Exclusif : 10 Mirage 2000 pour une séance shooting à 40 000 pieds !

Il est des souvenirs qui restent à jamais gravés dans la mémoire. Des évènements auxquels on participe et dont on peut dire « j’y étais ! ». Jean-Patrick Vermare fait partie de cette race de veinard qui était au bon moment au bon endroit. Nous vous invitons à découvrir cette incroyable série de clichés exceptionnels de cette dizaine de Mirage 2000 C de l’Armée de l’Air française.

Après 24 années de sa vie passée au service de l’Armée de l’Air en tant que contrôleur de la circulation aérienne, Jean Patrick a eu l’occasion de réaliser quelques vols. et son talent de photographe est reconnu. C’est ainsi qu’il s’est vu proposé une mission incroyable, celle de réaliser le shooting photo réunissant 10 Mirage 2000 C en vol ! Ce sera certainement une dernière, car l’avion arrive sur la fin de ses jours, après près de 30 ans de bons et loyaux services, et seule l’escadre de chasse 2/5 Ile de France en est encore équipé. Ce sera également un des dernier vol de Jean-Patrick, puisque cette séance photo sera réalisée peu de temps avant sa retraite de l’armée… Il aura quitté l’armée quelques semaines plus tard.

C’était en mai 2014, à 12 km au-dessus de la France. Jean Patrick nous raconte :

Ce projet photo datait de quelque temps déjà, puisqu’au moment de l’anniversaire de l’escadron la manip avait déjà été montée pour une photo en retour de COMAO (1), mais pour des raisons de casse avion elle n’avait pas eu lieu…

1: COMposite Air Operation, missions combinant plusieurs dizaines d’avions d’attaque, d’escorte, de renseignement, etc.

Le départ pour Zara était donc une belle opportunité (2). La disponibilité était de 11 avions il ne fallait donc pas que ça merde, surtout que la MTO n’était pas au top. Tout en réalisant nos missions quotidiennes, les mécaniciens de l’ESTA ont réussi le tour de force de faire voler les onze appareils ! Le but était de décoller en 4+4+3 de rassembler dans les zones d’Orange et de shooter en route vers Zara ( une heure de briefing sans temps mort…).

2 : l’escadron se prépare à une campagne de tir sur la base aérienne de Solenzara en Corse, passage obligé pour tous les escadrons de l’armée de l’air, durant lesquels les pilotes obtiennent leurs qualifications.

Les avions se réveillent sous une météo maussade… Mais pour un avion de combat, il fait beau tous les jours. Suffit juste d’aller chercher le soleil si celui ci ne veut pas venir à lui !

 Pas de casse avion à la mise en route, décollage on time et donc on se retrouve au FL 405 (3) (obligé de monter à cause de la couche nuageuse..) en route vers zara. Avec mon pilote du jour, on avait prévu d’orbiter autour de la patrouille dans les trois dimensions et on réglait à la radio les alignements (ancien de la PAF en leader et dans mon avion, ça aide !!!).

3 : Flight Level 405, soit 40 500 pieds, ou environ 12 350 mètres

Pendant que les avions sont bichonnés par les techniciens, un briefing intense a lieu pour les pilotes.

 À savoir qu’à cette altitude sur le dos ça dégrade beaucoup (4), c’est pour cela que les barriques sont “larges” pour passer correctement et sans risque au-dessus de la patrouille.

4 : en volant sur le dos, l’angle d’attaque (négatif) est encore plus important pour maintenir le vol. Or, la densité de l’air à cette altitude rend l’avion moins maniable, et le moteur moins puissant.

Lâché des freins… Top !

 Les contrôleurs militaires de Lyon étaient un peu surpris quand on leur a dit que la patrouille ne serait pas trop manœuvrante… une ligne droite de l’Ardèche jusqu’à la Corse ce n’est pas trop courant. Pas trop de temps pour apprécier le paysage la tête dans le viseur et puis voler en combinaison étanche (5) est vraiment désagréable (même pour les PN ) et empêche beaucoup les gestes en cabine. Mais j’ai quand même pu apprécier ces moments magiques et uniques. Quand j’étais sur le dos au-dessus d’une patrouille de 10 Mirage 2000 et à 15000 m d’altitude j’ai quand même bien kiffé !!!

5 : Lors du survol de zones maritimes, les pilotes enfilent une combinaison étanche, permettant de retarder l’hypothermie en cas d’éjection. Aussi appelé Glouglou, la combinaison étanche est épaisse, et le cockpit du 2000, étroit.

La couche est percée. en continuant à monter le ciel va s’assombrir, et la beauté du 2000 encore mieux se dégager du paysage.

Les avions, arrivant par box après le décollage, se rassemblent.

A cette altitude, au FL 405, notre patrouille ne dérange pas les liners qui croisent quelques centaines de mètres plus bas.

:”quand j’étais sur le dos…15 000m d’altitude, j’ai pris le temps (trop court bien sûr) de goûter à ce petit moment d'”éternité ” , point d’orgue d’une belle carrière dans l’AA

De l’importance du vol en patrouille serrée… Traverser une couche nuageuse sans jamais perdre de vue son coéquipier ! La confiance est importante, car le leader et les ailiers externes ne se voient pas forcément.

Après les dernières photos en patrouille,( dommage pour la couverture nuageuse, on aurait bien fait une photo avec l’ile de Corse en entier…) il est temps de commencer la descente sur la Corse, d’autant plus que les Italiens commencent à s’inquiéter de cette patrouille qui approche de leurs zones…. Séparation en box de 3 et 2 pour traverser la couche. Et une nouvelle foi, quelle sensation de sentir les ombres des équipiers à 1,5 m de nos ailes pendant la traversée des nuages, on touche à la perfection du vol…Sortie de couche sur la mer et après avoir rattrapé le deuxième box, break à 5 sur la base de Solenzara…. Merci au grand 2/5 pour ce vol inestimable….ICE

En attendant le retour de son site Internet, vous pouvez consulter ses photos sur la page Facebook de Jean Patrick, ICEPROD