Après plus d’un an et demi de négociations intenses entre le pentagone et Lockheed martins, un accord de principe a enfin été trouvé concernant le cinquième lot de production de F-35, qui comprend 32 avions pour environs 3.8 milliards de dollars.
La longueur exceptionnelle de ces négociations s’explique par la situation délicate dans laquelle les trois principaux acteurs de ce programmes sont embourbés; chacun défendant ses intérêts.
La phase de développement devant continuer jusqu’en 2019 désormais, l’US Air Force refuse de payer pour des avions inachevés et non encore opérationnels. Lockheed Martin, de son coté, doit assurer un plan de charge à sa chaîne de production, ainsi que de tous les sous traitant. Rien qu’à Fort Worth plus de 6000 employés travaillent directement sur ce seul programme. Quant au Pentagone, il joue directement sur la survie du programme, et au vu des enjeux déjà engagés; de son point de vue, il est impossible de faire marche arrière.
Si comme moi vous avez pris votre calculette pour connaître le prix unitaire “à la louche” du F-35 dans ce nouveau contrat, vous êtes arrivé à la belle somme de 118.75 millions de dollars, soit presque le double du prix d’un Rafale au passage, et pratiquement 2.5 fois celui d’un Super Hornet.
Mais attention. Ce prix ne comprend pas les moteurs, auxquels un contrat à part a été signé avec Pratt & Withney pour un montant pouvant aller jusqu’à 1.122 milliards de dollars. On arrive désormais à 156 millions par appareils. Et ce n’est pas terminé. Comme tout contrat, il y a un prix fixe, et un tarif variable défini à l’avance celon plusieurs facteurs. Ici, Lockheed Martins et le pentagone se seraient entendus sur une augmentation des coûts de production pouvant aller jusqu’à 2 milliards de dollars supplémentaires. Si cette information est exacte, la somme moyenne à débourser par avion serait de plus de 225 millions de dollars…
Soit environ la même somme que les avions actuellement produits.
La spirale des dérives de coût et de délais semble être dure à maîtriser. D’autant plus que tant que la phase de développement dite SDD n’est pas terminée, rien, absolument rien ne peut empêcher des surcoûts supplémentaires. La confiance aveugle aux simulations informatiques (conception, simulation, cycles de production, maintenance, etc.) aura conduit le pentagone à faire démarrer la production en série d’un avion dont le premier modèle de pré-série n’avait même pas encore décollé! Et aujourd’hui, les états unis d’Amérique sont contraints de fabriquer à la chaîne des avions qui vont leur coûter très cher, au moins jusqu’à la prochaine décennie.