En rapport avec les derniers évènements, où la destruction de son avion de reconnaissance par la Syrie a été le prétexte à une réunion extraordinaire des membres de l’OTAN, la Turquie à déposer la demande concernant la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Syrie.
A des milliers de kilomètres de là, nous avons du mal à nous imaginer la pression qui règne sur place. Si l’avion Turc a bel et bien franchi l’espace aérien syrien, et qu’il serait mal venu de reprocher au régime de Bachar El Asad la destruction de cet avion, il faut comprendre que la Turquie est directement impliquée par la guerre civile qui a actuellement lieu en Syrie.
Plusieurs dizaines de milliers de personnes sont venus
se réfugier en Turquie pour fuir les violences. L’armée rebelle a aussi établi son quartier général en Turquie. Et des incidents
seraient fréquents dans la zone frontalière.
Je laisse la politique aux spécialistes, et rentre dans le vif du sujet. Car si cette Zone d’exclusion aérienne (ZEA pour les intimes) a pour le moment été rejeté par les membres de l’OTAN, elle n’a pas été totalement exclue et la question doit surement être étudiée au moment où j’écris ces lignes. Car le travail d’un militaire est bien de prévoir, et le jour où le politique le demandera, il ne sera plus temps d’établir des plans mais d’y aller.
Une ZEA vise à s’assurer que le régime en place n’utilise pas ses moyens aériens pour réprimer son peuple. La vision est simplifier à l’extrême, mais là où ça se complique, c’est quand on étudie la façon d’établir cette ZEA. Pour empêcher un avion de voler, il faut d’abord s’assurer de pouvoir le détecter. Et lorsque celui-ci vole à basse altitude, il faut pouvoir le détecter en utilisant soit un avion spécialité dans le contrôle aérien avancé comme le fameux Awacs, ou alors envoyer des patrouilles de chasseurs sur place ; et c’est encore plus délicat pour les voilures tournantes.
Pour établir une ZEA, il faut aussi s’assurer de la maitrise totale de l’espace aérien, et érradiquer les menaces probables. C’est-à-dire détruire les moyens de défense sol-air du pays concerné, ainsi que les infrastructures permettant de pouvoir faire décoller ses propres chasseurs en cas de menace. C’est donc toute une campagne aérienne qu’il faut mettre en place.
Et avant de pouvoir rendre une ZEA effective, il faut pouvoir connaître les moyens de l’ennemi, et établir une carte de renseignements techniques de l’adversaire. Ses moyens de communication, Ses radars de veille, ses emplacements SAM, etc. Et c’est peut-être en effectuant ce genre de mission que le RF4 Phantom a été abattu.
Affaire à suivre, donc.
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Anonyme
Un conflit n'est jamais aussi simple qu'on veut nous le croire. La frontière entre info et intox est bien souvent loin d'être claire.
La mission de ce RF-4 était officiellement de l'entraînement mais si vous saviez tous les vols qui sont officiellement des vols commerciaux ou d'entraînement mais qui sont en réalité de l'espionnage… Il en passe régulièrement au-dessus de nos têtes en France, n'est-ce pas messieurs les ricains?
C'est de bonne guerre, tout le monde le fait.
Dans le cas présent, ça peut servir de prétexte à une intervention alors qu'en réalité, la Syrie n'a fait que faire respecter sa souveraîneté. Non pas que je défende la Syrie mais c'est la réalité des faits.
Quant à l'établissement de la ZEA, je pense que ça serait purement dissuasif parce que comme tu le dis, si on doit envoyer des chasseurs en territoire syrien uniquement pour intercepter les avions détectés serait limite suicidaire sans une COMAO en escorte(ensemble de patrouilles air-air et SEAD).
ça sous-entend aussi comme tu le dis, des vols AWACS quasi-permanents.
Je pense que la situation va encore traîner. Il n'y a pas grand monde qui tient à aller en Syrie. Beaucoup d'intimidation pour ne pas vouloir trop bouger. Pas comme en Libye mais bon, la Syrie n'a pas autant d'intérêts stratégiques comme le pétrole…
Ceci n'est que ma vision personnelle des choses