en plus les frais constituant son déplacement
restent toujours à sa charge. Car oui,
le personnel navigant (pilotes comme hôtesses de l’air et stewarts) ne sont
payés qu’en fonction de leurs heures de vol. Leur travail au sol est donc
considéré comme du bénévolat ; même pendant que les pilotes préparent leur
plan de vol et que les personnels de cabines nettoient l’avion (!!!). Autre subtilité, ils ne sont payés qu’en fonction des heures de vol prévues. Si
un retard est enregistré, et quel qu’en soit la cause, même un détournement
pour cause de mauvaises conditions météo, le personnel travaille alors à l’œil.
contrat entre salarié et employeur, mais sont des contractants privés. Moins de
charge pour « l’employeur », précarité totale pour « l’employé »,
qui ne bénéficie donc pas d’assurance chômage. Le personnel a en plus tout à sa propre charge. Il
doit payer pour rentrer dans le système, pour sa formation, pour son uniforme,
même son badge. Il ne bénéficie d’aucune réduction des services à bord. Repas et boissons sont facturés au prix fort.
Si un pilote est envoyé en mission sur une autre base que son lieu d’embauche
habituel, les frais d’hébergements sont aussi à sa charge. Et s’il arrive en
retard, aucune justification n’est possible, à part le fait d’être malade. Même
l’annulation d’un vol Ryanair (seule chose gratuite, et encore, faut lire la
méthode !) permettant au pilote de se rendre sur son lieu de travail ne
constitue pas une excuse valable. Si, de plus, le pilote est d’astreinte
pendant sa mission et n’effectue pas de vols à proprement parler, il n’est non
seulement pas rémunéré, mais en plus les frais constituant son déplacement
restent toujours à sa charge. Car oui,
le personnel navigant (pilotes comme hôtesses de l’air et stewarts) ne sont
payés qu’en fonction de leurs heures de vol. Leur travail au sol est donc
considéré comme du bénévolat ; même pendant que les pilotes préparent leur
plan de vol et que les personnels de cabines nettoient l’avion (!!!). Autre subtilité, ils ne sont payés qu’en fonction des heures de vol prévues. Si
un retard est enregistré, et quel qu’en soit la cause, même un détournement
pour cause de mauvaises conditions météo, le personnel travaille alors à l’œil.
Les conditions salariales sont à des années lumières de ce
que l’on est en droit d’attendre dans une compagnie officiant en union
européenne, et pourtant. En dehors des charges salariales, une autre charge
importante de toute compagnie est constituée des différentes taxes
aéroportuaires. Par une stratégie subtile et agressive, Ryanair arrive à
obtenir des subventions déguisées plus ou moins légalement. Au final, ce qui est une charge financière pour une compagnie lambda, est une source de revenue pour Ryanair.
que l’on est en droit d’attendre dans une compagnie officiant en union
européenne, et pourtant. En dehors des charges salariales, une autre charge
importante de toute compagnie est constituée des différentes taxes
aéroportuaires. Par une stratégie subtile et agressive, Ryanair arrive à
obtenir des subventions déguisées plus ou moins légalement. Au final, ce qui est une charge financière pour une compagnie lambda, est une source de revenue pour Ryanair.
Le client, lui, est loin d’être un roi. Les situations
improbables, les surcoûts injustifiables, comme les 75€ demandés pour l’impression
du billet électronique par exemple, l’impossibilité de se faire rembourser quoi
que ce soit, ou même de dormir pendant le vol afin qu’il ne puisse louper
aucune annonce commerciale. Les bras m’en sont tombés.
improbables, les surcoûts injustifiables, comme les 75€ demandés pour l’impression
du billet électronique par exemple, l’impossibilité de se faire rembourser quoi
que ce soit, ou même de dormir pendant le vol afin qu’il ne puisse louper
aucune annonce commerciale. Les bras m’en sont tombés.
Malgré tous les détails livrés par le livre, le sujet
dépasse de loin les problèmes que cette compagnie pose au niveau social, ou
commercialement, à ses clients.
dépasse de loin les problèmes que cette compagnie pose au niveau social, ou
commercialement, à ses clients.
