Vendredi 5 mai dernier, ont eu lieu les cérémonies de mise en sommeil du 348e Escadron de Reconnaissance Tactique et du retrait du service actif du Mc Donnell Douglas RF-4E Phantom II sur la base de Larissa au sein de la 110e Escadre de Combat de l’armée de l’Air grecque ou HAF (Hellenic Air Force). L’un de nos collaborateurs, qui était de passage dans la région, en a profité pour nous faire quelques clichés que vous trouverez en illustration de cet article, en plus de ceux fournis par la force aérienne.
Le chef des forces armées grecques, l’Amiral Evangelos Apostolakis (HN) et le chef de l’armée de l’Air grecque le Général de corps aérien Christos Christodoulou ouvrirent les cérémonies avec leurs discours. Parmi les personnalités présentes, on notera le Général de corps aérien Georgios Blioumis, chef de la force aérienne tactique grecque, le Commandant de la 1ère armée, le Général de corps d’armée Dimokritos Terzakis, la secrétaire particulière du ministre de la défense Kalliopi Papaleonida, des officiers de haut rang de l’armée de l’Air grecque, des délégations des forces armées et de sécurité grecques, les chefs honoraires de l’état major des forces armées grecques, l’armée de l’air grecque, la force aérienne tactique grecque, des représentants des communautés politiques et religieuses locales, du personnel actif et retraité de la force aérienne grecque ayant servi au sein du 348e ERT, ainsi qu’une grande quantité d’invités civils.
Avec le retrait des RF-4E de l’inventaire de l’HAF, seules l’IRIAF (Islamic Republic of Iran Air Force ou armée de l’Air de la République Islamique d’Iran) et la JASDF (Japan Air Self Defense Force ou Force Aérienne d’Auto-Défense Japonaise) mettent encore en œuvre cette version de reconnaissance du célèbre Phantom II.
La HAF conserve encore, pour peu de temps, ses F-4E, qui ont d’ailleurs fait une apparition au Tactical Weapon Meet organisé à Florennes du 5 au 16 juin à l’occasion des 100 ans du 1er Escadron “Stingers” de la composante air de l’armée belge. L’IRIAF met aussi en œuvre des versions D & E en plus des RF-4E, héritées du temps du Shah, la force aérienne turque (THK = Türk Hava Kuvvetleri) des F-4E 2020 Terminator (mise à niveau effectuée par Israel Aircraft Industries similaire à celle effectuée sur les Kurnass 2000 de l’Israël Air Force ou Kheil HaAvir), la force aérienne de la République de Corée (ROKAF = Republic of Korea Air Force) la version E, et la Force Aérienne d’Auto-Défense Japonaise aussi la version E au côté de la version reco RF-4E.
348 Μοίρα Τακτικής Αναγνώρισης – 348e Escadron de Reconnaissance Tactique
Le 348e ERT est l’un des plus anciens et des plus historiques escadron de l’HAF et le seul en charge de la reconnaissance tactique. Son histoire remonte au début des années 1950, lorsque la Grèce est devenue membre à part entière de l’OTAN en 1952. Concomitamment à cette entrée dans l’OTAN, l’armée de l’Air royale héllénique (RHAF ou Royal Hellenic Air Force) effectuait sa transition vers l’ère de la réaction en se rééquipant avec des Lockheed T-33 et des Republic F-84G en 1953.
Le 26 novembre 1953, la nécessité d’une unité spécialisée pour la reconnaissance tactique et la collecte de renseignements et d’informations, en raison de la montée en puissance des pays voisins, conduisit à la création de la 348e Escadrille de Reconnaissance Tactique avec des pilotes de Supermarine Spitfire et de Curtiss SB2C Helldiver, issus respectivement des escadrons 225 et 226. Les techniciens du 335e Escadron de la 112e Escadre de Combat basée à Eleusis ont équipé certains Republic F-84 G Thunderjet d’une caméra photo à balayage vertical dans le réservoir de saumon d’aile gauche, suivant les instructions de l’USAF suite à l’expérience de cette dernière en la matière lors du conflit coréen. Le premier commandant de cette escadrille fut le lieutenant Alexandros Papanikolaou.
Le 5 juillet 1954, l’escadrille sera redéployée sur la base de Larissa ou elle intégrera la 110e Escadre de Combat. La même année, le Centre Photographique Aérien Commun a été mis en place à Larissa. Au vu des résultats satisfaisants de l’escadrille dans ses missions photos, les USA décident de commencer la livraison d’un appareil spécialisé pour la reconnaissance, le Lockheed RT-33A. Cet appareil est en fait un T-33A monoplace avec des caméras dans son nez modifié, et les équipements radios et électroniques en place arrière. L’arrivée des RT-33A coïncidera avec le retrait des derniers F-84G. Le 5 mai 1955, l’escadrille qui a acquis le statut d’escadron, est complètement transformée sur RT-33A et est devenu membre à part entière des forces de reconnaissance de l’OTAN.
