Tout le microcosme des enthousiastes de l’aviation, et surtout du Rafale, pensaient que c’était possible. Entre discussions techniques passionnées entre forumers (notamment sur air-defense.net) et fuites plus ou moins contrôlées au sein même de l’armée de l’air et de Dassault Aviation, C’est le pilote d’essai brésilien Vianney Riller qui en apporte la confirmation. Je parle ici de la possibilité qu’offre l’ensemble des senseurs du Rafale, de pouvoir « accrocher » une cible aérienne sans utiliser le radar, et de tirer un missile à guidage radar.
Non content d’être un des pilote d’essai les plus influent en Amérique latine, M. Vianney Riller est aussi un excellent journaliste. C’est ainsi qu’au terme de plusieurs jours d’essais du Rafale à Istre, il a publié un article très complet sur le site defesanet. En marge de cet article, M. Vianney Riller a publié une image très intéressante via son compte Twitter. Cette image illustre ni plus ni moins que la capacité de SPECTRA à accrocher une cible, afin de permettre une solution de tir.
C’est un Mirage 2000-5 qui fait ici les frais des capacités du Rafale. (source)
SPECTRA, pour Système de Protection et d’Evitement des Conduites de Tir du Rafale, est un système principalement conçu par Thales, est un système de guerre électronique à la base de l’autoprotection du Rafale. Il faudrait un livre pour en détailler ses capacités. Mais concentrons-nous sur ce qui nous intéresse aujourd’hui.
Avec la confirmation de cette capacité, le Rafale devient clairement très dangereux pour tout adversaire. On lui a souvent reproché la faible portée de son Radar RBE2 dans la mission de défense aérienne (aujourd’hui comblé par l’arrivée du RBE2 AA). Mais si il est capable, grâce à ses senseurs, et surtout grâce à la fusions de toutes ses données au sein du système, de pouvoir détecter précisément la position d’un hostile à 360°, et de tirer un missile, y compris vers l’arrière, en utilisant l’émission radar de l’ennemi contre lui-même, vous comprendrez pourquoi le Rafale devient un adversaire redoutable.
Rajoutez à cela que l’ennemi, se verra trahi par ses propres ondes radar bien avant qu’il ne puisse détecter le Rafale. En effet, l’onde électromagnétique du Radar possède une énergie qui doit lui permettre de parcourir le trajet aller-retour afin d’être traitée. Si un Radar possède une portée de détection de 100 km face à une cible possédant la SER du Rafale, il sera détecté à plus du double de cette distance par des capteurs passifs. C’est évidemment très schématisé car la réalité est un peu plus complexe que cela. Mais l’essentiel est de comprendre que si l’onde Radar adverse atteint le Rafale au-delà de sa portée, le Rafale aura détecté son adversaire, alors que l’onde Radar n’aura plus assez d’énergie pour revenir jusqu’à sa source. L’avion ennemi sera donc détecté bien avant qu’il ne puisse connaître la présence du Rafale.
Cette situation n’a rien d’exceptionnelle, et tout avion de combat muni d’un bon système d’alerte est capable d’analyser son environnement électromagnétique. Là où ça devient intéressant, c’est en imaginant que l’adversaire prenne en chasse notre Rafale depuis l’arrière. Arrivé à portée de tir, son radar accrochera le Rafale, et son pilote sera averti du danger. Par contre, si le Rafale tire un missile contre son adversaire de manière totalement passive, l’avion ennemi ne sera jamais en mesure de détecter la menace provenant du Rafale avant qu’un missile ne soit tiré, grâce au détecteur d’alerte et de départ missile qui détecte l’allumage du moteur fusée, ou bien encore que l’autodirecteur du missile ne s’accroche sur lui, ce qui ne lui laisse que quelque secondes pour réagir.
Bien évidemment, lors d’une solution de tir vers l’arrière, le missile perd beaucoup d’énergie, et sa portée est réduite d’autant. La perte de portée est à relativiser par le fait que l’avion ennemi est en rapprochement. Alors que le missile adverse doit rattraper sa cible, et suivre le Rafale. En tirant un missile contre son adversaire, le Rafale s’offre une porte de sortie supplémentaire. Si l’adversaire s’engage dans une manœuvre d’évitement, le contact avec sa cible peut être rompu, ce qui empêchera à son propre missile de connaitre en temps réel la position du Rafale, et le Rafale de s’échapper plus facilement.
On le voit bien, les capacités tactiques offertes par SPECTRA sont multiples. Et tout pilote ennemi saura que même en dehors du cône de détection du Radar du Rafale, il se sentira menacé.
15 Comments
Montaudran
Le Rafale est donc capable de combattre en "0 emission", bien. Mais si d'autres avions ont ou auront cette possibilité comment se resolvera un combat entre deux avions n'utilisant pas leur radar ?