Avec le concours passif du gouvernement irlandais, une
concurrence déloyale s’est organisée en Europe. Le modèle économique de Ryanair
parait, à la lecture de ce livre, assez fragile. A force de contourner la
légalité, il arrivera bien un jour où la compagnie devra rendre des comptes
(pour peu que la justice soit de ce monde). Et lorsque les subventions des collectivités
locales arriveront à leur terme, les bénéfices se transformeront en perte. Mais
là encore, tout est prévu. A la lecture de ce livre, j’en arrive à une
conclusion déroutante. Une image simple me vient en tête. Ryanair serait un peu
comme ces commerces éphémères qui ouvrent le temps des fêtes de Noël. Faire un
maximum de profit tant qu’il est possible de le faire, et puis replier bagages sans perte et
sans fracas quand ce ne sera plus possible. Tout du moins pour elle. En attendant,
et même si Ryanair est loin d’être la source de tous leurs maux, les compagnies
classiques auront bien souffert d’une concurrence hautement déloyale.
concurrence déloyale s’est organisée en Europe. Le modèle économique de Ryanair
parait, à la lecture de ce livre, assez fragile. A force de contourner la
légalité, il arrivera bien un jour où la compagnie devra rendre des comptes
(pour peu que la justice soit de ce monde). Et lorsque les subventions des collectivités
locales arriveront à leur terme, les bénéfices se transformeront en perte. Mais
là encore, tout est prévu. A la lecture de ce livre, j’en arrive à une
conclusion déroutante. Une image simple me vient en tête. Ryanair serait un peu
comme ces commerces éphémères qui ouvrent le temps des fêtes de Noël. Faire un
maximum de profit tant qu’il est possible de le faire, et puis replier bagages sans perte et
sans fracas quand ce ne sera plus possible. Tout du moins pour elle. En attendant,
et même si Ryanair est loin d’être la source de tous leurs maux, les compagnies
classiques auront bien souffert d’une concurrence hautement déloyale.
Un livre qui remue donc, et qui force à réfléchir sur notre
condition de client. Sur quels principes sommes-nous prêts à nous asseoir pour
gratter quelque euro ? Notre sécurité ? Ou le dumping social dont
nous sommes en partie responsables ?
condition de client. Sur quels principes sommes-nous prêts à nous asseoir pour
gratter quelque euro ? Notre sécurité ? Ou le dumping social dont
nous sommes en partie responsables ?
Livre à ne pas lire si vous voulez avoir la conscience tranquille lorsque vous serez (mal) installé dans un avion de la compagnie Ryanair.
Disponible à la vente sur le site de l’éditeur au tarif
de 19.90€: www.altipresse.com
de 19.90€: www.altipresse.com
5 Comments
Anonyme
La politique de carburant et comment Ryanair traite ces commandent de bord n'est pas la seul chose, je vous propose donc de les découvrir.
http://www.youtube.com/watch?v=b2jVP-WQSWA
mooljak
La Vidéo n est plus dispo , dérangeait elle trop?
Bruno
Le livre parle de tout ce qu'il y a dans ce reportage, et bien plus ! ce sont 300 pages explicites, qu'il m'est impossible de résumé entièrement sans mettre la publication en ligne, ce qui, évidemment, n'est pas faisable.
Montaudran
Question bête mais pour moi qui suis en dehors du monde des pilotes comment se fait-il qu'il y ai des pilotes pour bosser pour eux ?
Ce sont des personnes très formées qui pourraient se placer auprès d'entreprise ailleurs dans le monde, non ? la flotte mondiale est en pleine explosion…
Ou alors se sont des "petits jeunes" qui font leurs premières armes.
Marc
Il s'est inspiré du modèle économique américain, donc c'est normal qu'il fasse beaucoup de bénéfices. La société américaine est caractérisée par cette quête du gain, et pour eux, la fin justifie les moyens. Même s'il faut des conditions moins favorables aux employés pour faire plus de bénéfices, les bénéfices justifient tout.