En août 1956, ces appareils commencent à être remplacés par le nouveau Republic RF-84F Thunderflash. L’armée de l’Air royale hellénique fut la première force aérienne de l’OTAN à s’en porter acquéreur. La première mission photo opérationnelle fut effectuée le 6 août 1956. Les RT-33A furent progressivement retirés du service à partir de cette date et donnés à l’armée de l’Air française, le dernier en 1957, qui les exploitera au sein de la 33e Escadre de Reconnaissance, alors basée à Cognac avant de déménager sur Strasbourg en 1964 et où ils serviront jusqu’en mai 1982.
L’emploi du Thunderflash a permis à la RHAF d’accéder à la première place dans l’effort pour atteindre la capacité opérationnelle au sein de l’OTAN. Les nouveaux avions étaient équipés de trois caméras dans la partie avant pour la conduite des missions de jour. Ils étaient capables de photographier des cibles de façon indépendante ou même avec des chevauchements couvrant des zones d’horizon à horizon en pouvant faire usage de trois caméras simultanément, en images haute résolution. En matière d’autodéfense, l’appareil était armé de quatre mitrailleuses Colt-Browning de calibre 0.50. Le Thunderflash a été un pionnier de son époque et obtenu de bons rendements opérationnels en raison de son équipement sophistiqué et d’excellentes performances. En décembre 1956, l’escadron sera déployé sur la base de Nea Aghialos ou est stationnée la 111e Escadre de Combat, en raison des travaux entrepris sur la base aérienne de Larissa, et ce jusqu’en Septembre 1957, quand il sera redéployé à Larissa où il opérera jusqu’à nos jours.
Le chapitre le plus important de l’histoire du 348e ERT s’ouvrira à l’automne 1978 avec l’acquisition et la mise en service du McDonnell RF-4E Phantom II et le retrait progressif des RF-84F. Le premier Phantom, le s/n 77-1761 se posera à Larissa le 3 novembre 1978 à l’issue d’un voyage de trois jours en provenance de Saint Louis dans l’état du Missouri, siège de la division militaire du constructeur.
Le 17 octobre 1978 fut créée une escadrille en charge de la formation des pilotes et des techniciens sur la nouvelle monture. Cette escadrille deviendra pleinement opérationnelle le 12 juillet 1979 avec huit Phantom nouvellement arrivés. Il est intéressant de noter que cette escadrille restera autonome sous le contrôle de la 100e Escadre de Combat et sera en charge de la formation de tous les pilotes de Phantom (RF-4E & F-4E) de l’armée de l’Air grecque. Elle ne fusionnera avec le 348e ERT qu’en juillet 1987. A partir de cette date et jusqu’en mars 1991, l’escadron opérera conjointement les deux appareils, RF-4E et RF-84F au sein des deux escadrilles, avec la tâche de mener à bien des reconnaissances photographiques de jour comme de nuit. Le 29 mars 1991, après 35 ans de bons et loyaux services, les RF-84F seront retirés du service actifs. Une page se tourne pour le 348e ERT!
Les années suivantes voient la perte de 3 Phantom et la flotte appauvrie laisse tout juste à peine de quoi constituer une escadrille et ce malgré les efforts inlassables des équipes au sol de techniciens qui ont maintenu la disponibilité de ces appareils à un niveau très élevé. Suite à l’effondrement de l’URSS en 1989, la fin de la guerre froide en 1990, suivie du démantèlement des forces armées conventionnelles du Pacte de Varsovie en Europe, la Luftwaffe cédera en 1991 27 RF-4E qu’elle retirera de son inventaire. Les premiers appareils arrivant sur la base aérienne de Tanagra en mai 1993 et les derniers en juillet 1994. Sur les 27 appareils reçus, 20 seront mis en service et les 7 derniers seront gardés pour pièces de rechange. Bien que les appareils allemands n’aient pas été équipés de récepteur d’alerte radar (RWR) ni capables de tirer un missile air/air Sidewinder, la force aérienne grecque réussi à surmonter ces handicaps et aligna une flotte de reco de Phantom digne de ce nom. Le point culminant de l’unité fut l’année 2003 quand elle se vit confier une nouvelle mission, la reconnaissance électronique avec le conteneur ASTAC, fabriqué par Thomson CSF devenu Thales, permettant l’écoute des ondes radars et de communication (ELINT + COMINT).
Missions
Le 348e ERT avait pour tâche de mener des reconnaissances régulières au bénéfice des trois branches des Forces armées afin de recueillir des informations de jour comme de nuit et par tous les temps. En outre, il effectuait des missions pour les services et les acteurs sociaux tels que les photos aériennes de feux, d’établissements, de paysages, etc. Il effectuait également des missions générales de guerre électronique et de collecte d’informations électroniques (SIGINT) pendant les périodes de paix, de crise et de guerre.
Retour en images sur “La fin du film” du “Phabulous Phatom Phorever”, version reconnaissance héllène et du 348 MTA après 181 000 heures de vols depuis 1953, dont 1 400 sur F-84G, 1 600 sur RT-33A, 80 000 sur RF-84F et enfin 98 000 sur RF-4E !
2 Comments
Lefrançois
The Phantom is a living proof that with enough power, even a brick can fly
guerre du vietnam pour 1mig abattu plus de 3 descendus.
Sylvain PASSEMAR
Merci pour le reportage et les photos.
Le F4, quel magnifique avion.