Bruno
Vous confondez la portée du radar rbe2 (100km) et de la version aesa (150km; attention, ce sont des estimations, et tout dépend de la ser de l'avion d'en face) et de spectra. Spectra a des modules de brouillage actif, mais en ce qui concerne ses capteurs passif, il n'y a pas de portée, puisque justement c'est passif. Il détectera les ondes qui arrivent sur lui, tout simplement.
Anonyme
ba sa se reglera a l'ancienne,pilote contre pilote!
Anonyme
SPECTRA est ce qui permet de faire la différence entre le rafale et les chasseurs dit "furtif".Ce systéme est surment le plus gros atout du rafale.C'est sa qui permettra de faire la différence en combat aérien dans les années a venir.Et ce serat un gros avantage quand le rafale deviendra furtif(prevu vers 2030 par dassault)car le probléme des avion furtif,si il allume leur radar,c'est qu'il se font repérer par le systéme de detection d'alerte radar ennemie(aprés on peut toujours utilisé un AWACS).Encore un élement qui prouve que les avions de la 4eme generation sont encore plus que valable,et que le rafale a un enorme potentielle!
Triarii
Spectra est la vision de la guerre électronique, vue par les Français. Ne pensez pas que les Américains sont en reste de ce côté.
Anonyme
" le rafale deviendra furtif(prevu vers 2030 par Dassault" Ben dis donc c'est encore loin voir très loin. Les américains, Chinois ou Russe auront déjà trouver autre chose D'ici 2030. Déjà le Boeing X-51 Wave Rider prototype d'avion sans pilote hypersonique équipé d'un superstatoréacteur, devant atteindre Mach 7 (soit 8 575 km/h). Le X-51A WaveRider est un programme conjoint de l'US Air Force, de la DARPA, de la NASA, de Boeing et de Pratt & Whitney.Et aussi " NASA X-43 Scramjet " est un avion propulsé avec un statoréacteur atmosphérique (puisant l’oxygène dans l’atmosphère) en atteignant brièvement 11 000 km/h (Mach 10). Qui est déjà bien avancer. Il est toujours en cours d’essais + d'autre type d'avions et drone américains en cours. De plus les Futurs porte-avions Dont le plus gros porte-avions du monde ! USS Gerald R. Ford (CVN-78, Le navire devrait entrer en service vers 2015-2016. + L’USS John F. Kennedy (CVN-79)mise en chantier de ce navire a eu lieu en 2011, pour une mise en service prévue en 2020. Et le CVN-80 Prévu en 2023.
Anonyme
le rafale sera furtif dans 10 ans ou jamais ! La seule possibilité pour le rafale de devenir furtif, c'est pas un système actif de déclament radar d'une demi-onde. C'est très complexe les américains se sont cassés les dents dessus, si Thales n'y arrive pas il y aura toujours la possibilité de créer un radar contre la furtivité passive (il me semble qu'il est déjà dans les cartons pour lutter contre les bateaux furtifs). Enfin si rien de tout celà ne se fait il faudra alors une furtivité passive c'est à dire toucher à la cellule de l'appareil autant dire un nouveau chasseur, tant mieux puisque c'est au alentour de 2030 que le successeur du rafale est attendu. Enfin le programme X51 de la nasa n'a rien d'un avion, c'est plus maquette pour comprendre le fonction aérodynamique après mach 5 et tester le superstatoréacteur (théorie inventée par un français en 1913…), sur les trois testes seul le premier c'est bien passé passage à mach 5. MBDA France va tester un équivalent l'année prochaine. Quand aux portes avions US ils seront plus gros mais probablement moins nombreux au final c'est une perte en avions embarqués qui risque de se produire. Le Charles de Gaulle arrive à la fin de sa vie en 2035 (en même temps que le rafale, si c'est pas bien fait la vie). Donc remplacement s'il y a dès 2025 pour une entrée en service juste à temps. Au vue des évolutions des marines dans le monde il faudra doublé la taille du prochain PNA et en produire minimum deux cette fois. Bref la question n'est déjà plus de faire un petit frère au CdG mais de son successeur. (de mémoire le statoréacteur atmosphérique ne va pas plus vite que mach 7 et est déjà utilisé sur le SR73 mais je peux me tromper).
lolo51140
un radar passif pour le Rafale a été testé !! de toutes façons , la furtivité passive n’est fonctionnelle que sur les radars hautes fréquences , tout les radars basses fréquentes se moquent royalement des formes , matériaux ou peintures qui participent à la furtivité passive ! la furtivité passive est un leurre qui fonctionne uniquement sur les ignorants !
