De source sure, l’armée de l’air étudie la possibilité, d’ici la fin de l’été de déployer des Mirage 2000N pour la mission de permanence opérationnelle.
Après avoir pesé le pour et le contre, je me décide à vous livrer l’information qui sera de toute façon connue tôt ou tard si l’armée de l’air décide de franchir le pas. Car si c’est le cas, la presse sera forcément au courant. Est-ce que l’information sera traitée de la manière qu’il convient, c’est une autre histoire. Je tiens ici mon premier cas où la déontologie met mon action sur la balance, car touchant à la défense de notre nation. Mais la balance a penchée.
Conséquence du retard de la mise en service du rafale, un rétrofit non prévu d’une trentaine de mirage 2000 RDM en -5 pour l’armée de l’air, et la mise en service d’une version de base du rafale, le F1, pour la marine, afin que ces deux armées puissent disposer d’un moyen crédible
pour assurer la défense aérienne.
En plus du retard de la mise en service de l’avion, conséquence plus ou moins directe de la fin de la guerre froide et de la dissolution des crédits dévolus à l’armée, le rafale est aussi rentré des les inventaires de l’armée de l’air et de la marine au compte goûte. Ceci n’est pas une mauvaise chose pour assurer un plan de charge suffisant pour laisser survivre notre industrie aéronautique suffisamment longtemps pour attendre un éventuel contrat export, garder des compétence, et par là même, à sauvegarder des crédits équipement pour d’autres programmes.
Seulement, comme l’a montré le conflit en Libye, l’armée de l’air use au maximum du potentiel de ses vieux avions en parc pour, entre autre, économiser le potentiel de ses nouveaux avions dont aucun successeur n’est à l’étude.
Pour en revenir à la permanence opérationnelle, il serait tentant mais risqué d’affirmer que le 2000N soit utilisé pour de la PO dans ce but. Quoi qu’il en soit, le rétrofit des mirages 2000D, visant à le doter du radar RDY-3 et de missiles mica, pour en faire quelque chose de comparable au -9, n’est toujours pas à l’ordre du jour. Les -5 sont peu nombreux et la disponibilité de la flotte des 2000C n’est pas au mieux. La réalisation de la mission de dissuasion nucléaire aéroportée par l’escadron Aquitaine sur Rafale air rend le 2000N de plus en plus obsolète dans ce rôle, surtout en regard des capacités du Rafale. Les 2000D étant encore très capables dans leurs mission d’assaut, et très utilisés, que ce soit en Afghanistan ou dernièrement en Libye, le 2000N apparaît comme le candidat tout désigné pour une mission qu’on pourrait croire secondaire. On le voit, il n’y a plus beaucoup de gras dans l’armée de l’air.
La mission de permanence opérationnelle, c’est 99% de police aérienne. C’est s’assurer du respect des interdictions de survol de certaines parties du territoire, assister les avions civils en cas de panne de transpondeur ou de radio, remettre sur le droit chemin des avions civils ou Ulm perdus qui “s’infiltrent” par mégarde dans des zones protégées ou encore, escorter des parapentes…
Un mirage 2000N est tout à fait suffisant pour assurer ce rôle. Ce qui est très dommageable par contre, c’est pour ce petit 1% restant; risque minime s’il en est, mais réel -sans quoi la PO n’existerait pas- ce risque qui voudrait qu’un avion puisse se montrer aussi menaçant pour provoquer une attaque du type 11 septembre, ou autre, le 2000N apparaît être bien moins moins loti pour faire face à ce genre de menace.
En effet, au niveau de son armement, l’avion ne possède pas de canon interne, très utile pour un éventuel coup de semonce. Et qu’on me contredise si ce n’est pas vrai, mais à ma connaissance, l’emport d’un pod canon n’est pas prévu pour le 2000N. Son seul armement anti-aérien consiste en une paire de Matra Magic 2 d’auto-défense, d’une portée inférieure à 15km. Aucun missile moyenne portée donc, même si son emploi dans le cadre d’un traitement de la menace durant un PO paraît très improbable, mais pas impossible. De toute façon, le radar n’est pas fait pour traiter de la menace aérienne et ne voit pas très loin. Son but est de faire de la cartographie et de permettre le suivi de terrain automatique.
