En ces jours, la presse francophone se fait l’écho d’une bien mauvaise nouvelle concernant un des prospects les plus sérieux du Rafale, j’ai nommé : les Emirats Arabes Unis.
Les annonces de la presse anglaise concernant M. David Cameron, leur VRP le plus prestigieux en voyage aux EAU viennent assombrir un ciel déjà pas très ensoleillé pour le GIE Rafale.
Base du Royaume Unis sur le sol émirati, promesse d’un partage industriel, participation avancée au développement du Typhoon…
Ces annonces viennent compléter et contraste avec les dernière déclarations de nos dirigeants en voyage dans ce même pays. Tout le monde a entendu parler de cette fameuse phrase « les rafale attendront » ( !)
Toutes ces annonces ont un effet réellement néfaste sur le jugement de certains journalistes au point que quelque uns enterrent déjà une probable vente de Rafale dans ce riche pays du moyen orient. Certains parlant même d’un appel d’offre qui n’a jamais existé.
Qu’en est-il réellement ?
Premièrement, l’alternance politique en France amène forcément à un changement de méthode. Il faut bien l’avouer, pour le moment Dassault et l’ancien président de la république française n’ont pas eu beaucoup de succès aux émirats. Acharnement de M. Sarkozy, offre non acceptable de Dassault selon le prince héritier, et un besoin opérationnel non évident sachant que l’armée de l’air émiratis a déjà en sa possession une flotte moderne, dont des Mirage 2000-9. Ces fameux mirage dont la flotte a été complétés et remise à niveau au début des années 2000 après la signature d’un contrat en 1998, et dont le dernier appareil a été livré seulement en 2005 ! Vous comprendrez aisément que du point de vue des émirats, il n’y a pas urgence à remplacer ces appareils dans l’immédiat.
Maintenant, revenons-en aux dires de la presse britannique. Je prendrais pour source le site d’information ft.com :
« In a joint communiqué – signed following a trip by David Cameron, the prime minister, to the Gulf state – the UAE and UK said they would “establish a defence industrial partnership that involves close collaboration around Typhoon”. »
Sans rentrer dans les détails grammaticaux, ce “would” place ici a tout son importance… Communiqué de presse pour un futur protocole d’entente… On est donc loin d’un contrat.
Plus loin, on peut lire ceci : « However, analysts have warned that Typhoon’s competitor, Dassault Aviation ’s Rafale jet fighter, is not out of the running. »
Si même les medias britannique imposent ici une règle de prudence, sachant qu’ils sont prompts à affirmer des choses invraisemblables dès qu’il s’agit des frenchies (voir les nombreux articles lors de la compétition MMRCA), pourquoi en France ne nous imposerions pas la même règle en retrouvant un peu d’espoir ?
Et le site d’information de rappeler que le Typhoon, après la sévère déculottée qu’il a subi en Inde, n’a trouvé que deux contrats exports. En Arabie Saoudite et en Autriche. La vente en Arabie Saoudite étant une vente de gré à gré sans appel d’offre, dont la contrepartie était la vente de missiles de croisière storm shadow pour ses Tornado , geste peu apprécié par les américains. Quant à la vente en Autriche, elle est entachée d’une affaire de corruption qui fait beaucoup de remous en Allemagne.
Au-delà des affaire politiques, personne ne parle du besoin opérationnel des émiratis.
Le Rafale est un souhait des EAU depuis longtemps. C’est parce qu’il arrivait en retard que les EAU ont signés pour le mirage 2000-9, qui a aussi été appelé mini Rafale à cause de ses capacités multirôles avancées et d’une partie des équipements embarqués qui sont en partie commun avec son grand frère. Mais surtout, là où le -9 trouve toute sa place dans l’inventaire des EAU, c’est qu’il est capable de délivrer un missile de croisière, le Black Shaheen (dérivé du SCALP), offrant à ce petit pays du Golfe une capacité de frappe considérée comme stratégique.
Il y a donc deux importants freins à la vente d’eurofighter aux émirats. Le premier, il serait tout bonnement inimaginable que les britanniques gèrent la revente des anciens Mirage 2000-9. Parce qu’une fois qu’un ou plusieurs pays aura acquis ces chasseurs, il devra bénéficier d’un appui fort de la France pour les mettre en œuvre. Et la France peut donc tout à fait faire capoter ce point, même si les émiratis se chargent eux même de la revente des avions, que nous pourrions appeler les mirages de la discorde ?
Si le point du dessus est une interprétation totalement personnelle de la situation, il y en a un qui amène une vraie question. L’Eurofighter Typhoon 2 ne dispose pas de la capacité de tir d’un missile de croisière (les études d’intégrations ne démarreront pas avant 2015), et n’est de toute façon pas étudié pour effectuer des missions de pénétrations. Pour garder la capacité stratégique de frappe que lui offre ses Mirage, les EAU n’ont pas énormément de solutions. Garder ses Mirage, les remplacer par des Rafale, ou… attendre quelques années afin que le Typhoon soit mature.
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Anonyme
Intéressant votre point de vue Bruno