L’entrée de cet appareil, le K-Max, se sera faite par la petite porte, dans le conflit afghan. Et pourtant, sous ses airs étranges, cette machine pourrait bien être annonciatrice d’une révolution à venir dans le domaine de la logistique de combat héliportée, et peut-être même plus.
Cet hélicoptère a été conçu et fabriqué par la société américaine Kaman. Originellement piloté, une version « dronisée » a été créée et déployée en Afghanistan depuis décembre 2011.
L’appareil peut ainsi livrer de manière autonome jusqu’à 2.7T de fret à 250 km de distance avec 3 mètres de précision, et sans risquer la vie d’un pilote.
Le fait qu’il n’embarque pas de pilote augmente sa charge utile, réduit la nécessité d’emporter du matériel de contre mesure ainsi que des blindages additionnels, et donc allège la structure de l’hélicoptère. Plus un appareil volant est léger, moins il est cher. C’est une constante qui n’est pas mathématique, mais souvent vérifiée. Et sans le besoin d’un pilote à son bord, c’est un coût d’utilisation à l’heure qui est encore amoindri.
Pourtant le K-Max non piloté ne peut être considéré que comme une plateforme de test grandeur nature, destiné à donner la mesure des gains opérationnels possible aux forces qui l’emploient sur le terrain. Et l’appareil à l’air de donner toute satisfaction, puisque la mission afghane du rejeton de Kaman vient d’être allongée d’une année supplémentaire, jusqu’en
septembre 2013.
Rien que durant le mois de mars 2012, l’hélicoptère a transporté pas moins de 226 Tonnes de matériels de soutien aux forces déployées sur le terrain.
La logistique dans une zone de conflit est une problématique épineuse. Nul combattant ne peut en effet être déployé sur le terrain sans qu’un minimum de soutien lui soit apporté. Fournitures médicales, eau et nourriture, munitions, matériels divers, etc. Jusqu’à présent, deux options principales s’offrent aux militaires, voire trois.
La première option est un convoi routier. Il est long à planifier et lourd à
mettre en oeuvre, doit faire face à la géographie des lieux et doit emprunter des itinéraires viables avec des infrastructures adaptées, tout en faisant face aux menaces pouvant lui barrer la route, qu’il s’agisse de combattants, de mines, d’EEI, ou alors tout simplement un obstacle infranchissable quand les ponts ne sont plus praticables car détruits ou fortement endommagés. L’avantage du convoi routier réside cependant dans la grande capacité de transport qu’il offre. Mais pour faire face aux menaces, les utilitaires doivent être protégés par une escorte lourde et importante.
L’hélicoptère à l’avantage de n’être pas asservi à la menace au sol, mis à part les tirs anti-aérien. Il s’affranchit des obstacles, et le transport est rapide. Mais en rapport de la masse transportée, il est un moyen beaucoup plus onéreux à utiliser.
La troisième solution, puisqu’il faut en parler, consiste à effectuer des parachutages de précision à basse ou très haute altitude. Mais ces derniers requièrent une préparation longue, une maitrise d’une grande partie d’un terrain, et un savoir-faire très pointu, dont l’armée de l’air se targue de pouvoir faire désormais.
Revenons-en au K-Max. Je voudrais rappeler que ce système est à considérer comme un concept à part entière. En effet, même si il est sans pilote, il est optionnellement piloté. C’est-à-dire qu’il embarque une cabine de pilotage, toutes les protections, système de survie et instrumentation nécessaire à un homme à bord. Si le concept fait sa place dans les milieux de l’état-major américain, nul doute qu’une nouvelle version spécifique verra alors le jour, comme les israéliens, qui développent une version encore plus ambitieuse, capable d’opérer en milieu urbain.
Livrer du matériel sur demande, avec un coût d’acquisition réduit, un maintien en conditions opérationnels bien plus intéressant, de manière complétement automatisé, et avec beaucoup moins de risques, n’est-ce pas là le début d’une révolution ?