Autre problème inhérent au Mirage 2000N, sa vitesse limitée. Lors d’une pénétration en TBA, nul besoin d’une vitesse supersonique élevée en haute altitude. Le moteur et le mécanisme des souris mobiles présentes sur les entrées d’air ont été retirées. Elles permettent, en avançant et reculant d’influer sur les perturbations dues à l’onde de choc provoquée par le dépassement du mur du son. Sans ces souris mobile, la vitesse du 2000N est limitée entre Mach 1,3 et Mach 1,5 selon les sources. Même si encore une fois, l’utilisation d’une vitesse de pointe élevée proche de Mach 2 pendant la mission de la PO est peu probable, ce léger handicap en reste un.
Le mirage 2000N n’est donc pas vraiment l’outil idéal dans cette mission, preuve que l’armée de l’air est toujours en train de jongler avec les moyens qu’on lui donne. Si la défense n’est pas une variable d’ajustement budgétaire comme le répètent souvent les politiques, force est de constater qu’elle n’a pas échappée à des coupes; et bien qu’elle possède encore un bel outil permettant une intervention de premier ordre comme en Libye, le réveil est souvent dur.
4 Comments
Dany84
je ne connait rien aux mirages 2000, mais je les croyait aussi versatile que les différente version du F/A-18 Hornet…
Mais, vous les francais, a la différence de nous au Canada, avez un chasseur moderne et efficace, testé au combat, le rafale, pour remplacer vos mirages. Ici, ont a des avions de papier (F-35A) dont personne ne connait le potentiel…
allez bon vol
Bruno
Ce n'est pas très compliqué
Il y a eu d'abord le Mirage 2000 C (pour chasse) emport de différents missiles, et attaque au sol très limité. Sa version biplace le mirage 2000 B, qui sert à l'entrainement.
Ensuite est sortie la version N pour Nucléaire. Equipé d'un radar de suivi de terrain, sa mission n'est que de pénétrer en profondeur dans le territoire adverse et emporte l'ASMP missile nucléaire de moyenne portée. Il a été modernisé afin de pouvoir emporter des armements conventionnels par la suite.
Il y'a eu ensuite le Mirage 2000 D (pour diversifié) capable d'emporter tout un panel d'armements air-sol et dédié au strike. Mais incapable, comme le N de faire du tire de missile moyenne portée.
Ensuite, à la fin des années 80, Dassault a produit le -5 (à cause des 5 écrans multifonctions l'équipant) mais le gros changement est un nouveau radar multimode, et la possibilité de tirer les nouveaux missiles MICA, l'équivalent français de l'Amraam. Puis le -9, petit frère du rafale et évolution du -5, permettant de remplir à peu près toutes les missions demandées à un chasseur moderne.
Voilà pour le (très) bref résumé.
Dany84
si je comprend bien, celui que je voit le plus souvent est un 2000D-5, car le 2000D-9 est actuellement disponible en très petit nombre.
Merci pour ce résumé du rafale 2000.
Bruno
Le mirage 2000D est une version à part, le -5 est plutôt une évolution du C
dans l'ordre
Mirage 2000C chasse
Mirage 2000B entrainement
Mirage 2000N dissuasion nucléaire
Mirage 2000D Attaque au sol
Mirage 2000-5 chasse, avec nouveau système d'arme
Mirage 2000-9 Multirole, évolution du -5 avec ajout missions air-sol
Les premières versions du 2000C sont arrivés au terme de leur potentiel, les premières versions des moteurs, les M53 étant arrivés au terme de leur durée de vie. Une partie des avions ont été vendus au Brésil.
Les 2000N, dont 75 exemplaires ont été acquis, et déjà 25 retirés du service car déjà remplacés en partis par un escadron de rafale, l'Aquitaine, dédié à la dissuasion nucléaire (mais participant à d'autres missions)
les 2000D, achetés à 86 exemplaires sont les plus récents équipant l'armée de l'air. Ce sont eux qui doivent être modernisés dans le but d'harmoniser leurs standards (c'est une cacophonie), et de leur donner une capacité qui en feront des avions proche des capacités des -9
Les 2000-5 étaient des avions proposés pour l'export. A la base, les 2000C devaient être remplacés par des rafales dans les années 90. Puis a la fin de la guerre froide et du glissement des crédits, causant des retard dans les grands programmes, l'armée de l'air a fait rétrofiter une trentaine de 2000C en -5
Les 2000-9, quand à eux, n'ont été vendus qu'à l'export. C'est la version qui équipe les EAU notamment, qui veulent les remplacer les des rafales.