Depuis l’annonce de la disparition du chasseur F4 Phantom Turc au large des côtes syriennes vendredi, un lot continue d’informations souvent mal interprétées, et diffusées presque sans contrôle – Je vous présentes par ailleurs mes excuses pour avoir annoncé, à tort, que les pilotes avaient été retrouvés et remercie mes lecteurs qui m’ont avertis de l’erreur.
Plusieurs gouvernements ont annoncés au scandale après qu’il eut été confirmé que c’est bien une batterie anti-aérienne Syrienne qui a été à l’origine de la perte de l’appareil turc.
La Turquie en a appelé à une réunion urgente avec les membres de l’OTAN, car ceux-ci se doivent tous de se porter une assistance mutuelle en cas d’agression de l’un de ses membres. C’est là la raison d’être première de cette organisation.
Suivant les sources et les belligérant, il est annoncé que l’appareil a été abattu soit par un canon anti-aérien (comme la syrie l’affirme) soit par un missile à guidage laser ou infrarouge comme l’affirme la Turquie
Ce chipotage sur la méthode utilisée pour toucher le Phantom a pourtant son importance. Car elle détermine la distance à laquelle l’avion se situait par rapport à ceux qui ont tirés ; un missile n’ayant pas la même portée qu’un canon anti-aérien. Et encore faudrait-il en connaitre le calibre et la méthode de guidage (tir à vue ou assisté par radar).
La Russie affirme que l’avion Turc
« testait » les défenses anti-aériennes syriennes. Ceci est loin d’être impossible. En tout point chaud de notre planète, et à l’aube d’un conflit possible, les défenses anti-aérienne ont toujours été « stressées » par l’adversaire afin de connaitre le niveau de préparation de son adversaire et d’anticiper par la suite ses réactions. Les Irakiens l’ont fait en 1990 avec plusieurs types d’appareil durant Desert Shield, les Russes sont coutumiers du fait en faisant des passages réguliers proche des frontières nord du continent américain, au-dessus de l’Europe, ou encore en s’approchant au plus près des groupes de porte avion américains. Les américains prétextent souvent des exercices internationaux pour s’approcher des frontières nord coréennes ou chinoises. Nous le voyons donc, c’est courant et pratiqué par nombre de pays. C’est un jeu qui comporte néanmoins des risques, comme nous l’avons vu vendredi dernier, bien que l’intention de la mission ne soit pas officiellement connue.
Et c’est bien là le malaise, car au vu de la réaction des capitales occidentales, prenant le geste de Damas comme d’une provocation, alors qu’il est maintenant quasiment certain que l’avion Turc a bel et bien pénétré l’espace aérien syrien (pendant 3minutes disent les turc, ou 5 comme l’avance les Syriens). Dans un contexte aussi tendu qu’est celui de la Syrie aujourd’hui, il est plus que naïf de vouloir accuser les syriens d’agression alors qu’ils n’ont fait que se défendre. Certes, d’autres moyens d’intimidation auraient pu être utilisés, et très certainement que les opérateurs de la batterie sol-air en question ont eu le doigt un peu lourd sur la gâchette, mais ils auraient tout à fait pu se sentir agressés, et avoir agi en conséquence. Rappelons-nous de l’épisode où, non loin de là, au sud-liban où des opérateurs français de mistral on fait preuve de beaucoup de sang froid, alors que des F15 Israéliens simulaient des attaques aériennes, cherchant sans doute l’incident diplomatique.
C’est peut-être aujourd’hui ce qui est en train de se passer sous nos yeux, ou l’agresseur devient l’agressé, et où il devient important que chaque journaliste fasse consciencieusement son travail pour éviter de faire le jeu de ceux qui veulent que les médias prennent parti afin de préparer l’opinion à quelque chose qui n’est pas souhaitable, comme l’a été la seconde campagne irakienne de 2003, reconnue désormais internationalement comme basée sur un mensonge.
sources:
europe1
liberation