Anonyme
Peut-on savoir quelle est la version/standard du Rafale utilisé pour le vol? La visu SPECTRA en image ne ressemble pas à la visu présente sur F3-2 dans les forces…
Merci
Yves PAGOT
A priori, visu du B301, donc F3-R
Anonyme
"it can fire missiles at targets detected and designated by its integrated Spectra countermeasures suite, again without any need for active transmissions that can give away its position"
http://www.aviationnews.eu/2006/07/03/french-air-force-enters-new-era-with-first-rafale-squadron/
L'article original etait, si je me souviens bien, en Francais et ca date de 2006…
@Anonyme: Combien de modes peut-il y avoir pour SPECTRA dans un meme role (A-A/A-G)?
@Bruno: Faux, meme les capteur passifs ont une portee limite, surtout due a la precision utile de la detection, dans ce cas c'est <1* a 200 km (information publique).
Paul
J ai fait des recherches sur les capacites et distances, j ai pas trouve.
lolo51140
@bruno , le capteur passif est passif , il n’a donc pas de limite , la limite vient uniquement de l’émetteur ennemi , si l’onde radar du radar ennemi a ( hors portée de détection ) une onde radar qui porte à 4 ou 500 km , le capteur passif détectera l’onde radar , une onde radar est une onde radio , le capteur est un récepteur d’onde radio , la limite vient de sa sensibilité et de la puissance du radar ennemi ! sur le Monge , il y a deux antennes radar de 47 tonnes , leurs faisceaux peuvent détecter une pièce de métal de 20 mm de diamètre à 800 km , mais si l’onde radar ne touche rien , elle continue sa course pour se perdre à l’infini , le soleil est un puissant émetteur d’onde radio ( la lumière est une onde radio ) , ces ondes frappent la terre mais elles dépassent allégrement la terre pour aller bien plus loin ! donc ,un récepteur radio n’a qu’une limite , sa sensibilité , le reste est seulement déterminé par la puissance du radar ennemi !
Invité
Pour comprendre ce qu’est un capteur passif par rapport à un capteur actif, prenons tout simplement l’exemple d’un microphone.
Le microphone N’EMET ABSOLUMENT AUCUN SON, rien NADA, QUE DALLE, de par sa conception même. Le microphone c’est une membrane qui réagit aux mouvements de l’air, point final.
En revanche le microphone possède une sensibilité. Cette sensibilité détermine sa plus ou moins grande capacité à détecter des mouvements d’air infimes, ce qui se traduit par une distance au micro utile. On dira alors que pour une voix humaine moyenne sa portée est de “x” mètre d’où la confusion qu’il peut y avoir dans l’esprit en s’imaginant que l’engin aurait une action active.
Même chose pour les sous marins. Les sonars dits passifs sont sans aucun doute un abus langage, il s’agit d’hydrophones tout bêtement, et une oreille humaine doit faire le tri à travers tous les bruits que générèrent les Océans. En revanche le vrai sonar est un écho sondeur, il envoie un signal à plus loin longue distance et attend son retour. La déformation de l’onde sonore indiquera la distance à l’objet.
Donc je suis pratiquement certain que si l’on dit qu’un appareil dispose d’un radar passif c’est qu’il est passif, selon le même principe du microphone, je ne crois que les militaires s’amusent avec ce genre d’arguments, car au contraire cela fait belle lurette que la concurrence aurait trucidé Spectra sur la place publique. Au contraire, mêmes les revues américaines, pas franchement pro françaises lorsqu’ils s’agit de définir les leaders technologiques, sont plutôt impressionnés par Spectra. La guerre électronique dans els airs c’est peut-être l’u des rares petis domaines où la France possède une petite avance sur la concurrence, et c’est Spectra qui remet plus ou moisn en question la viabilité du concept de furtivité qui se paye très cher d’un point de vue opérationnel : moins d’emport en armement, rigidité en terme de conception de l’appareil qui ne rend plus multirôle alors que c’était l’objectif au départ. Le F35 devar travailler de concert avec un F22 ou un Typhoion en appui, le Rafale lui il peut pratiquement faire tout tout seul car réellement multirôle.
La radar en revanche comme tout appareil électronique génère des perturbations Electro Magnétiques. Par exemple on sait qu’en plaçant des micros dans une salle on peut capter les perturbations crées par des claviers, et avec un peu de connaissance sur les composants utilisés, les service d’espionnage parviennent à retranscrire les séquences de frappes car chaque touche aura tendance à créer sa propre musique. Mais ça on ne peut le faire qu’à proximité, Pour le radar c’est la même chose. Son champ de perturbation électro magnétique est à proximité immédiate certainement pas à 200 KM
Paul
Bruno, sont ces capteurs passifs aussi efficace que tu le dis? Ca vaudrait dire: plus que le radar adverse est puissant. Plus que le Rafale le capte a longue distance. Incroyable!!!